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Un mur de la honte entre Turquie et Syrie

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  • Un mur de la honte entre Turquie et Syrie

    Les autorités turques ont commencé la construction d'un mur le long de la frontière avec la Syrie, officiellement pour protéger les populations des mines antipersonnelles. Mais «le mur de la honte», comme l'ont surnommé certains, renforcera surtout la séparation entre Kurdes de part et d'autre de la frontière.

    Allongée sur son canapé, Fehime Dündar ne se lève plus *guère. Au-dessus de la vieille femme kurde, trois portraits sont accrochés au mur. Celui de son mari, Yusuf, assassiné par le Hezbollah turc (groupe radical sunnite utilisé par l'État pour lutter contre la rébellion kurde) au début des années 1990. À sa droite, Kamuran, un de ses fils, chèche rouge autour du cou et arme sur l'épaule, mort dans les rangs de la guérilla du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en guerre contre Ankara, «un peu avant son père». Et à gauche, Ferid, le petit-fils, qui a rejoint le mois dernier ce panthéon familial des martyrs de la cause kurde. «C'était le deuxième jour de la fête du sacrifice», souffle sa grand-mère. Ferid est tombé de l'autre côté de la frontière, en Syrie, tué par des djihadistes d'al-Nosra (la branche syrienne d'al-Qaida) qui s'étaient déguisés en combattants kurdes.

    Fehime Dündar habite Nusaybin, la ville qui vient buter sur la frontière le long de laquelle les autorités turques ont commencé la construction d'un mur. Pour cette grand-mère du sud-est de la Turquie, «ces barbelés sont la preuve de l'hostilité contre les Kurdes. Je ne serai pas là pour le voir, mais j'espère qu'un Kurdistan sera réuni un jour». Ce rempart, qui devrait s'étendre sur sept kilomètres, a officiellement pour objet de protéger les populations des mines antipersonnelles. Mais «le mur de la honte», comme l'ont surnommé les Kurdes, renforcera surtout un peu plus la séparation entre Nusaybin, ville kurde de Turquie, et Qamishli, sa jumelle syrienne. Il n'y a qu'un champ entre les premières maisons de Qamishli et les miradors turcs.

    «Les raisons de sécurité invoquées sont un prétexte, proteste Huseyin, qui préfère taire son nom de famille. En deux ans de conflit, aucun tir n'est venu de l'autre côté. C'est normal, il n'y a que des Kurdes là-bas, le YPG (la milice armée des Kurdes syriens, NDLR) gère toute la zone.» Sans se préoccuper d'un soldat turc qui l'observe à la jumelle, ce plombier de 28 ans raconte qu'il rendait visite à ses cousins à Qamishli, avant la guerre. Depuis, la Turquie a fermé le poste-frontière. Une palissade en métal a également été érigée devant l'école primaire. À cet endroit-là, le no man's land entre les deux pays ne mesure que quelques mètres. Cette bande étroite permettait de lancer des produits de première nécessité par-dessus les barbelés. «Il faut bien reconnaître que des *armes et de la drogue empruntaient aussi le même chemin», raconte, sourire en coin, un instituteur à la retraite. À Qamishli, comme en beaucoup d'autres points, la frontière turco-syrienne, qui mesure 820 km, ressemble à une passoire et fait le bonheur des contrebandiers.

    Asphyxier le Kurdistan syrien

    Son tracé, qui remonte à un accord conclu entre Français et Turcs en 1921, se superpose à la voie de chemin de fer *Istanbul-Bagdad. Il passe comme une tranchée en plein milieu des régions kurdes. «Avec ce mur en plus, le vrai objectif du gouvernement turc est de séparer les Kurdes», martèle Demir Çelik, député du Parti pour la paix et la démocratie (BDP), parti pro-kurde de Turquie et vitrine politique du PKK. Ankara lutte contre les aspirations émancipatrices de sa propre minorité kurde.

    Des discussions pour tenter de mettre un terme au conflit, qui a fait plus de 45.000 morts en trois décennies, sont en cours depuis un an avec Abdullah Öcalan, le leader emprisonné du PKK. Mais le processus, qui pâtit de l'absence de réformes de la part du gouvernement turc, est au point mort. Parallèlement, la prise d'indépendance des Kurdes de Syrie qui, à l'issue de discussions à Qami*shli, viennent d'annoncer l'établissement d'un gouvernement autonome inquiète de plus en plus la Turquie. Environ les deux tiers des territoires majoritairement kurdes du Nord-Est syrien sont actuellement sous contrôle du PYD, le Parti de l'Union démocratique, émanation syrienne du PKK. Ses brigades ont engrangé des succès militaires contre les djihadistes ces derniers jours.

    Renforcer les djihadistes

    «Les Turcs veulent asphyxier économiquement et politiquement» le Kurdistan syrien, poursuit Demir Çelik. Jeudi dernier, les forces de la police antiterroriste ont en tout cas saturé l'atmosphère de Nusaybin. Des gaz lacrymogènes rendaient l'air irrespirable, mettant fin à un rassemblement organisé pour dénoncer l'érection du mur. Pris d'un malaise, le parlementaire sera conduit aux urgences.

    Un peu avant la dispersion à coups de tirs de grenades, des milliers de personnes écoutaient religieusement Selahattin Demirtas. À la tribune, le coprésident de la formation kurde accusait la Turquie de renforcer les djihadistes du Front al-Nosra «en envoyant des armes» en Syrie: «Sans ce soutien et celui de l'Arabie saoudite, les terroristes ne pourraient pas se maintenir.» Des grappes de jeunes encagoulés brandissaient des drapeaux à l'effigie d'Abdullah Öcalan. De l'autre côté de la frontière, des Syriens répondaient en écho.

    Comme environ trois mille autres *Kurdes de Syrie, Abdurrahman Kasim a trouvé refuge à Qamishli. Il a mis les siens à l'abri de la guerre et survient à ses besoins grâce à un emploi de soudeur. Le mois dernier, un cousin engagé dans les rangs du YPG a réchappé de justesse à un attentat à la bombe «à 30 kilomètres de Qami*shli. C'est une zone que le YPG essaye de nettoyer d'al-Nosra». Blessé, il n'a pas été hospitalisé en Turquie. «C'est interdit. Par contre, l'État turc prend ceux d'al-Nosra, les guérit et les renvoie se battre contre les Kurdes», assure Abdurrahman. Avant de se battre en Syrie, son parent avait passé treize ans dans les rangs du PKK. Pour ces Kurdes, la frontière turco-syrienne est une tragique erreur de l'Histoire qui a laissé leur peuple sans État après la Première Guerre mondiale. Aujourd'hui, en Turquie ou en Syrie, «nous voulons nos droits», acquiesce en chœur la famille d'Abdurrahman.

    Le Figaro FR
    "Les petits esprits parlent des gens, les esprits moyens parlent des événements, les grands esprits parlent des idées, et les esprits supérieurs agissent en silence."

  • #2
    Les murs ne serviront à rien !

    C'est le retour de bâton sur les Les autorités turques, d'avoir non seulement soufflé sur les braises de la fitna en Syrie, mais aussi d'avoir fournis tout ce qu'il faut pour alimenter le feu en Syrie !

    Les turques vont se bruler avec le même feu qu'ils ont eux-même alimenté !

    Leurs amis, les sanguinaires sont en train de s'entrainer actuellement en Syrie !

    Il faut juste leur donner un peu de temps pour qu'ils puissent venir remercier les turques de leurs loyaux services !

    C'est juste une question de temps, donc !

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