Un célèbre chroniqueur algérien a jugé « fantasque de s’émouvoir, à partir d’Abuja, sur le sort des Sahraouis », quand, à Alger, « on vient de jeter en prison un blogueur pour caricatures dérangeantes, prisons qui, du reste, regorgent d’Algériens incarcérés pour velléités protestataires ».
« J’y ai vu des hommes respectables incarcérés pour avoir choisi le mauvais camp durant la campagne électorale, j’y ai vu des militants berbéristes ou de simples fils du peuple, sans opinion politique, incarcérés pour avoir exhibé leur mécontentement devant la gestion chaotique de leur cité et qu’on a préféré enfermer plutôt qu’écouter », s’est indigné l’écrivain et journaliste Mohamed Benchicou dans une chronique publiée par le journal électronique « TSA » sur le discours du président algérien Abdelaziz Bouteflika à une réunion de soutien à la pseudo-rasd.
Et de poursuivre: « Ces pauvres gens, démunis d’espoir et de moyens, fils d’une Algérie injuste, arrivaient par cohortes entières à la prison, dépenaillés, ébaubis, surpris de tant de sévérité pour quelques minutes de colère, stupéfaits qu’on leur refuse le droit de râler dans un pays où le droit à l’expression est pourtant garanti par la Constitution ».
« Les juges les frappent généralement de lourdes peines, moins pour délit de mauvaise humeur que pour l’exemple : le pouvoir politique tient à tuer dans l’œuf les embryons de contestation populaire. Ils séjournent quelques mois ou quelques années dans des cellules insalubres et en ressortent plus désespérés que jamais », a encore relaté cet ancien prisonnier politique.
Selon lui, « le plus grotesque est que le discours d’Abuja était lu par celui-là même qui couvre ces atteintes à la dignité humaine : le ministre de la Justice, Tayeb Louh, un proche de Bouteflika connu plus pour ses intrigues que pour ses compétences ».
« J’imagine qu’il a dû sangloter en évoquant le calvaire des jeunes sahraouis, pendant que son administration signait des billets d’écrous de dizaines d’Algériens, chômeurs ou opposants, qui ont eu l’impudeur de râler contre le règne du clan qui dirige le pays », a ironisé Mohamed Benchicou.
L’écrivain a tiré à boulets rouges sur la gouvernance de son pays: « La consécration du pyjama en tant qu’uniforme institutionnel a d’ailleurs été constatée la semaine dernière par un confrère vigilant qui a surpris le président de la république, en violation des nouvelles règles vestimentaires de la gouvernance algérienne auxquelles nous commençons à être habitués, en costume-cravate ».
« Et puis, dans Alger capitale de la pantomime, l’habit fait le moine et même le patrimoine ! C’était depuis que notre président travaille en pyjama qu’on n’entend plus parler des poursuites judiciaires contre les ministres délinquants. C’est à peine si quelques-uns parmi nous ont souvenance d’un vague ministre du pétrole recherché par la justice italienne et par Interpol pour avoir, le bienheureux, collectionné, durant les dix dernières années, propriétés dans l’Etat du Maryland et placements bancaires. C’est dire le changement de style ! », s’exclame Benchicou.
Et de constater: « C’est pourquoi, petits et grands voleurs militent pour la gouvernance en pyjama pour cinq autres années, le temps que les amis se fassent oublier. Pour l’heure, avec Tayeb Louh à la Justice, celui du discours déchirant d’Abuja, les voleurs ne risquent rien. Mais avril, avec les temps qui courent, c’est demain ! Et il faut répéter à ceux qui ont la mémoire courte et les dents longues, que la gouvernance en pyjama a encore de beaux jours devant elle et qu’un parrain protecteur en peignoir ou en pyjama vaut mieux que l’adversaire en costume-cravate ».
« Bien entendu, l’élection de Bouteflika pour le quatrième mandat sera transparente et totalement démocratique. C’est ce que vient de promettre l’autre Tayeb du gouvernement, Belaïz, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, qui vient de refuser la demande des partis de l’opposition de confier la mission d’organisation des présidentielles à une commission indépendante », lance l’écrivain, dépité.
Fondateur du journal « Le Matin », ancien quotidien indépendant, Benchicou publie, en février 2004, en Algérie et en France une biographie, un livre critique sur le président algérien Bouteflika, « Une imposture algérienne ».
Quatre mois plus tard, il est incarcéré pour une peine de deux ans sur plainte du ministère des Finances pour « infraction régissant le contrôle des changes et les mouvements des capitaux », après avoir été interpellé en août 2003 à l’aéroport d’Alger en possession de « bons de caisse ». Benchicou est libéré le 14 juin 2006 de la prison d’El Harrach à Alger.
Pendant son incarcération, les journalistes du monde entier se mobilisent pour demander sa libération, son emprisonnement ayant été considéré comme une tentative de le faire taire. Le 29 mars 2006, il obtient le prix PEN qui rend hommage aux journalistes emprisonnés pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression. Pendant son incarcération, le quotidien « Le Matin » est fermé.
