TSA - mardi, 12 novembre 2013 09:59
Le bloc notes de Ghani Gedoui
Bouteflika et les zaouïas, Sofiane Djillali et Benbitour
Ghani Gedoui
Bouteflika, le mystique La phrase est passée inaperçue du plus grand nombre…, y compris de la presse qui ne se focalise que sur ce qui fait vendre : les scandales, la corruption et la prétendue lutte impitoyable entre Bouteflika et Toufik, ainsi sont-ils qualifiés par les commentateurs, comme s'ils dînaient ensemble chaque jour.
C'est bien le seul pays au monde où il y a tant de familiarité sémantique entre ceux qui incarnent le pouvoir et la presse. Mais revenons à l'essentiel. Je disais donc que Sellal, à Adrar, si je ne m’abuse, a déclaré que des représentants de zaouias sont venus le voir pour lui faire part de leur grande inquiétude : "et si le président part qu'adviendra-t-il de nous", lui ont-ils confié, les mines plissées.
Et Sellal de les rassurer : "N'ayez aucune crainte, le président ne partira pas!" Et voilà les représentants des Zaouïas, heureux comme des derviches tourneurs qui ont tellement tourné qu'ils baignent dans la béatitude… Ceci nous amène à quoi? Mais voyons. A ceci : l'inquiétude des Zaouïas sur leur sort qu'ils lient à celui du président est un élément majeur qui nous renseigne sur la perception de Bouteflika par un segment important de la population de l'Algérie profonde : il est aimé, vraiment aimé par ceux qui sont étrangers aux intellectuels de salons algérois, ces opposants du dimanche qui croient représenter l'Algérie, alors qu'ils ne sont qu'une poignée en mal de reconnaissance par l'ancienne puissance coloniale.
Ce que je veux dire, et cela n'a jamais été dit à mon avis, est que Bouteflika connaît ce qu'on pourrait appeler l'âme algérienne, cette âme que nul ne pourrait comprendre s'il n'a ses racines plongées dans la terre, dans la mémoire, dans les luttes, en un mot, comme en mille, dans l'histoire de notre pays.
Cette passion des Zaouïas, cette quête de spiritualité et de mysticisme de Bouteflika ne date pas d'hier, ce n'est pas une posture électorale de l'homme politique qui veut brasser large, non, Bouteflika est ainsi. C'est un soufi par éducation et par choix de vie ! Ainsi, même quand il était le brillant ministre des Affaires étrangères aux cheveux longs et à l'œil bleu qui faisait chavirer bien des cœurs sur la scène internationale, Bouteflika baignait dans le mysticisme. Il pratiquait l'alternance chère à Montherlant : à chaque moment du jour, une partie de nous-mêmes différente des autres parties. C'est ainsi, et contrairement à ce qu'on pourrait croire, Bouteflika n'a jamais bu une goutte d'alcool. C'est cet homme, habité par l'Algérie profonde, détesté par une partie de la presse et quelques chroniqueurs mondains, qui s'apprête à briguer un quatrième mandat. Je vote pour. Et vous?
Sofiane Djillali, l'imprécateur
Il ne représente rien sur l'échiquier politique. Rien, que lui-même. Et pourtant la presse, enfin une certaine presse, lui tend le micro avec une grande jubilation. C'est qu'avec lui, on est certain d'avoir son content d'outrances sur Bouteflika. C'est un peu l'histoire de la fourmi qui pince l'éléphant et qui s'étonne de son absence de réaction. Ceci dit, je trouve Sofiane Djillali, avec sa bouille d'instituteur insomniaque, fort sympathique. Et un peu ridicule avec sa manie de taper à mort sur le Président. Je sais bien que c'est pour se faire entendre et être visible qu'il est aussi agressif. Mais tout cela, qu'il nous le concède, est à la fois improductif pour lui et dangereux pour son image dès lors qu'il risque d'être positionné comme un excité agité. Et non comme un politicien constructif. Ceci dit, par des côtes, je le vois bien au FLN ou au RND.
Du coté contestataire évidemment. Il en a la mise et le regard de feu et aussi cette moue de déception qui traduit les échecs. De l'autre côté, je le vois bien tout près de Ghoul. Il a le même cheveu lisse et les mêmes gestes saccadés. Sans l'ambition présidentielle, car Ghoul ne pense qu'a ça. Il se voit en président. Et Djillali en ministre. Rien qu'un portefeuille présidentiel et il serait heureux et silencieux comme l'a été en son temps Mohand Said, séduit, puis abandonné.
Benbitour, un Sisyphe algérien
Il y a quelque temps, un diplomate chevronné me confiait que de tous les candidats potentiels, le seul qui a un programme crédible est Benbitour. Il ajouta : "ce n'est pas mon ami, je ne voterai pas pour lui, mais il est au moins clair." Tout est là : "je ne voterai pas pour lui" Et pourquoi donc? Le diplomate pourrait me répondre avec cette mine blasée et couperosée des diplomates qui écument les cocktails: "Parce qu'il ne représente que lui-même". Le drame de Benbitour est là : populaire dans quelques cercles d'instruits qui aiment ses analyses, inconnu par le reste, il n'a pratiquement aucune chance d'être élu. Il passera son temps à se pousser, tel Sisyphe, il n'arrivera jamais à son but. Et ce ne sont pas ses innombrables interventions dans la presse qui changeront quelque chose. Il sera lu, vu, mais ne sera pas entendu. Si les Algériens étaient des Anglais, peut être qu'il aura une chance à cause de sa bonne bouille, sa compétence et la clarté de ses idées. Comme tout intellectuel Algérien, il a comme vocation à faire monter l'ambiance, à donner l'illusion que les intellectuels comptent en Algérie. Oui, ils comptent...pour du beurre!
