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Rencontre-débat à Agadir : Chebel, Tozy, la tolérance et… l’Islam !

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  • Rencontre-débat à Agadir : Chebel, Tozy, la tolérance et… l’Islam !

    Le politologue et écrivain Mohamed Tozy a saisi l’opportunité d’un débat organisé samedi dernier à Agadir, en prélude au Concert Pour la Tolérance tenu la soirée de même jour, pour dire à qui veut l’entendre que «les manuels scolaires au Maroc ne prônent pas la tolérance, d’où la nécessité de leur révision et leur correction conformément à l’esprit de la nouvelle constitution». Pourtant, le thème du panel était ‘‘Le dialogue des cultures et la culture du dialogue’’. Mais cette question s’est invitée, de temps à autre, dans les discussions. Catégorique et sans passer par quatre chemins, Mohamed Tozy souligne l’urgence de revoir les manuels scolaires au Maroc qui sont, d’après lui, loin de la culture du dialogue escomptée : ‘‘Les programmes scolaires sont importants pour apprendre aux générations les fondements de la tolérance et la différence dès leur jeune âge’’. A contrario, le risque de produire des fondamentalistes amplement endoctrinés d’intolérance et d’obscurantisme reste grand, estime-t-il. Mohamed Tozy n’a pas apparemment voulu aller plus loin dans sa réflexion. Mais vous aurez certainement compris son propos ! D’ailleurs, au fil des débats, il ne s’est pas privé d’exprimer sa solidarité avec l’intellectuel amazigh Ahmed Assid, qui avait pointé du doigt les manuels scolaires du primaire, particulièrement ceux traitant de l’éducation islamique, ainsi qu’un Hadith du Prophète pour son ‘‘esprit intolérant’’. Dans la même lancée, Mohamed Tozy s’est montré également solidaire avec un penseur soudanais condamné à mort pour avoir exprimé son avis (complètement à l’encontre des principes en vigueur au Soudan) sur un verset coranique. Et le politologue marocain de poursuivre dans le même sens, ou presque : ‘‘ Moi personnellement, quand je vois ce genre de pratiques, je ne sais pas réellement de quoi il s’agit exactement’’. Et de souligner avec force le rôle important que jouent l’éducation et l’art dans la promotion de la culture du dialogue, notamment parmi les jeunes générations.

    Même son de cloche chez l’écrivain et diplomate français Olivier Weber, qui plaide pour une place importante pour les notions de pluralisme et de respect de la différence dans les manuels scolaires, ‘‘notamment dans un contexte de globalisation qui a, certes, aboli les frontières en matière cognitive et culturelle, mais n’a pas réussi, jusqu’à présent, à éradiquer ou, du moins, limiter l’intolérance de par le monde’’.

    Prenant la parole, Melek chebel, l’anthropologue des religions, a voulu mettre les points sur les ‘‘i’’. Contrairement à ce que pensent ou veulent faire croire certains, l’Islam est une religion moderne par définition et peut être un instrument de paix dans le monde, faisant observer que le fait que certains musulmans ne soient pas modernes entraîne cette religion dans des pratiques archaïques qui lui sont étrangères. Le philosophe franco-algérien ne s’est pas arrêté en si bon chemin, en essayant d’expliquer à l’assistance, arguments à l’appui, la notion de “l’Islam des lumières”, comme une plate-forme conceptuelle pour éviter “d’avancer dans l’obscurité qui nous enveloppe” et faire face à l’”impérialisme intellectuel”. Et de préciser ‘‘qu’à ma connaissance, Dieu, le Coran en témoigne d’ailleurs, n’a jamais mandaté des soldats porteurs d’horreur et de violence’’.

    Faisant remarquer l’existence d’un écart entre la masse de la population mondiale se “réclamant de l’Islam” et son poids dans la prise de décision à l’international, il a appelé les musulmans du monde à focaliser sur le global et non pas sur les faits partiels, afin de renforcer leur position : ‘‘ Le poids des pays musulmans dans le monde est estimé à 6% grâce d’ailleurs au pétrodollars de quelques pays, autrement nous n’aurions rien’’, a-t-il dit, en ajoutant que compte tenu de cette donne, il serait plutôt profitable, opportun et rentable pour les pays arabes de s’investir dans les valeurs humaines.

    Melek Chebel a toutefois rappelé l’importance pour les pays occidentaux comptant une communauté musulmane d’accepter l’Islam comme religion à part entière, et d’y voir un moyen de résoudre la crise et non pas une source de problèmes et d’entraves.

    Un constat sur lequel la romancière et l’essayiste française Catherine Enjolet a émis des réserves. Pour elle, il ne faut pas se leurrer, la tolérance a des limites et ne peut être absolue : ‘‘ La tolérance ne veut pas dire tout accepter ou tout tolérer quant on est face à l’inacceptable et l’irrecevable ’’. Catherine Enjolet estime que c’est important car, a-t-elle expliqué, ‘‘la tolérance est une valeur universelle qui positionne l’autre appelé à vivre sa culture dans la différence et le respect mutuel’’. En résumé, pour elle, la tolérance a des limites, pour ne pas englober les conduites dangereuses qui touchent l’intégrité, comme le discours homophobe.

    Là, Mohamed Tozy a repris la parole pour répondre : ‘‘Personnellement, je n’apprécie pas la notion de tolérance qui impliquerait une certaine hiérarchie venant de l’autre’’. Il propose à cet effet des notions alternatives comme la coexistence pacifique, le vivre ensemble ou encore le pluralisme et la diversité…

    H.Zaatit
    lnt
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