Rabat accueille, le 14 novembre 2013, une conférence régionale sur « Le renforcement de la sécurité des frontières entre les pays du Sahel et du Maghreb ». Des frontières longues et poreuses par lesquelles tout passe : les djihadistes et leurs convois de pick-up et d’armes lourdes, mais aussi les cigarettes et l’alcool de contrebande et la drogue. Et bien évidement le bétail, les voitures, l’essence, les pneus, les matériaux de construction, l’électroménager, etc.
Rabat accueille, le jeudi 14 novembre 2013, une conférence régionale sur « Le renforcement de la sécurité des frontières entre les pays du Sahel et du Maghreb ». Un espace qui concerne pas moins de treize pays (Sénégal, Burkina Faso, Mali, Niger, Nigéria, Tchad, Soudan, Cap-Vert, Libye, Tunisie, Algérie, Maroc et Mauritanie), près de 160 millions d’habitants et qui regorge de richesses (pétrole, gaz, uranium, or, fer, zinc,…). Mais qui est surtout l’un des espaces les plus instables du monde avec notamment le terrorisme narco-djihadiste.
Autant dire que la rencontre va attirer la foule des responsables politiques. Et bien au-delà du Maghreb et du Sahel. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, dont le pays est du reste impliqué dans la région, notamment depuis l’opération militaire au Nord-Mali « Serval », en janvier 2013, a déjà annoncé sa participation à ce conclave.
Il faut dire que toutes les régions du Sahel et du Maghreb ont bien mal à leurs frontières. Du reste poreuses. Puisque tout passe. Les djihadistes et leurs convois de pick-up et d’armes lourdes, mais aussi les cigarettes et l’alcool de contrebande et la drogue. Et bien évidement le bétail, les voitures, l’essence, les pneus, les matériaux de construction, l’électroménager, etc.
La géographie est d’abord pour beaucoup. Les frontières entre les pays de la région ********-sahélienne sont bien longues. Que l’on en juge pour les seules frontières terrestres : Algérie – Mali : 1300 km, Algérie – Tunisie : 900 km, Algérie – Libye : 980 km, Algérie – Maroc : 1600 km, Mali – Mauritanie : 2200 km et Niger-Nigéria : 1500 km.
Complicité d’une partie de la population
Ensuite, les pays concernés ont toujours eu des difficultés à les contrôler. Primo, parce qu’ils manquent de moyens humains (soldats, garde-frontières, gendarmes,…) et technologiques (murs, détecteurs de mouvements, radars, avions, caméras infrarouges,…). Secundo, parce que la précarité qui règne dans de nombreuses zones frontalières a fait que les djihadistes et autres contrebandiers, qui disposent quelquefois plus de moyens que les Etats, bénéficient de la complicité d’une partie de la population qui offre à ces derniers leur connaissance du terrain. Tertio, parce qu’il arrive que des membres des forces de sécurité soient bien impliqués dans les opérations de commerce illégal observé aux frontières.
Ajoutons que le « printemps arabe », qui a affaibli les forces de sécurité, est passé par là. Cette réalité concerne notamment la Tunisie et la Libye où des policiers et même des militaires ont été attaqués et des postes de police et des casernes ont été incendiés.
Que faire ? On parle de la mise en place d’un « mécanisme de sécurité » engageant les pays de la région ********-sahélienne. Un mécanisme qui nécessite une coopération soutenue de la part de la région. On parle, à ce niveau, de la réactivation de nombreux accords entre les pays de la région signés en partie avec les indépendances dans les années soixante. On parle aussi d’encourager certaines initiatives récentes de coordination des efforts pour le contrôle des frontières. Comme celle qui ont court entre la Tunisie et l’Algérie.
Les grandes puissances, notamment l’Union européenne, qui a de larges frontières avec le Maghreb, devront être appelées à plus de coopération et surtout à mettre bien la main à la poche. En matière de mise en place de dispositif technique, mais aussi en matière de formation des forces de l’ordre.
