Ils font fuir nos élites
Un tennisman algérien classé en 2009 au 114e rang mondial, demi-finaliste à Roland-Garros chez les juniors, vient d’opter pour le Maroc. Pour justifier le choix de porter les couleurs marocaines, il a invoqué le peu de moyens mis à la disposition des adeptes de la petite balle en Algérie, alors que chez nos voisins, ce ne serait pas le cas. «Il n’y en a que pour le foot», aurait dit celui qui, à 29 ans, aurait pu encore apporter sa contribution au sport et à la jeunesse algériens. Malheureusement, il n’est pas le seul dans ce cas. Il n’y pas longtemps encore, la presse faisait des gorges chaudes à propos du choix de cheb Khaled de devenir un sujet du royaume de Mohammed VI et l’alignement qu’il aurait eu à propos de la «marocanité du Sahara occidental». On a crié au scandale.
On serait surpris d’apprendre le nombre de chebs et autres «raïmen» qui ont préféré exercer leur talent de l’autre côté de la frontière où, paraît-il, des «ponts d’or» leur sont offerts par le palais royal et le makhzen pour rehausser de leur présence les nombreux festivals et événements culturels qui ont lieu chaque année à travers le Maroc et contribuer à la création artistique. Chez nous, ce ne sont pourtant pas pareilles manifestations qui manquent, bien au contraire. L’Algérie dépense sans doute, au bas mot, dix fois plus pour l’organisation d’événements culturels, sportifs régionaux ou internationaux, parfois mineurs et de portée pas très évidente. Alors que chez le voisin, le moindre rassemblement sans apparente ambition grandiose, attire les stars mondiales du show-business, des médias, etc.
Le mal, si mal il y a, n’est pas chez ceux qui ont fait le choix, souvent à contrecœur, de s’exiler à la recherche de conditions plus favorables à la création culturelle ou intellectuelle. Mais plutôt chez ceux qui les ont poussés à s’expatrier et dans l’autoritarisme dont ils font preuve à l’égard des talents, des élites et de tous ceux qui innovent au quotidien.
Le mépris des dirigeants et des décideurs, affiché et assumé sans aucun complexe, l’encouragement à l’enrichissement facile délibérément entretenu et à la médiocrité poussent encore de manière dramatique des médecins, des spécialistes, des cadres de haut niveau sur les chemins de l’exil. Ils font aujourd’hui les beaux jours des hôpitaux et des entreprises multinationales à l’étranger.
Dans de telles conditions, on n’ose pas imaginer ce que sera le pays dans 10 ou 15 ans. Faudra-t-il alors recourir à la coopération étrangère pour faire fonctionner nos services hospitaliers, les entreprises publiques et l’administration ? Il y a assurément quelque chose qui ne tourne pas rond dans la maison Algérie, quand on sait que des milliards sont dépensés dans la culture pour l’organisation de manifestations où elle est faiblement ou parfois pas du tout représentée. Beaucoup ont été surpris de voir qu’au Festival maghrébin du cinéma qui s’est tenu à Alger, tous les prix ont été remportés par les Marocains, perdant de vue que depuis la dissolution de la structure publique chargée de la cinématographie, on tourne très peu ou presque pas de films par an. Ce qui est loin d’être le cas au Maroc, si l’on se réfère à la razzia de récompenses à laquelle ont assisté les cinéphiles de la salle El Mouggar d’Alger. Ce sont là sans doute des leçons que les responsables, à tous les niveaux de l’Exécutif, devraient méditer et prendre les mesures énergiques avant que le pays tout entier ne soit sinistré.
Reda Bekkat
Un tennisman algérien classé en 2009 au 114e rang mondial, demi-finaliste à Roland-Garros chez les juniors, vient d’opter pour le Maroc. Pour justifier le choix de porter les couleurs marocaines, il a invoqué le peu de moyens mis à la disposition des adeptes de la petite balle en Algérie, alors que chez nos voisins, ce ne serait pas le cas. «Il n’y en a que pour le foot», aurait dit celui qui, à 29 ans, aurait pu encore apporter sa contribution au sport et à la jeunesse algériens. Malheureusement, il n’est pas le seul dans ce cas. Il n’y pas longtemps encore, la presse faisait des gorges chaudes à propos du choix de cheb Khaled de devenir un sujet du royaume de Mohammed VI et l’alignement qu’il aurait eu à propos de la «marocanité du Sahara occidental». On a crié au scandale.
On serait surpris d’apprendre le nombre de chebs et autres «raïmen» qui ont préféré exercer leur talent de l’autre côté de la frontière où, paraît-il, des «ponts d’or» leur sont offerts par le palais royal et le makhzen pour rehausser de leur présence les nombreux festivals et événements culturels qui ont lieu chaque année à travers le Maroc et contribuer à la création artistique. Chez nous, ce ne sont pourtant pas pareilles manifestations qui manquent, bien au contraire. L’Algérie dépense sans doute, au bas mot, dix fois plus pour l’organisation d’événements culturels, sportifs régionaux ou internationaux, parfois mineurs et de portée pas très évidente. Alors que chez le voisin, le moindre rassemblement sans apparente ambition grandiose, attire les stars mondiales du show-business, des médias, etc.
Le mal, si mal il y a, n’est pas chez ceux qui ont fait le choix, souvent à contrecœur, de s’exiler à la recherche de conditions plus favorables à la création culturelle ou intellectuelle. Mais plutôt chez ceux qui les ont poussés à s’expatrier et dans l’autoritarisme dont ils font preuve à l’égard des talents, des élites et de tous ceux qui innovent au quotidien.
Le mépris des dirigeants et des décideurs, affiché et assumé sans aucun complexe, l’encouragement à l’enrichissement facile délibérément entretenu et à la médiocrité poussent encore de manière dramatique des médecins, des spécialistes, des cadres de haut niveau sur les chemins de l’exil. Ils font aujourd’hui les beaux jours des hôpitaux et des entreprises multinationales à l’étranger.
Dans de telles conditions, on n’ose pas imaginer ce que sera le pays dans 10 ou 15 ans. Faudra-t-il alors recourir à la coopération étrangère pour faire fonctionner nos services hospitaliers, les entreprises publiques et l’administration ? Il y a assurément quelque chose qui ne tourne pas rond dans la maison Algérie, quand on sait que des milliards sont dépensés dans la culture pour l’organisation de manifestations où elle est faiblement ou parfois pas du tout représentée. Beaucoup ont été surpris de voir qu’au Festival maghrébin du cinéma qui s’est tenu à Alger, tous les prix ont été remportés par les Marocains, perdant de vue que depuis la dissolution de la structure publique chargée de la cinématographie, on tourne très peu ou presque pas de films par an. Ce qui est loin d’être le cas au Maroc, si l’on se réfère à la razzia de récompenses à laquelle ont assisté les cinéphiles de la salle El Mouggar d’Alger. Ce sont là sans doute des leçons que les responsables, à tous les niveaux de l’Exécutif, devraient méditer et prendre les mesures énergiques avant que le pays tout entier ne soit sinistré.
Reda Bekkat
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