Le bloc notes de Ghani Gedoui
Bouteflika et les zaouïas, Sofiane Djillali et Benbitour
Ghani Gedoui
Bouteflika, le mystique La phrase est passée inaperçue du plus grand nombre…, y compris de la presse qui ne se focalise que sur ce qui fait vendre : les scandales, la corruption et la prétendue lutte impitoyable entre Bouteflika et Toufik, ainsi sont-ils qualifiés par les commentateurs, comme s'ils dînaient ensemble chaque jour.
C'est bien le seul pays au monde où il y a tant de familiarité sémantique entre ceux qui incarnent le pouvoir et la presse. Mais revenons à l'essentiel. Je disais donc que Sellal, à Adrar, si je ne m’abuse, a déclaré que des représentants de zaouias sont venus le voir pour lui faire part de leur grande inquiétude : "et si le président part qu'adviendra-t-il de nous", lui ont-ils confié, les mines plissées.
Et Sellal de les rassurer : "N'ayez aucune crainte, le président ne partira pas!" Et voilà les représentants des Zaouïas, heureux comme des derviches tourneurs qui ont tellement tourné qu'ils baignent dans la béatitude… Ceci nous amène à quoi? Mais voyons. A ceci : l'inquiétude des Zaouïas sur leur sort qu'ils lient à celui du président est un élément majeur qui nous renseigne sur la perception de Bouteflika par un segment important de la population de l'Algérie profonde : il est aimé, vraiment aimé par ceux qui sont étrangers aux intellectuels de salons algérois, ces opposants du dimanche qui croient représenter l'Algérie, alors qu'ils ne sont qu'une poignée en mal de reconnaissance par l'ancienne puissance coloniale.
Ce que je veux dire, et cela n'a jamais été dit à mon avis, est que Bouteflika connaît ce qu'on pourrait appeler l'âme algérienne, cette âme que nul ne pourrait comprendre s'il n'a ses racines plongées dans la terre, dans la mémoire, dans les luttes, en un mot, comme en mille, dans l'histoire de notre pays.
Cette passion des Zaouïas, cette quête de spiritualité et de mysticisme de Bouteflika ne date pas d'hier, ce n'est pas une posture électorale de l'homme politique qui veut brasser large, non, Bouteflika est ainsi. C'est un soufi par éducation et par choix de vie ! Ainsi, même quand il était le brillant ministre des Affaires étrangères aux cheveux longs et à l'œil bleu qui faisait chavirer bien des cœurs sur la scène internationale, Bouteflika baignait dans le mysticisme. Il pratiquait l'alternance chère à Montherlant : à chaque moment du jour, une partie de nous-mêmes différente des autres parties. C'est ainsi, et contrairement à ce qu'on pourrait croire, Bouteflika n'a jamais bu une goutte d'alcool. C'est cet homme, habité par l'Algérie profonde, détesté par une partie de la presse et quelques chroniqueurs mondains, qui s'apprête à briguer un quatrième mandat. Je vote pour. Et vous?
Sofiane Djillali, l'imprécateur
Il ne représente rien sur l'échiquier politique. Rien, que lui-même. Et pourtant la presse, enfin une certaine presse, lui tend le micro avec une grande jubilation. C'est qu'avec lui, on est certain d'avoir son content d'outrances sur Bouteflika. C'est un peu l'histoire de la fourmi qui pince l'éléphant et qui s'étonne de son absence de réaction. Ceci dit, je trouve Sofiane Djillali, avec sa bouille d'instituteur insomniaque, fort sympathique. Et un peu ridicule avec sa manie de taper à mort sur le Président. Je sais bien que c'est pour se faire entendre et être visible qu'il est aussi agressif. Mais tout cela, qu'il nous le concède, est à la fois improductif pour lui et dangereux pour son image dès lors qu'il risque d'être positionné comme un excité agité. Et non comme un politicien constructif. Ceci dit, par des côtes, je le vois bien au FLN ou au RND.
Du coté contestataire évidemment. Il en a la mise et le regard de feu et aussi cette moue de déception qui traduit les échecs. De l'autre côté, je le vois bien tout près de Ghoul. Il a le même cheveu lisse et les mêmes gestes saccadés. Sans l'ambition présidentielle, car Ghoul ne pense qu'a ça. Il se voit en président. Et Djillali en ministre. Rien qu'un portefeuille présidentiel et il serait heureux et silencieux comme l'a été en son temps Mohand Said, séduit, puis abandonné.
Benbitour, un Sisyphe algérien
Il y a quelque temps, un diplomate chevronné me confiait que de tous les candidats potentiels, le seul qui a un programme crédible est Benbitour. Il ajouta : "ce n'est pas mon ami, je ne voterai pas pour lui, mais il est au moins clair." Tout est là : "je ne voterai pas pour lui" Et pourquoi donc? Le diplomate pourrait me répondre avec cette mine blasée et couperosée des diplomates qui écument les cocktails: "Parce qu'il ne représente que lui-même". Le drame de Benbitour est là : populaire dans quelques cercles d'instruits qui aiment ses analyses, inconnu par le reste, il n'a pratiquement aucune chance d'être élu. Il passera son temps à se pousser, tel Sisyphe, il n'arrivera jamais à son but. Et ce ne sont pas ses innombrables interventions dans la presse qui changeront quelque chose. Il sera lu, vu, mais ne sera pas entendu. Si les Algériens étaient des Anglais, peut être qu'il aura une chance à cause de sa bonne bouille, sa compétence et la clarté de ses idées. Comme tout intellectuel Algérien, il a comme vocation à faire monter l'ambiance, à donner l'illusion que les intellectuels comptent en Algérie. Oui, ils comptent...pour du beurre!
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