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Peak oil, pétrole de schiste et survivalisme (1/2)

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  • Peak oil, pétrole de schiste et survivalisme (1/2)

    Je ne m'étais pas intéressé au gaz de schiste, me disant que ce n'était que du gaz, intéressant, mais pas autant que les hydrocarbures liquides en déclin, car ayant une densité énergétique moindre et des coûts de transport plus élevé. De plus les réserves de gaz ne montrent pas de signe de faiblesse actuellement. Puis le pétrole de schiste est apparu sur le devant de la scène, décrié par certain, adulé par d'autre. J'ai essayé de me débarrasser des parti-pris pour me forger une opinion.

    Cette partie (1/2)est consacré à répondre à la question : Pourquoi s'intéresser au pétrole et pas au gaz ?



    Si le gaz est idéal pour les installations fixes (usine de nitrate, cimenterie, centrale électrique) où on le préfère au pétrole pour son prix plus bas, il est inadapté (par rapport aux liquides) aux utilisations mobiles (transport) où isolées (celles dont les consommations ne permettent pas d'amortir la livraison par tuyau). Aujourd'hui la totalité de nos processus économiques sont dépendants des transports et l'on hésite pas à faire parcourir (par camion) à nos objets et notre nourriture des milliers de kilomètres pour gratter quelques pourcent de marge , souvent gagnés sur du dumping social (en fait, quelque % de marge en moins vous fait facilement passer d'un buiseness florissant à la faillite). Notre structure économique est particulièrement dépendante des transports. De plus, le pétrole (conventionnel) semble commencer à manquer, alors que l'on disposerait de plus de marge pour le gaz.



    Imaginons les transports sans pétrole, mais avec du gaz (méthane)

    Expédions tout d'abord le cas des avions&bateaux : les avions restent cloués aux sol, les gros bateaux passent au charbon

    Dans une série d'articles précédents, j'avais calculé que, à 200 bar le méthane ne permet de récupérer que 1,6 MJ/l (MegaJoule/litre) d'énergie mécanique (rendement 25%) contre 9,5MJ/l pour le gasoil soit 6 fois moins.

    (http://www.agoravox.fr/actualites/t...)

    Ainsi, une voiture disposant de 500l de réservoir de gaz naturel comprimé (ce qui est énorme : sphère d'1m de diamètre) et roulant à 30ch (20kW) ce qui est une puissance très moyenne, l'autonomie n'est que de 11 h.

    Les véhicules particuliers roulant au GNV sont presque tous équipés de réservoirs d'essence additionnels pour prolonger l'autonomie en cas de besoin et les bouteilles prennent beaucoup de place.

    Changeons d'échelle et passons à 300Ch (200kW), ce qui est une puissance courante pour des tracteurs routiers ou agricoles et calculons le volume de gaz nécessaire pour fonctionner 6h d'affilée : nous obtenons un volume de 2,7 m3 soit une sphère de 1,75 m (nb on ne range pas du gaz à 200 bars dans un cube, pour des raison de résistance à la pression c'est une sphère ou le classique cylindre accolé de 2 demi sphères). C'est envisageable pour les tracteurs routiers, à condition de faire courir des gazoduc le long des principaux axes routiers (ce pourrait être un investissement d'état tout à fait pertinent, tout comme d'entretenir les voix ferrées désaffectées à minima, pour les réaffecter si besoin, beaucoup plus à priori que de construire un aéroport supplémentaire) par contre cela ne l'est pas pour les tracteurs agricoles, de plus il faudrait livrer dans chaque exploitations mécanisée du monde un semi remorque de gaz comprimé presque toutes les semaines pas sur que se soit possible logistiquement, et si les techniques agricole sans labour ne tiennent pas leurs promesses, des tensions fortes sont à prévisible dans la production alimentaire. Dans un monde en pénurie pétrolière, une transition alimentaire inversée est à prévoir (diminution des rations de viandes, puis diète calorique, voire diminution de la population). En approvisionnement pétrolier fortement contraint, il serait donc judicieux de réserver la production résiduelle aux agriculteurs. A noter qu'une diminution du labour (et de son équivalent marin le chalutage) serait bienvenue pour la santé des écosystèmes.