Une aide financière de quelque 8 milliards de dollars
Autre terrain sur lequel la communauté internationale devra mettre la main à la poche : le développement économique. Une part importante du terrorisme et du commerce illégal utilisé par des criminels, souvent associés aux terroristes, s’expliquent par la pauvreté et le sous-développement qui sévissent dans des régions frontalières.
Le groupe de la Banque Mondiale et l’Union Européenne ont annoncé, à l’occasion d’une visite conjointe, à Bamako (Mali), le 4 novembre 2013, de Ban Ki Moon, secrétaire général des Nations unies, Jim Yong Kim, président de la Banque Mondiale, Andris Piebalgs, le commissaire européen au Développement, Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de la Commission de l’Union Africaine, et Donald Kaberuka, président de la Banque africaine de développement, en vue d’assister à la première réunion ministérielle sur « La Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel », le déblocage d’une aide financière de quelque 8 milliards de dollars (environ 13,3 milliards de dinars).
Force est de reconnaître que le jeu en vaut bien la chandelle. Un débat, initié, à Nouakchott, les 6 et 7 novembre 2013, par le Centre Maghrébin d’Etudes Stratégique, sur le thème « Les effets pervers du terrorisme dans le Sahel sur la région du Maghreb », a assuré qu’ « AQMI (Al Qaïda au Maghreb Islamique) a adopté la stratégie de se fondre dans la population. Avec l’opération « Serval », elle a été vaincue dans les villes, mais elle s’est repliée dans les montagnes. Et aujourd’hui, les terroristes se meuvent sur un vaste territoire. »
Précision : celui qui a fait ce diagnostic est Mohamed Abdallahi Ould Taleb Abeidi, le chef de la police mauritanienne. Des informations concordantes donnent à penser que les djihadistes ne sont pas prêts de partir. Et pour cause : l’argent gagné grâce aux rançons et la contrebande cela pèse bien lourd. AQMI aurait obtenu ces dernières années pas moins de 50 millions de dollars (environ 83,5 dinars) de rançons et plus de 100 millions de dollars (environ 167 millions de dinars) pour les divers trafics illicites. Autant dire qu’il y a péril en la demeure
- l'économiste maghrébin
Rabat accueille, le jeudi 14 novembre 2013, une conférence régionale sur « Le renforcement de la sécurité des frontières entre les pays du Sahel et du Maghreb ». Un espace qui concerne pas moins de treize pays (Sénégal, Burkina Faso, Mali, Niger, Nigéria, Tchad, Soudan, Cap-Vert, Libye, Tunisie, Algérie, Maroc et Mauritanie), près de 160 millions d’habitants et qui regorge de richesses (pétrole, gaz, uranium, or, fer, zinc,…). Mais qui est surtout l’un des espaces les plus instables du monde avec notamment le terrorisme narco-djihadiste.
Autant dire que la rencontre va attirer la foule des responsables politiques. Et bien au-delà du Maghreb et du Sahel. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, dont le pays est du reste impliqué dans la région, notamment depuis l’opération militaire au Nord-Mali « Serval », en janvier 2013, a déjà annoncé sa participation à ce conclave.
Il faut dire que toutes les régions du Sahel et du Maghreb ont bien mal à leurs frontières. Du reste poreuses. Puisque tout passe. Les djihadistes et leurs convois de pick-up et d’armes lourdes, mais aussi les cigarettes et l’alcool de contrebande et la drogue. Et bien évidement le bétail, les voitures, l’essence, les pneus, les matériaux de construction, l’électroménager, etc.
La géographie est d’abord pour beaucoup. Les frontières entre les pays de la région ********-sahélienne sont bien longues. Que l’on en juge pour les seules frontières terrestres : Algérie – Mali : 1300 km, Algérie – Tunisie : 900 km, Algérie – Libye : 980 km, Algérie – Maroc : 1600 km, Mali – Mauritanie : 2200 km et Niger-Nigéria : 1500 km.
