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Le plus célèbre spéculateur du cacao rend son tablier

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  • Le plus célèbre spéculateur du cacao rend son tablier

    Anthony Ward, le plus célèbre spéculateur du cacao, a jeté l'éponge. Le co-fondateur du fonds spéculatif (hedge fund) britannique Armajaro a cédé ses activités de trading de cacao, café et sucre à un mystérieux négociant helvétique, Ecom Agroindustrial, selon des informations publiées par le Financial Times dans son édition datée du 12 novembre.
    L'information a fait grand bruit dans la City en raison de la personnalité controversée d'Anthony Ward. En 2010, cet ancien trader du négociant en matières premières Phibro avait tenté d'assécher le marché mondial du cacao en s'emparant de 6,3 % de la production mondiale. L'objectif était de raréfier l'offre de fèves pour faire monter les cours, au grand désespoir des amateurs de chocolat. Son calcul était simple : en créant la pénurie, les prix ne pouvaient que grimper. L'effet devrait être amplifié par la baisse de l'offre des deux premiers producteurs de la planète, le Ghana et la Côte d'Ivoire, ainsi que par la hausse de la demande provenant des pays émergents.

    Lire le récit : Le financier 'Chocolate Finger' tente d'assécher le marché mondial du cacao

    Fournisseur notamment du chocolatier britannique Cadbury (repris par l'américain Kraft), Anthony Ward est un récidiviste de la stratégie du corner, qui vise à étrangler le marché. En 2002, l'intéressé avait pris la main sur 40 % du marché, qu'il avait ensuite revendu en dégageant de plantureux bénéfices. Les banques ont financé avec complaisance cet aventurier, symbole de l'affairisme qui caractérise la spéculation sur les matières premières agricoles.

    UNE ACTIVITÉ PLUS COMPLEXE ET RISQUÉE

    Pourquoi celui qui a été baptisé Chocolate Finger (le doigt en chocolat) s'est-il débarrassé de son activité de trading sur ce segment ? Tout d'abord, les mauvais résultats du négoce de matières premières agricoles – cacao, café, coton – ont rendu le groupe lourdement déficitaire. Les hedge funds ont fortement réduit la voilure sur les matières premières, à l'exception de l'énergie et en particulier du pétrole. Ensuite, Anthony Ward a tiré la leçon du retrait des banques du négoce physique, lié aux impératifs de transparence et de bonne gouvernance exigés par leurs actionnaires, les investisseurs institutionnels. Les soupçons de manipulations sur les cours de l'aluminium ont poussé les régulateurs des marchés à terme, des deux côtés de l'Atlantique, à serrer la vis.

    L'activisme grandissant des organisations non gouvernementales (Déclaration de Berne, Global Witness…) complique par ailleurs la vie de ces spéculateurs, qui opèrent souvent dans les pays les plus "pourris" de la planète. Enfin, face au nouveau paysage réglementaire, bon nombre de gérants de fonds spéculatifs ont choisi de se recentrer sur la gestion de leurs propres actifs, de ceux de leurs proches et de quelques clients privilégiés. Armajaro entend ainsi se concentrer sur la gestion de patrimoine, une activité très rentable et moins risquée. Il suit en cela les traces de figures légendaires de la spéculation, comme George Soros ou, dit-on, de Steve Cohen, le fondateur déchu de SAC Capital.

    ABCD, le début d'alphabet qui rassemble les quatre grands noms historiques du cartel du négoce agricole – AMB, Bunge, Cargill et Louis-Dreyfus – s'est désormais allongé d'une lettre : E, comme Ecom Agroindustrial…

    Marc Roche (Londres, correspondant)
    Journaliste au Monde
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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