    Prenons un exemple concret, celui des bus à gaz : le volume des bouteilles est de l'ordre du m3, reparti dans une dizaine de bouteilles logée sur le toit, sur presque toute la longueur du bus donnant une autonomie de 350 km pour 250 Ch. Le plein doit être quotidien.

    http://www.transbus.org/construc/re...

    Dans ce lien, cliquer sur "dossier gnv" et descendre tout en bas du tableau, la raison principale de la non généralisation des bus a gaz et du retour au diesel : "certains réseaux ont stoppé le renouvellement de la flotte des bus (a gaz) en raison de limites techniques liées à la capacité de remplissage de la station GNV" : les bus marchent très bien, mais les tuyaux sont pas assez gros.



    A travers ces quelques exemples, on comprend pourquoi les transports utilisent majoritairement du pétrole, car il est à la fois dense en énergie, ce que le gaz n'est pas, et fluide, ce que le charbon n'est pas. Passer les transports du pétrole au gaz nécessiterai déjà une restructuration du tissu économique. Il est a noter que le problème n'est pas dans la fabrication de gadget dans une usine chinoise ou de son transport au port de Rotterdam, mais bien dans sa distribution au client final, mais à quoi bon fabriquer des coques de téléphone portable, des tonnes d'engrais où de ciment ou de bidoche si l'on ne dispose que de tricycles à gaz pour les livrer à Triffouillis/marne, cité dortoir semie-rurale en quatrième couronne de région parisienne ?



    Que disent les cassandres ?

    La stabilité et la continuité de notre monde occidental (l'américan way of life, voire nos démocraties imparfaites) dépendrait entièrement de la pérennité de l'approvisionnement en hydrocarbures liquides (+/-85Mbarills/jour) qui elle n'est pas éternelle et arrive en bout de course d 'après les statistiques géologiques (le pétrole facile à extraire étant déjà en partie brulé, ne reste presque que du pétrole plus difficile d'accès. La décroissance qui n'est qu'un synonyme poétique de récession, voire l'effondrement sont inéluctables à court/moyen termes.

    C'est l'avis par exemple de Christian Laurut, qui sévit parfois sur agoravox, de Dmitry Orlov, dont je recommande la lecture des traductions sur le site orbite.com, beaucoup plus intéressantes que le présent billet, (notament « le pic petrolier c'est de l'histoire » et « en finir avec la dictature de l'image ») et Jean Marc Jancovici, dont le blog est incontournable pour qui s'intéresse au sujet. Ce dernier a mis en évidence une corrélation troublante entre les variations en volume d'hydrocarbure liquide consommé et les variation de PIB, les volumes d'hydrocarbures précédant de peu le PIB.

    http://www.agoravox.fr/auteur/chris...

    http://www.orbite.info/traductions/...

    http://www.manicore.com
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    J'ai choisi ces 3 là (il yen a d'autre) pour l'éventail de leur positionnement politique, et donc des réponses qu'ils apportent à long terme au problème :

    Christian Laurut, en libertaire buté, se contrefiche du changement climatique, prétendant que la Terre et l'Humanité en a vu d'autre, et s'étrangle à l'idée qu'il puisse servir de prétexte à de nouvelles taxes/subventions, réglementations et planification étatique, ce qu'il nomme « fascisme vert » et qui briderai l'adaptabilité humaine et sa capacité de survie. Il n'a aucun doute sur la fin prochaine du pétrole et l'impossibilité de maintenir notre niveau de vie et pense que l'adaptabilité humaine est maximale avec un état minimal.