Complicité d’une partie de la population
Ensuite, les pays concernés ont toujours eu des difficultés à les contrôler. Primo, parce qu’ils manquent de moyens humains (soldats, garde-frontières, gendarmes,…) et technologiques (murs, détecteurs de mouvements, radars, avions, caméras infrarouges,…). Secundo, parce que la précarité qui règne dans de nombreuses zones frontalières a fait que les djihadistes et autres contrebandiers, qui disposent quelquefois plus de moyens que les Etats, bénéficient de la complicité d’une partie de la population qui offre à ces derniers leur connaissance du terrain. Tertio, parce qu’il arrive que des membres des forces de sécurité soient bien impliqués dans les opérations de commerce illégal observé aux frontières.
Ajoutons que le « printemps arabe », qui a affaibli les forces de sécurité, est passé par là. Cette réalité concerne notamment la Tunisie et la Libye où des policiers et même des militaires ont été attaqués et des postes de police et des casernes ont été incendiés.
Que faire ? On parle de la mise en place d’un « mécanisme de sécurité » engageant les pays de la région ********-sahélienne. Un mécanisme qui nécessite une coopération soutenue de la part de la région. On parle, à ce niveau, de la réactivation de nombreux accords entre les pays de la région signés en partie avec les indépendances dans les années soixante. On parle aussi d’encourager certaines initiatives récentes de coordination des efforts pour le contrôle des frontières. Comme celle qui ont court entre la Tunisie et l’Algérie.
Les grandes puissances, notamment l’Union européenne, qui a de larges frontières avec le Maghreb, devront être appelées à plus de coopération et surtout à mettre bien la main à la poche. En matière de mise en place de dispositif technique, mais aussi en matière de formation des forces de l’ordre.
Une aide financière de quelque 8 milliards de dollars
Autre terrain sur lequel la communauté internationale devra mettre la main à la poche : le développement économique. Une part importante du terrorisme et du commerce illégal utilisé par des criminels, souvent associés aux terroristes, s’expliquent par la pauvreté et le sous-développement qui sévissent dans des régions frontalières.
Le groupe de la Banque Mondiale et l’Union Européenne ont annoncé, à l’occasion d’une visite conjointe, à Bamako (Mali), le 4 novembre 2013, de Ban Ki Moon, secrétaire général des Nations unies, Jim Yong Kim, président de la Banque Mondiale, Andris Piebalgs, le commissaire européen au Développement, Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de la Commission de l’Union Africaine, et Donald Kaberuka, président de la Banque africaine de développement, en vue d’assister à la première réunion ministérielle sur « La Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel », le déblocage d’une aide financière de quelque 8 milliards de dollars (environ 13,3 milliards de dinars).
Force est de reconnaître que le jeu en vaut bien la chandelle. Un débat, initié, à Nouakchott, les 6 et 7 novembre 2013, par le Centre Maghrébin d’Etudes Stratégique, sur le thème « Les effets pervers du terrorisme dans le Sahel sur la région du Maghreb », a assuré qu’ « AQMI (Al Qaïda au Maghreb Islamique) a adopté la stratégie de se fondre dans la population. Avec l’opération « Serval », elle a été vaincue dans les villes, mais elle s’est repliée dans les montagnes. Et aujourd’hui, les terroristes se meuvent sur un vaste territoire. »
Précision : celui qui a fait ce diagnostic est Mohamed Abdallahi Ould Taleb Abeidi, le chef de la police mauritanienne. Des informations concordantes donnent à penser que les djihadistes ne sont pas prêts de partir. Et pour cause : l’argent gagné grâce aux rançons et la contrebande cela pèse bien lourd. AQMI aurait obtenu ces dernières années pas moins de 50 millions de dollars (environ 83,5 dinars) de rançons et plus de 100 millions de dollars (environ 167 millions de dinars) pour les divers trafics illicites. Autant dire qu’il y a péril en la demeure
- l'économiste maghrébin
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