Elle s’appelait Romaîssa et n’aura jamais 20 ans. Son amoureux, en avait 22. Mercerdi 13 novembre 2013, ils mettent fin à leurs jours en sautant dans le vide, à Jijel, ville du nord-est du pays connue pour son conservatisme séculaire.
Très tôt le matin, à 6 heures, ils se retrouvent pour sauter du haut d’un immeuble et meurent la main dans la main parce qu’on les auraient empêchés de vivre ensemble. Romaîssa devait se marier le jour même avec un habitant de Sétif (autre ville de l’est) que ses parents ont choisi pour l’éloigner définitivement de son amoureux d’enfance. Le jeune couple a brisé le mariage forcé en y laissant la vie.
[Conservatisme à la peau dure]
Leur suicide crée le scandale et fait le buzz sur la toile algérienne. Si dans la capitale, il est plus facile de défendre le droit à l’amour, à l’intérieur du pays, il n’a toujours pas droit de cité. Ils sont nombreux à condamner « l’insolente forfaiture » de ce jeune couple, laissant si peu d’arguments à ceux qui s’insurgent contre les mariages forcés. Les commentaires recueillis sur la toile dévoilent les contradictions d’une Algérie qui se cherche encore.
« Ses parents ne sont responsables. Le vrai problème, c’est les relations amoureuses avant le mariage. C’est proscrit par l’Islam. Et se suicider par amour est encore plus grave, qu’ils brûlent en enfer! »
Un commentaire cinglant parmi tant d’autres. Romaîssa est particulièrement prise pour cible.
[La femme pécheresse!]
« L’amour est un sentiment noble qui ne doit pas précéder le mariage. Il n’est pas dans notre culture d’avoir des amoureux, alors s’il vous plait les filles, faites bien attention à vous, voyez à quoi mènent les relations hors mariage! » commente un internaute.
« Romaissa est ma voisine. Elle est sortie de chez elle à 5 heures du matin pour le rejoindre. Ils se sont pris par la main et ont sauté les pauvres. Tout ça à cause d’un mariage forcé, quelle calamité », écrit Yasser sur un page Facebook où la polémique enfle.
« Cette fille est tout simplement mal élevée et manque de bon sens » rétorque Mouhsin.
« Elle allait se faire violer par un inconnu et vous dites que ce n’est pas une raison de se suicider? Vous ne pouvez imaginer ce que ça peut faire à une femme de se faire violer tous les soirs et d’entendre la société lui dire que c’est normal parce que cet homme est son mari » tente d’expliquer Linda, une internaute.
« Haram/ Hallal, qui a le droit d’en juger. Ils n’ont fait que s’aimer. Si leurs familles les avaient laissés se marier, tout ça ne serait pas arrivé » tente de défendre encore une autre internaute, Imène.
« Tu n’as qu’à faire comme elle » lui répond très vite Hani.
Le débat se focalise très vite sur la place de la femme dans la société. Son devoir de droiture et de docilité, loin des tentations de l’amour. Les commentaires pleuvent et créent le malaise.
Fella Bouredji
Très tôt le matin, à 6 heures, ils se retrouvent pour sauter du haut d’un immeuble et meurent la main dans la main parce qu’on les auraient empêchés de vivre ensemble. Romaîssa devait se marier le jour même avec un habitant de Sétif (autre ville de l’est) que ses parents ont choisi pour l’éloigner définitivement de son amoureux d’enfance. Le jeune couple a brisé le mariage forcé en y laissant la vie.
[Conservatisme à la peau dure]
Leur suicide crée le scandale et fait le buzz sur la toile algérienne. Si dans la capitale, il est plus facile de défendre le droit à l’amour, à l’intérieur du pays, il n’a toujours pas droit de cité. Ils sont nombreux à condamner « l’insolente forfaiture » de ce jeune couple, laissant si peu d’arguments à ceux qui s’insurgent contre les mariages forcés. Les commentaires recueillis sur la toile dévoilent les contradictions d’une Algérie qui se cherche encore.
« Ses parents ne sont responsables. Le vrai problème, c’est les relations amoureuses avant le mariage. C’est proscrit par l’Islam. Et se suicider par amour est encore plus grave, qu’ils brûlent en enfer! »
Un commentaire cinglant parmi tant d’autres. Romaîssa est particulièrement prise pour cible.
[La femme pécheresse!]
« L’amour est un sentiment noble qui ne doit pas précéder le mariage. Il n’est pas dans notre culture d’avoir des amoureux, alors s’il vous plait les filles, faites bien attention à vous, voyez à quoi mènent les relations hors mariage! » commente un internaute.
« Romaissa est ma voisine. Elle est sortie de chez elle à 5 heures du matin pour le rejoindre. Ils se sont pris par la main et ont sauté les pauvres. Tout ça à cause d’un mariage forcé, quelle calamité », écrit Yasser sur un page Facebook où la polémique enfle.
« Cette fille est tout simplement mal élevée et manque de bon sens » rétorque Mouhsin.
« Elle allait se faire violer par un inconnu et vous dites que ce n’est pas une raison de se suicider? Vous ne pouvez imaginer ce que ça peut faire à une femme de se faire violer tous les soirs et d’entendre la société lui dire que c’est normal parce que cet homme est son mari » tente d’expliquer Linda, une internaute.
« Haram/ Hallal, qui a le droit d’en juger. Ils n’ont fait que s’aimer. Si leurs familles les avaient laissés se marier, tout ça ne serait pas arrivé » tente de défendre encore une autre internaute, Imène.
« Tu n’as qu’à faire comme elle » lui répond très vite Hani.
Le débat se focalise très vite sur la place de la femme dans la société. Son devoir de droiture et de docilité, loin des tentations de l’amour. Les commentaires pleuvent et créent le malaise.
Fella Bouredji
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