    Dmitry Orlov voit dans le changement climatique un amplificateur possible,mais le maillon faible reste les disponibilités d'hydrocarbure liquide. Il se contrefiche des systèmes politiques et des diverses législations : Il pense qu'elles vont voler en éclat. Il est parfaitement conscient du talon d'Achille de l'ultralibéralisme en cours, à savoir que dans un système économique où la concurrence est exacerbée , les considérations de court termes, mêmes futiles, occultent complètement le long terme, ce qu'il énonce dans un de ses écrits de la façon suivante :

    « Le projet d'éviter des conséquences désastreuses n'est pas une affaire lucrative, en soi, et ne se trouve pas financé. Mais importer de Chine des millions de citrouilles d'Halloween en plastique orange chaque année est un pari facile, et donc le marché donne priorité aux citrouilles en plastique orange sur ce qui est essentiel pour nous maintenir en vie. La main invisible du marché, il s'avère, est attachée à un invisible idiot ».

    Tandis qu'il trouve que l'inefficacité économique avérée du système soviétique à été presque une chance pour leur population, habituée à se débrouiller face à l'incurie de son système économique elle a su faire face lors de l'effondrement de l'URSS peu après la fonte de leur rente pétrolière.

    Il reconnaît par contre l'efficacité de certains investissements planifiés et centralisés non rentables en soi, comme l'éducation de masse, une politique de logement concentré, un système de santé à coût mutualisé, un système de transport en commun, tous ces services publics de base qui donnent de l'urticaire aux ultralibéraux. Ce n'est par contre pas un planificateur à outrance car il estime que les adaptations pertinentes ne sont pas prévisibles à long terme et il connaît les dégâts que peut faire une économie trop planifiée. Bref à court terme et en période d'abondance en énergie, le capitalisme s'impose, à long terme et en pénurie il n'en est pas sur (moi non plus d'ailleurs). Sa démarche consiste à s'adresser directement aux populations (merci internet) afin de leur conseiller d'adapter leur vie à diminuer aux maximum leur dépendance aux hydrocarbures ou au moins de ne pas être surpris par une rupture d'approvisionnement. C'est un survivaliste.

    http://www.youtube.com/watch?v=a0J2...



    Jean Marc Jancovici est un petit peu plus circonspect sur la fin des hydrocarbures liquides, raisonne en terme de stock global fossile, craint qu'on ne cogne dans les réserves de charbon pour les transformer en carburant liquide (coal to liquid) et fait une véritable fixette sur le taux de CO2 et le changement climatique. Il croit en l'intérêt d'une démarche collective planifié(politique &étatique) et milite pour un déplacement de la fiscalité du travail sur celle de l'émission de carbone, seule à même selon lui de forcer la population à réduire progressivement plutôt qu'abruptement sa consommation d'énergie. Les habitudes ainsi prises seront salutaires lorsque la pénurie deviendra critique (la fable de la cigale & la fourmi revisitée : la cigale occidentale ayant consommé sans compter tout l'été pétrolier, se retrouva fort dépourvue quand la bise fut venue, tandis que le fourmi...). Aux détracteurs qui l'accusent de vouloir instaurer un fascisme vert, il rétorque qu'il ne voit pas d'autres voies pour éviter le fascisme tout court.


    Certains prévoient même une diminution de la population par compétition sur les ressources. L'humanité est hélas capable de beaucoup d'imagination pour accélérer le processus.



    700 millions de petits chinois, et moi, et moi, et moi.

    La production mondial de pétrole est de l'ordre de 85-90 millions de baril/jour, soit 13-14 milliards de litres/jour. Rapporté à une population de 7,1 milliards, cela nous donne à peu près

    2 litres/humains/jour : voilà une unité plus « palpable » de la dot pétrolière actuelle.

