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Le secteur financier tunisien :Grisaille

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  • Le secteur financier tunisien :Grisaille

    Le secteur financier dans tous ses états : on ne peut faire l’économie d’un tel diagnostic. Nous nous devons, en ces temps cruciaux de notre transition démocratique, prendre la température de ce corps qui irrigue l’ensemble de l’économie, pointer du doigt ses lacunes, handicaps et vulnérabilités et mettre en avant ses atouts et ses points de résilience.

    L’évolution du système financier, disons-le d’emblée, est contrecarrée par les soubresauts de l’économie, qui peine à sortir d’une profonde et grave crise dont on ne voit pas l’issue.

    Quand l’économie va mal au point de faire déraper dangereusement l’ensemble des équilibres physiques et financiers, c’est la démonstration que nos entreprises ne se portent pas bien, à telle enseigne que leur situation financière donne de réels signes d’inquiétude. L’onde de choc a vite fait de retentir sur le bilan des établissements financiers.

    Quand les clignotants de la sphère productive sont à l’orange ou virent au rouge, les banques sont en alerte maximale. Il leur sera difficile et même improbable de croître, pendant plusieurs exercices de suite, à des niveaux supérieurs à ceux de l’économie nationale dont elles dépendent.

    De 2010 à 2013, la croissance économique annuelle moyenne n’aura pas dépassé 1,5% pour les raisons que l’on sait : crise financière internationale suivie du choc post-révolution. Il est pour le moins surprenant que nos banques, dans leur ensemble, nos compagnies d’assurance, nos sociétés de leasing – à l’exception du marché boursier – aient pu faire nettement mieux. Les résultats qu’elles affichent ne sont pas loin de ceux qu’elles arboraient quand l’économie évoluait aux frontières de son potentiel de croissance. Il n’était pas illégitime de craindre un quelconque effondrement. Au lieu de quoi, elles ont réussi à développer leurs outils de gestion et une capacité de résilience qu’on ne soupçonnait pas, si l’on en juge par les critiques dont elles sont l’objet.

    A vrai dire, les résultats sont surprenants et attestent d’une réelle performance, au regard des incertitudes politiques et des difficultés économiques du moment. Le fait est que les banques, les compagnies d’assurance et les sociétés de leasing ont été, contre toute attente, moyennement impactées par la persistance de la crise politique qui a mis à genoux l’économie nationale. Les Offices nationaux et les entreprises publiques, au périmètre élargi aux nouvelles sociétés confisquées, en ont payé le prix le plus fort. Celles du secteur privé, largement exposées à la concurrence internationale et plus particulièrement les entreprises exportatrices, ne sont pas mieux loties. Leur développement a été sérieusement ralenti par l’absence de signes de croissance tangible de la zone Euro, notre principal partenaire commercial. Le tourisme, pour sa part, poursuit son agonie, au rythme des attentats meurtriers et de la prolifération du terrorisme.

    Les établissements financiers, banques en tête, ont payé un lourd tribut aux multiples chocs successifs qui ont ébranlé l’économie. Le choc post-révolution n’est pas le moindre. Leurs charges d’exploitation ont explosé, notamment sous l’effet de la hausse des salaires et du ralentissement de leur niveau d’activité. Ils évoluent à cycles inversés, par vents forts et défavorables.

    Le contexte politique affligeant et une conjoncture économique déprimante ont fini par peser sur la marche des entreprises, par éroder leurs marges et par laminer leur trésorerie, multipliant ainsi le recours au système bancaire, très largement sollicité, au-delà même de ce qui est supportable. Celui-ci n’est jamais à l’aise dans le rôle de pompier, contraint de financer davantage les déficits que le développement de l’économie et des entreprises, sans visibilité et sans perspective.

    La dégradation des comptes financiers des entreprises n’est pas sans effet sur la liquidité des banques, avec le risque de resserrement des crédits. A charge pour la BCT – ce qu’elle fait sans la moindre réticence – de lubrifier le système. Terrible dilemme pour une institution, contrainte de pratiquer une politique monétaire accommandante, alors qu’elle a vocation à veiller sur la stabilité des prix.

    Les chocs internes et externes, la montée des incertitudes, du terrorisme et de l’insécurité, la peur du vide et de l’inconnu, le manque de visibilité, l’absence de perspective et de voie de sortie de crise ont encore plus sérieusement endommagé le marché boursier. Aucun titre, aucune valeur n’est sortie indemne de la bourrasque politique et économique. Chaque attentat terroriste, chaque conflagration meurtrière fait plonger les cours et ajoute à la méfiance et à la désaffection des épargnants. Les étrangers, quant à eux, n’ont pas mis longtemps pour se retirer, accélérant ainsi la plongée des cours. On ne compte plus les journées noires et les krachs boursiers récurrents.

    L’annonce d’un prochain gouvernement de compétences, de salut national qui donne toute sa crédibilité au dialogue national pourrait faire renaître de nouveau l’espoir et rétablir la confiance chez les professionnels de l’économie et les acteurs sociaux. Un sursaut salvateur est encore possible.

    Nos entreprises, tout autant que nos banques n’attendent que ce signal pour hisser la voilure et mettre de nouveau le cap sur une croissance forte et durable. L’ennui est, qu’à défaut d’un feu vert immédiat, il leur sera difficile sinon improbable de parvenir à rattraper le temps perdu et à récupérer nos pertes. Les politiques en sont avertis. Ils sont aujourd’hui les seuls à assumer les risques de l’échec du déclin national

    l'économiste maghrébin
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