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La jolie cité de Tessala El Merdja attend sa prochaine «guerre»

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  • La jolie cité de Tessala El Merdja attend sa prochaine «guerre»

    Le rêve de tout Algérien. De petits immeubles R+4, aux charmantes toitures rouge brique et aux lumineuses façades beiges et vertes.

    Des jardins avec des bancs, des palmiers et de la pelouse. Et surtout, beaucoup de calme. Bienvenue aux 1310 Logements, cité proprette de logements sociaux, au sud de Tessala El Merdja (Birtouta), à moins de 30 km au sud-ouest d’Alger en allant vers Boufarik. Pourtant, il y a un peu plus d’un an et demi, des affrontements, à coups de baïonnette, entre les jeunes de la cité et du quartier attenant, les Quatre chemins, ont fait un mort et plusieurs blessés. «Dix-sept mois et cinq jours», précise spontanément Karim*, un jeune sportif de 27 ans. Ses soupirs lourds en disent long sur les séquelles laissées par ces rixes.

    «Même les autorités n’ont rien pu faire. Si les fitnas, alimentées par ceux qui veulent que la situation dégénère, se sont arrêtées, c’est parce qu’un jeune de la commune, connu pour chercher la bagarre, est mort.» Trois accusés des 1310 Logements ont écopé de 20 ans de prison ferme, d’autres ont été sanctionnés de peines moins lourdes. «Mais les assassins sont dehors», affirme Karim sans vouloir en dire plus. Avec ses sept frères et sœurs et ses parents, ils vivent dans un F3 depuis 2010, date à laquelle ils ont quitté leur bidonville de Doudou Mokhtar de Hydra. «Les tensions persistent, lâche encore le jeune. Quand le marché qui sépare les deux quartiers sera transféré à l’intérieur des 1310 Logements, la guerre sera déclarée.»

    Le «marché», comme l’appellent les habitants de la cité, est en réalité un rassemblement informel de cinq camionnettes, cinq khedharine, qui sortent leurs cageots et occupent la rue toute la journée. Le seul lien entre les deux quartiers. Problème : les vendeurs ne sont pas de la cité, mais du quartier des Quatre chemins.

    Cohabitation

    A l’image de la majorité des habitants de Tessala El Merdja, ils sont arrivés des zones rurales de la région, d’où le surnom qui leur a été donné par ceux de la cité-dortoir, les Guebala. La cohabitation avec les nouveaux résidents, déportés de différents bidonvilles d’Alger comme ceux de Dergana, El Harrach, Zaâtcha, Belcourt, Staoueli ou de Doudou Mokhtar, comme Karim, est ensuite devenue difficile. «Parce que les élus locaux nous avaient promis que les nouveaux logements seraient attribués aux habitants de notre quartier ! Dans le souci d’amasser des voix dans l’électorat, ils ont instrumentalisé la question des logements sociaux, alors qu’ils n’en ont même pas les prérogatives, car la distribution relève de la responsabilité de la wilaya», s’emporte Abdesselam, la trentaine, rencontré dans une des ruelles des Quatre chemins.

    «Ils ont commencé par nous interdire le passage menant à la ville, via leur quartier, et embêter nos sœurs sur le chemin de l’école primaire et au CEM, se souvient Karim. Cela ne leur a pas suffi, ils ont ensuite envahi l’enceinte de la cité, ivres, en proférant des mots vulgaires. C’était de la provocation directe et nous n’avons répondu que pour défendre notre honneur.» Aujourd’hui, l’ambiance est encore très tendue. A tel point qu’il est impossible de filmer ou de prendre des photos. Les rares jeunes qui se trouvent dans la rue regardent de travers ceux qu’ils n’ont pas l’habitude de voir. «“Ils“ commencent à prendre le dessus», marmonne un vendeur de légumes en montrant un des habitants de la cité, un «lascar», venu lui prendre un cageot de tomates sans le payer.

    Pour ne pas dépendre des services existants dans le quartier des Quatre chemins, les résidents de la cité des 1310 Logements ont demandé aux élus locaux à ce que soit construite une polyclinique, une mosquée et que soit mise en place une ligne de bus reliant Alger et leur cité. Car la ligne existante mène… aux Quatre chemins. Ils revendiquent aussi une salle omnisports, malgré l’existence d’une salle équipée à quelques mètres seulement de leur quartier. «Je n’y vais plus, confie Karim. Car même à l’intérieur, les jeunes ne se retrouvent pas pour faire du sport, mais pour picoler et fumer du shit, juste pour embêter. C’est inévitable, tout ça va recommencer.»

    *Les prénoms ont été changés

    Meziane Abane-El Watan
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