    Tout juste de quoi parcourir 20 km aller-retour avec une voiture classique ( passer directement d'un volume de pétrole brut à celui du gas-oil ou de l'essence est un raccourci simpliste, mais il permet de fixer les ordres de grandeurs). Heureusement (pour moi en tout cas) que cette manne est très inéquitablement distribuée, je ne pourrait même plus aller travailler. Cela promet d'âpres luttes géopolitiques dans les années qui viennent (on dirait qu'elles sont déjà en cours), la REALPOLITIK va régner en maître et il n'y aura pas de place pour les bisounours.

    La France, pour 66 millions d'habitants, consomme de l'ordre de 1,8million de baril/j soit 4,3l/jour/français

    La population chinoise est actuellement un peu supérieure à 1,3 milliard. Le monde a bien changé depuis la chanson de Jacques Dutronc(1966), époque du pic pétrolier/humain. Elle aurait consommé en 2009 de l'ordre de 8,2 millions de baril jour. Soit1,3 milliard de litre/jour, donc grosso modo 1litre/j/chinois. Doubler cette consommation pour l'amener à la moyenne mondiale, ce qui ne serait pas volé pour l'atelier du monde, créerait un « appel de pétrole » de l'ordre de 10% de la production mondiale. Pas sur que la géologie le permette !

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_...

    On peut faire le même raisonnement avec les autres paragraphes de la chanson , sans oublier d'actualiser les populations ni les 28 millions de saoudiens qui sont les premiers à se servir.

    J'ai bien peur qu'il ne faille prochainement apprendre à vivre avec 3l de pétrole/jour/français et donc devoir convertir malgré tout une partie du parc au gaz naturel (GNV) et au GPL.



    Mais que font nos élus ?

    Ne croyez pas qu'ils ne fassent rien, mais le défaut de nos démocraties est le même que celui du libéralisme ambiant : le court terme prime : Ils se démènent comme des fous pour sécuriser à court terme notre approvisionnement, la (coûteuse) interventions militaire en Lybie et la volonté de le faire en Syrie ne s'explique pas autrement. ils ne font pas grand chose (c'est hors de la durée de leur mandat, voire hors de leur mandat tout court) pour limiter notre dépendance à ces même hydrocarbures, la récession promise n'étant pas politiquement vendable.

    http://www.mondialisation.ca/syrie-...



    Quelles alternatives pour les transports ?

    les hydrates de méthane ne sont aussi que du méthane (les japonais essayent d'en récupérer, on peut les comprendre, depuis que leurs réacteurs nucléaires sont arrêtés, leur balance commerciale se dégrade et cela pourrait remettre en cause leur stabilité financière. Ils essayent de faire feu de tout bois pour leur production électrique.

    Les batteries sont physiquement limitées, je doute qu'on puisse faire mieux que 2à 3 MJ/kg, contre 10 pour le gasoil (énergie mécanique). De plus le problème de la production électrique reste entier.

    Quid des supercondensateurs ? Là je botte en touche, et j'aimerais bien avoir un ordre de grandeur de la densité maximale théorique. Reste le problème de la production électrique.

    L'hydrogène est une arnaque, dont la promesse marketing d'un peu de vapeur d'eau à la sortie de la pile à combustible masque des problèmes de densité d'énergie et de coût de transport plus aigus que le méthane avec en plus des questions de synthèse de ce gaz.

    La liquéfaction du charbon pose des problèmes de rendement et les investissements à réaliser sont plus conséquents qu'une raffinerie. Cela reste une alternative crédible.

    La fusion froide : à ce jour aucune expérience n'a été reproductible, laissant quelques doutes quand à l'existence du phénomène. Depuis 20 ans on a bien du tester tout les métaux, tous les solvants et toute les tensions non ? Oui je sais, un vaste complot des pétroliers !

    l'air comprimé ? Pfffffff du vent



    Mais que font les industriels ?

    Les industriels ont des analystes qu'on peut supposer compétents (plus que l'auteur de cet article) et il peut être intéressant de suivre leur décisions d'investissement ou de désinvestissement long terme, qui ne sont calqués que sur la maximisation du profit pour leur actionnaires (c'est leur raison sociale, il n'y a pas à s'en formaliser). Pas de politique, pas de sentiment, pas de patriotisme ! Que des paris sur le long terme !

