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Dans une Algérie en crise, le Maroc sert d’éternel catharsis

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  • Dans une Algérie en crise, le Maroc sert d’éternel catharsis

    Pour mieux gouverner, rien ne vaut la parade de l’ennemi extérieur pour distraire la foule. Heureusement qu’il y a internet et les réseaux sociaux où les Algériens peuvent découvrir la réalité et juger d’eux-mêmes.Dans une Algérie en crise, le Maroc sert d’éternel catharsis


    Cela fait des décennies que l’Algérie rame à contre-courant et elle persiste dans une espèce de fuite en avant qui reste, pour ses gouvernants, la seule et ultime solution pour détourner les regards de l’opinion publique interne de la situation chaotique du pays.
    Le coup est classique : à chaque fois que les gouvernants algériens sentent l’approche de l’explosion du magma qu’ils ont fabriqué et sur lequel ils sont assis, ils ouvrent une petite soupape de secours latérale en jouant la carte usée de l’ennemi commun extérieur.
    Ces derniers jours, alors que l’Etat algérien se faisait humilier sur la scène européenne après le blâme officiel des Eurodéputés sur la question des droits de l’homme et des libertés, le Maroc, lui, obtenait les félicitations et l’appui de la communauté internationale sur les mêmes questions. On en convient, la pilule est amère pour nos voisins surtout qu’elle vient après une série d’échecs diplomatiques cuisants, notamment après la percée du Maroc sur la scène continentale, régionale et mondiale grâce à l’activisme de SM Mohammed VI. On comprend donc aisément la situation de désarroi de nos voisins. Et pour ne rien arranger, le président Bouteflika a estimé qu’il était encore frais et pimpant, et décide de rempiler pour un nouveau mandat qu’il va certainement attaquer avec tout le punch nécessaire.

    Avec tout cela donc, il fallait impérativement aux gouvernants un sujet de diversion. Et voilà que dans un exercice d’hypnotisme collectif inégalé, on arrive à braquer les regards de l’opinion publique algérienne sur la montée de la tension avec le Maroc. Non seulement cela, mais dans le sillage de leurs vociférations orchestrées et organisées, certains médias algériens en ont rajouté en faisant appel à leur intelligence pour élargir le champ de tir, en s’en prenant aux médias marocains et en les attaquant sur le registre de la liberté d’expression. Décidément, nos illuminés donneurs de leçons de voisins sont performants en matière d’apprentissage : alors même qu’ils voient comment leur Etat s’isole de plus en plus et accumule les erreurs en attaquant le Maroc sur un registre perdu d’avance, à savoir celui des droits de l’homme, des voix de la presse algérienne s’érigent en chantres de la liberté d’expression.

    Annonceur unique, distributeur unique, voix unique

    Mais ces voix avaient-elles vraiment autre choix que de s’aligner sur les «orientations-instructions» de leur Etat-providence ? Comment les médias peuvent-ils être libres alors qu’ils sont pris en tenaille par des entreprises de l’establishment au niveau de leur impression, de leurs recettes publicitaires et aussi de leur distribution. Car c’est bien la puissante Agence nationale de l’édition et de la publicité, aux mains des gouvernants, qui décide de la répartition des recettes de la publicité publique dans un pays où les plus gros annonceurs sont étatiques. Pour ce qui est de l’impression, c’est également une société publique d’impression qui centralise le tirage de la presse écrite algérienne. Quant à la distribution, elle est assurée toujours par des opérateurs sous le contrôle de l’Etat. Avec une telle épée de Damoclès, difficile de croire que la presse écrite algérienne traite librement tout ce qu’elle veut.

    Pourtant, c’est cette même presse qui se dit «très libre» qui ose l’exercice suicidaire de se comparer avec celle marocaine qui est aujourd’hui à ses antipodes. Au Maroc, Dieu merci, le choix de la liberté, tout court, a été fait depuis longtemps et appliqué. La liberté d’abord d’entreprendre y compris dans le domaine des médias et de la presse écrite ainsi que les activités connexes. Au Maroc, et contrairement à nos voisins de l’Est, nous parlons de presse écrite tout court sans devoir spécifier s’il s’agit de presse publique ou privée. Car, au Maroc, il n’y a pas de journaux de l’Etat, étant donné que ce dernier n’en a pas besoin. Au Maroc, la publicité est un marché de libre concurrence où les titres opèrent et obéissent à la loi de l’offre et de la demande sans ingérence ni de l’Etat ni de quiconque. Pour l’impression, les entreprises de presse que nous sommes opèrent dans un marché ouvert et libre où il n’y a que des opérateurs privés. Idem pour la distribution qui est aujourd’hui assurée par plusieurs entreprises privées et indépendantes.

    Point de tabous, depuis longtemps

    Ensuite, la liberté d’exprimer ses opinions et ses convictions. Pour ce qui est du contenu, la presse écrite marocaine a connu, depuis la fin des années 90, une ouverture du champ du débat public qui lui a permis de se positionner aujourd’hui comme une véritable force de proposition et de pression. Depuis longtemps, les tabous ont été levés chez nous. Les journalistes traitent les sujets, décortiquent en toute liberté les décisions publiques, analysent et commentent tous les événements de la scène nationale indépendamment des institutions qui y sont impliquées, à commencer par l’institution monarchique. Les faits, gestes et propos de SM le Roi, qui est le chef d’Etat, constituent de la matière riche à débat pour les éditeurs indépendants. Chacun, avec ses convictions, les décrypte, les analyse, les interprète et les critique librement dans le respect de l’éthique et la déontologie dus à tous. Le nombre de «unes» dont a fait l’objet le Souverain dans la presse écrite marocaine depuis son accession au règne est incalculable.
    Quand il s’agit de débattre de questions importantes et fondamentales comme la séparation des pouvoirs, leurs attributions ou encore le champ de libertés de la société civile, par exemple, les médias marocains, dont la presse écrite, font preuve depuis très longtemps d’une virulence qu’on supporterait mal chez notre voisin de l’est. La preuve, le président algérien a décidé récemment qu’il était en parfaite santé pour continuer à diriger le pays mais la quasi-majorité de la presse algérienne a préféré regarder ailleurs, plus précisément vers l’Ouest. Les médias algériens doivent faire preuve de dons de sorciers pour expliquer, ou plutôt falsifier certains faits à l’opinion publique algérienne. Elle devra chercher des argumentaires tout préparés par des prestataires «publics» pour convaincre les Algériens que le havre de paix qui est à l’Ouest n’est qu’une vue de l’esprit. Heureusement qu’il y a internet et les réseaux sociaux où les Algériens peuvent découvrir et juger eux-mêmes de la liberté de ton dont font preuve les médias marocains dans toute leur diversité et de la richesse du débat sans exclusion et sans censure. A moins que l’Etat algérien ne décide de créer une autre agence pour filtrer l’accès à la toile…

    Tahar Abou El Farah. La Vie éco
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