Quid.ma
« J’y ai vu des hommes respectables incarcérés pour avoir choisi le mauvais camp durant la campagne électorale, j’y ai vu des militants berbéristes ou de simples fils du peuple, sans opinion politique, incarcérés pour avoir exhibé leur mécontentement devant la gestion chaotique de leur cité et qu’on a préféré enfermer plutôt qu’écouter », s’est indigné l’écrivain et journaliste Mohamed Benchicou dans une chronique publiée par le journal électronique « TSA » sur le discours du président algérien Abdelaziz Bouteflika à une réunion de soutien à la pseudo-rasd.
Et de poursuivre: « Ces pauvres gens, démunis d’espoir et de moyens, fils d’une Algérie injuste, arrivaient par cohortes entières à la prison, dépenaillés, ébaubis, surpris de tant de sévérité pour quelques minutes de colère, stupéfaits qu’on leur refuse le droit de râler dans un pays où le droit à l’expression est pourtant garanti par la Constitution ».
« Les juges les frappent généralement de lourdes peines, moins pour délit de mauvaise humeur que pour l’exemple : le pouvoir politique tient à tuer dans l’œuf les embryons de contestation populaire. Ils séjournent quelques mois ou quelques années dans des cellules insalubres et en ressortent plus désespérés que jamais », a encore relaté cet ancien prisonnier politique.
Selon lui, « le plus grotesque est que le discours d’Abuja était lu par celui-là même qui couvre ces atteintes à la dignité humaine : le ministre de la Justice, Tayeb Louh, un proche de Bouteflika connu plus pour ses intrigues que pour ses compétences ».
« J’imagine qu’il a dû sangloter en évoquant le calvaire des jeunes sahraouis, pendant que son administration signait des billets d’écrous de dizaines d’Algériens, chômeurs ou opposants, qui ont eu l’impudeur de râler contre le règne du clan qui dirige le pays », a ironisé Mohamed Benchicou.
L’écrivain a tiré à boulets rouges sur la gouvernance de son pays: « La consécration du pyjama en tant qu’uniforme institutionnel a d’ailleurs été constatée la semaine dernière par un confrère vigilant qui a surpris le président de la république, en violation des nouvelles règles vestimentaires de la gouvernance algérienne auxquelles nous commençons à être habitués, en costume-cravate ».
« Et puis, dans Alger capitale de la pantomime, l’habit fait le moine et même le patrimoine ! C’était depuis que notre président travaille en pyjama qu’on n’entend plus parler des poursuites judiciaires contre les ministres délinquants. C’est à peine si quelques-uns parmi nous ont souvenance d’un vague ministre du pétrole recherché par la justice italienne et par Interpol pour avoir, le bienheureux, collectionné, durant les dix dernières années, propriétés dans l’Etat du Maryland et placements bancaires. C’est dire le changement de style ! », s’exclame Benchicou.
Et de constater: « C’est pourquoi, petits et grands voleurs militent pour la gouvernance en pyjama pour cinq autres années, le temps que les amis se fassent oublier. Pour l’heure, avec Tayeb Louh à la Justice, celui du discours déchirant d’Abuja, les voleurs ne risquent rien. Mais avril, avec les temps qui courent, c’est demain ! Et il faut répéter à ceux qui ont la mémoire courte et les dents longues, que la gouvernance en pyjama a encore de beaux jours devant elle et qu’un parrain protecteur en peignoir ou en pyjama vaut mieux que l’adversaire en costume-cravate ».
« Bien entendu, l’élection de Bouteflika pour le quatrième mandat sera transparente et totalement démocratique. C’est ce que vient de promettre l’autre Tayeb du gouvernement, Belaïz, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, qui vient de refuser la demande des partis de l’opposition de confier la mission d’organisation des présidentielles à une commission indépendante », lance l’écrivain, dépité.
Fondateur du journal « Le Matin », ancien quotidien indépendant, Benchicou publie, en février 2004, en Algérie et en France une biographie, un livre critique sur le président algérien Bouteflika, « Une imposture algérienne ».
Quatre mois plus tard, il est incarcéré pour une peine de deux ans sur plainte du ministère des Finances pour « infraction régissant le contrôle des changes et les mouvements des capitaux », après avoir été interpellé en août 2003 à l’aéroport d’Alger en possession de « bons de caisse ». Benchicou est libéré le 14 juin 2006 de la prison d’El Harrach à Alger.
Pendant son incarcération, les journalistes du monde entier se mobilisent pour demander sa libération, son emprisonnement ayant été considéré comme une tentative de le faire taire. Le 29 mars 2006, il obtient le prix PEN qui rend hommage aux journalistes emprisonnés pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression. Pendant son incarcération, le quotidien « Le Matin » est fermé.
Quid.ma
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