    TOTAL ferme des raffineries en France, investit dans celles du Moyen-Orient : Total n'anticiperai-t-il pas une baisse de la consommation en France, une hausse au Moyen-Orient ?

    http://www.leblogenergie.com/2013/0...

    Les gaziers se mettent à proposer des livraison de gaz liquéfié en camion thermos (-168°C) pour leurs gros clients non raccordés : est-ce là notre nouveau plein quotidien ?

    http://professionnels.gasnaturalfen....



    résumé de la première partie : la production de pétrole conventionnel commence à fléchir et le passage au gaz, l'alternative la plus séduisante, nécessitera déja une recomposition de nos sociétés, et il n'est même pas sûr que les investissements soient réalisables assez vite, ni qu'il y ait une volonté politique de le faire.

    partie 2 à venir : la place éventuelle du pétrole de schiste.
    agoravox
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

    Commentaire


    • #3
      Peak oil, pétrole de schiste et survivalisme (2/2)

      Dans l'aticle précédent (1/2) nous avons parlé des conséquences potentielles d'un déclin commencé de la production de pétrole conventionnel et que le passage au gaz, l'alternative la plus séduisante, nécessitera à minima une recomposition de nos sociétés.

      Dans cette partie (2/2), Nous allons évoquer la place éventuelle du pétrole de schiste.



      Le pétrole de schiste, c'est quoi ?

      C'est ce qui veut bien sortir et diffuser par les failles de fraking avec le méthane car chauffé par les entrailles de la terre, et qui est liquéfiable à la surface par refroidissement ou compression. On dit alors que le gaz est "humide". Le pétrole de schiste est donc du « superlight » essentiellement constitué de petites molécules c'est à dire

      essentiellement du GPL de l'essence un peu de kérozène, peu de gasoil.

      (les pétroles brut sont ditillé et séparés en fonction de leur point d'ébullition en : butane-propane, naphta, essence, kérozène, gasoil&fioul, fioul lourd, voire bitume. plus ils sont riches en essence, plus il sont "leger", plus ils sont riche en fioul lourd et bitume plus ils sont "lourd")

      L'arrivée des pétroles de schiste sur le marché a donc déséquilibré le ratio de disponibilité gasoil-essence, (on a un excès d'essence par rapport au gasoil) ce qui à tendance à réduire l'écart de prix entre le 2 carburants. Alors que si il fallait cogner plus dans les pétroles extralourd venezuellien ou les schiste bitumineux canadien, les gisements de pétrole light d'Afrique & de Mer du Nord déclinant on aurait eu l'effet inverse. A quand l'essence au prix du gas-oil ?

      La volonté affichée des autorités de réduire l'avantage fiscal lié au gasoil est certainement lié a ce glissement progressif vers plus d'essence & moins de gasoil disponible sur le marché.

      Le petrole de schiste se forme si les schistes qui piègent le kerogène est maintenu dans la "fenêtre à huile", c'est à dire entre 2000 et 4000 m. Plus bas, ne se forme que du méthane

      http://www2.ggl.ulaval.ca/personnel...



      Le pétrole de schiste c'est rentable ?

      On entend régulièrement des doutes émis concernant la rentabilité des ressources non conventionnelles. Les acteurs perdraient de l'argent, il y aurait un ponzi fiscal organisé, la bulle va bientôt se dégonfler.

      J'ai l'intuition suivante (d'autres l'on aussi) : les acteurs perdent de l'argent quand le gaz est sec et donc dans les régions ou l'on extrait que du gaz, le prix de celui ci ayant beaucoup baissé, mais ils en gagnent quand le gaz est humide (gaz+ pétrole de schiste), le prix de pétrole étant étonnement stable et élevé (en euro autant que durant la flambée de 2007).

      http://www.leblogenergie.com/2013/1...

      http://aerobarfilms.over-*********/a...

      D'ailleurs le gaz de schiste qui sort du Dakota est jugé si peu rentable qu'il est torché, seul le pétrole est récupéré :

      http://www.lefigaro.fr/environnemen...

      Cette stabilité des cours mondiaux du pétrole est peut être un des effet de ce mode de production de pétrole ou les puits ne produisent que très peu de temps : le temps de réponse est très court et les cycles de production peuvent s'ajuster avec les cycles économiques.



      Le pétrole de schiste c'est polluant ?

      Sans aucun doute mais est ce beaucoup plus que les autres modes d'exploitation pétrolière ? Ce serait une question à poser aux habitants du delta du Tigre &Euphrate, du fleuve Niger, et j'en oublie sûrement.

      Les principaux problèmes semblent être la pollution des nappes phréatique (sur de grandes surfaces) et l'impact au sol. Entre la mauvaise foie des pétroliers qui nient toute pollution et celle des ecolo qui ne voient que la pollution et ignorent les intêrets économique, il est impossible pour un particulier de se faire une idée.

      Je voudrais juste rappeler aux opposants inconditionnels, que tant que nous pouvons obtenir des quantités suffisantes d'hydrocarbure, pour partie à crédit (jamais payés) pour autre partie en refourguant des armes, des denrées agricoles et le PSG, tout va bien, mais que si cette situation devait changer, et que la stabilité de la société en dépend, ces réserves seront exploitées si cela est techniquement possible et ce quelque soit les promesse ou les lois faites auparavant. Une indemnisation sous-évaluée façon « services des domaines » est à prévoir et si vous voulez construire dans les cevennès ou en milieu isolé dans le bassin parisien, prévoyez anti-sismique et n'envisagez pas de plus-values.

      A propos du Nigeria, où les vols d'hydrocarbure (sont ils illégitimes ?) sont monnaie courante au point que Margerie en a les moustaches totalement horripilées : J'ai été stupéfait d'apprendre qu'il existait des raffineries clandestines alors qu'il n'y a pas si longtemps que çà on considérait que le goulet n'était pas dans le débit des puits mais dans les capacités de raffinage, les pétrolier rechignant a y investir, considérant que ce n 'était ni glamour, ni rentable et que cela immobilisait trop de capitaux. Voilà t-il pas que les nigerians nous font des raffineries clandestines (en gros des alambics avec très certainement des rendements médiocres et des impact environnementaux importants), trop fort ces nigerians !!
      The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

      Commentaire


      • #4
        Je ne puis que suggérer aux Iraniens d'y effectuer des stages, incapables qu'ils sont de monter une raffinerie opérationnelle depuis des décennies, l'importation d'essence leur coûtant un bras. Voilà qui est étrange, une nation capable d'importer et d'assembler en catimini une chaîne de centrifugeuses à uranium, qui prétend développer des avions furtifs et pas foutue de former des chaudronniers pour souder des tôles et raffiner leur propre pétrole alors que la maffia nigeriane y arrive très bien ? Y a quelque chose qui cloche là dedans.



        EROEI toi même !


        L'EROEI, (energy returned on energy invested ) mesure la capacité d'une filière énergétique locale ou globale à dégager plus d'énergie que l'on doit en investir pour l'obtenir. L'EROEI est en baisse depuis le début de l'exploitation pétrolière, normal, on va chercher d'abord les ressources les plus faciles d'accès. Ce n'est évidement pas une bonne nouvelle.

        Et celui des pétrole de schiste est assez mauvais.

        Mais c'est un truc d'écolo ou de physicien, pas forcément une donnée déterminante dans le monde réel. En effet toutes les énergies ne se valent pas, et si 1 kilo de gas-oil, 1,2m3 de méthane ou 1,5kg d'anthracite peuvent dégager approximativement la même quantité d'énergie en brûlant, le fait que le pétrole commence à être rare et qu'il est beaucoup plus commode pour les transports justifie un prix plus élevé et que l'on consomme une certaine quantité d'une autre énergie pour l'obtenir (jusqu'à une certaine limite).

        Ainsi, selon moi, peu importe le charbon utilisé pour fabriquer les tubes d'acier des forages et le ciment qui les scellent, le moteur à gaz pour le forage et le fracking (admettons), l'électricité nucléaire pour refroidir les bières des foreurs ce qui compte, c'est le pétrole utilisé à tous les stades du processus : carburant utilisé pour les engins de terrassement, celui utilisé pou extraire le charbon, le minerai de fer, l'Uranium, la chaux, celui pour transporter le pétrole extrait, amener les tubes d'acier et le ciment etc.

        Le ratio qui devrait être pris en considération (pour le pétrole) est l'Oil Returned On Oil Invested : l' OROOI (celui là je viens de l'inventer).

        Ainsi le biocarburant issu de l'éthanol de Maïs a un EROEI à peine supérieure à 1 et ne devrait pas être produit selon la logique de l'EROEI. Il ne devrait pas l'être non plus selon des critères éthiques (souci de la faim dans le monde), d'utilisation rationnelle et à long terme de terres, de préservation de la biodiversité, d'émission raisonnable de gaz à effet de serre etc. Mais il l'est selon la logique du marché, peu importe le gaz consommé pour les engrais azoté, la chaleur récupérée d'une centrale thermique à charbon pour distiller l'ethanol (on peu être intelligent quand même), l'energie dépensée pour la deshydratation finale, ce qui compte c'est l'OROOI.



        Le pétrole de schiste, c'est combien ?

        On aborde ici la question primordiale de l'article, et la plus incertaine :

        Les seuls USA produisent 2 millions de baril/jour de pétrole de schiste (soit de l'ordre 2% de tout le pétrole mondial produit : des débits non négligeables sont productibles d'aprés l' US EIA (US energy information administration ) il aurait dans le monde 345 milliard de baril de pétrole de schiste récupérables. Ces chiffres sont sujets à caution, mais se sont les seul disponibles.

        http://gazdeschistesprovence.wordpr...

        Divisons cette données par 2 : Ils ont été « gros doigt » et ont grossièrement doublé les réserves : Les polonais ont été décu par leur reserves de gaz, mais ils continuent, ils ont été tellement martyrisés par les russes au cours de leur histoire qu'il considèrent que diminuer leur dépendance vis a vis de Gazprom vaut bien de polluer un peu leurs nappes phréatiques. Les résultats en Argentine semblent par contre excellents. On peut aussi imaginer une production en eau peu profonde.

        Divisons encore par deux : On ne va quand même pas forer sous les villes (trop de personnes a indemniser) ni se geler les gonades en arctique pour un puits qui ne produira qu'un an : il nous reste 86 milliard de baril.

        Divisons la par 20 ans : il nous reste 4 milliard de baril/ans

        divisons la par 365 : il nous reste 11 millions de baril /jour pendant 20 ans !!!!!



        Reprenons notre production de pétrole conventionnel de 85M barril jour et faisons la décliner de 5%/ans(hypothèse pessimiste mais réaliste sans investissement). Pour maintenir la production a peut près constante, il faudrait fournir en pétrole de schiste 4M/j la première année, 8 la deuxième 12 la 3eme, 15 la 4eme, 19 la 5eme, 22 la 6eme, 25 la 7eme etc

        http://petrole.blog.lemonde.fr/2013...

        On voit que se sont des quantités réalistes pour combler un manque pendant encore des années, surtout si on ajoute les rares nouveaux champs mis en production, un peu d'agrocarburant et les investissements pour améliorer le taux de récupération.

        Noter que je parle tout juste de maintenir la production pétrolière globale qui permet aux sociétés de préserver leur stabilité, Rien qui ne permette de faire économiquement revoler le Concorde, de dépasser le pic-oil/tête atteint il y a plus de 40 ans (la population mondiale a plus que doublé depuis) ni de justifier de la construction d'un nouvel aéroport financé par de l'endettement et qui sera inutile avant d'être livré, le trafic aérien étant le premier secteur à ne pas supporter de pénurie de carburant (peut être que l'on aura même fermé un des aéroport parisien d'ici là).

        On voit que l'on peut espérer un approvisionnement à peu près constant pour les 20 prochaines années, et que le pic pourrait bien être « un cap, que dis-je c'est un cap, c'est une péninsule ».

        Je suggère aux individus tentés par une démarche survivaliste « intégrale » une (re)lecture du « Désert des Tartares », de Dino Buzatti : Après avoir attendu Le Chaos toute leur vie, Ils seront trop vieux pour lui résister quand Il viendra frapper à la porte blindée de leur bunker retiré. Et si l'idée de s'interroger sur sa résilence personnelle et familliale aux aléas de la vie, de prévoir une deuxième bouteille de gaz, quelques semaines de stock de nourriture, tenter de cultiver quelques légumes en permaculture (NB1), garder quelques milliers d'euro &quelques pièces d'or ou d'argent dans un coffre personnel (NB2) me semble pertinente, en faire plus (renoncer à une vie professionnelle, stocker plus d'une année de nourriture, se constituer un arsenal de plusieurs milliers de munitions, tout retirer des banques pour métalliser son patrimoine) me semble relever d'un Trouble Obsessionnel Compulsif non pertinent tant individuellement que collectivement. (NB3)

        Après les craintes d'hiver nucléaire de la guerre froide, de bug de l'an 2000, de la fin du calendrier maya, l'apocalypse par pénurie pétrolière qui est l'argument massue des survivalistes actuels pourrait bien attendre un peu, le monde pourrait avoir encore assez de carburant pour une génération : « Caramba encore raté !! »

        Notre génération aura quand même a gérér la fonte des rentes tant capitalistes que sociales (=acquis sociaux auxquels nous profitons tous, que ce soit directement ou indirectement) faute de contrepartie réelle parmi les actifs. Il n'est déjà pas sûr que la démocratie soit pérenne dans ces conditions.



        NB 1) Outre l'intérêt d'une fraicheur alimentaire inégalable, l'augmentation de la part de la nourriture dans un budget me semble inéluctable du fait du renchérissement des hydrocarbure, l'augmentation de la population et de la consommation de viande parmi les émergents, la culture d'agrocarburants, la diminution de superficie (urbanisation) et la dégradation des terres arables (cf travaux Claude & Lydia Bourguignon), de l'âge moyen des agriculteurs, et même des décisions européennes : la récente décision de réglementation des semences institue de fait un oligopole de semenciers qui ne vont pas manquer de constituer un cartel (entente sur les prix) des semences, qui sera évidement payé par le consommateur final. L'amende qu'il vont recevoir quand le pot-aux-roses sera découvert sera de toute manière très inférieure aux bénéfices distribués, les semenciers auraient tord de s'en priver. Je n'arrive pas à croire que l'on soit si bête ou si naïf à la commission, j'en déduis qu'ils sont corrompus !!! lobbying quand tu nous tiens !

        NB 2) Je considère que nos banques flirteront avec la faillite aussi longtemps que le « mark to market » ne sera pas rétabli, et qu'elles pourront de fait maquiller leur comptes tout à fait légalement. (sans que leurs dirigeants ne risquent de prison pour délit de présentation de faux bilan).

        NB 3) Si l'obsession survivaliste me semble idiot, se consacrer tout entier à une vie professionnelle hyperspécialisée sans jamais lever la tête du guidon me semble tout autant stupide. Le monde change si vite que les efforts d'une vie peuvent être balayés en un instant.
        The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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