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ROME / SAHARA OCCIDENTALE : «Nous allons lancer une grande campagne de mobilisation internationale»

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  • ROME / SAHARA OCCIDENTALE : «Nous allons lancer une grande campagne de mobilisation internationale»

    CONFERENCE 2013 - Conférence européenne de coordination du soutien au peuple sahraoui à Rome - Italie

    Pierre Galland. Président de la Coordination des comités de soutien européens au peuple sahraoui (Eucoco)

    «Nous allons lancer une grande campagne de mobilisation internationale»

    -Pouvez-vous nous faire le point de cette conférence des Comités de soutien européens ? Etes-vous satisfaits des résultats ?

    Vous savez, on pouvait craindre, étant donné la crise en Italie et en Espagne, qu’il y aurait beaucoup moins de monde que les éditions précédentes. Eh bien, c’est le contraire qui s’est passé. Vous vous rendez compte que quinze députés espagnols ont pris de leur temps pour venir manifester leur solidarité avec le peuple sahraoui. Je dois aussi saluer les efforts méritoires de nos amis italiens qui ont organisé cette conférence malgré la crise et les pressions, alors qu’eux mêmes étaient inquiets. Nous avons certes amputé la réunion d’une journée, mais cela n’a pas empêché l’excellent travail effectué dans les ateliers et cette très belle ambiance à l’ouverture et à la clôture de la conférence.
    Chose extraordinaire également, ces impondérables n’ont pas empêché la réunion du Parlement italien avec les députés présents ici et qui a été sanctionnée par un rapport de qualité, très favorable à la cause sahraouie. Cela n’a pas empêché enfin le président Abdelaziz d’être reçu avec beaucoup d’honneur ici, à Rome, par les commissions du Sénat et de la Chambre des représentants. Et cela, c’est très positif en ce sens vu que l’Italie va occuper la présidence de l’Union européenne l’année prochaine. Elle aura, si elle le veut, la possibilité de conduire le dossier au sein de l’UE.

    -Justement il a été beaucoup question, durant cette conférence, des ressources naturelles du Sahara occidental exploitées par le Maroc et certains pays européens…
    Effectivement, la question des ressources naturelles a été au centre des préoccupations. Les participants voulaient faire passer le message au Parlement européen pour interdire au Maroc d’exercer un quelconque regard sur les côtes sahraouies. S’ils veulent signer un accord de pêche avec le Maroc c’est OK, mais ils n’ont pas le droit d’englober dans cet accord les côtes sahraouies. Or, on sait très bien que la plus grande quantité du poisson pêché provient des côtes sahraouies. Il y a donc une hypocrisie qu’il fallait dénoncer.

    -On a l’impression que l’Eucoco n’est plus une conférence européenne dès lors que des comités de soutien viennent des quatre coins du monde…
    Exactement et avec un discours très clair qui prône la massification de la mobilisation pour porter aussi loin que possible la voix du peuple sahraoui. Et là, j’aimerais souligner la grande volonté des représentants des pays africains, comme ceux du Kenya et d’Afrique du Sud, d’apporter leur engagement fort pour faire triompher la cause sahraouie. Il y a eu aussi de nouveaux délégués d’Amérique latine, comme ceux du Mexique et d’Argentine et même d’Europe à l’image de ceux du Royaume-Uni, d’Autriche, de Suède et du Portugal. On assiste donc effectivement à une internationalisation de cette conférence et c’est tant mieux !

    - Ne pensez-vous pas que le contexte actuel, qui a marqué le retour en grâce des dénonciations des violations des droits de l’homme dans les territoires occupés, a quelque peu boosté l’Eucoco ?


    Je crois que ce qui a fait mouche dans le cercle des ONG et des associations des droits de l’homme, c’est que le Maroc s’était «vendu» comme une monarchie «démocratique» respectueuse de ces droits. Or, on s’est rendu compte que toute cette propagande n’est pas vérifiable dans les territoires occupés. Le Maroc a tenté de vendre son plan d’autonomie mais la répression, les tortures, les viols des femmes et le recours aux tribunaux militaires pour juger les activistes sahraouis ont mis à nu cette mystification.



    Il n’y a qu’à citer le rapport de l’université basque qui a révélé l’existence d’horribles charniers dans les territoires occupés. C’est dire que l’image que veut se donner le Maroc d’un Etat «progressiste et moderne» est en train d’être sérieusement écornée. Et c’est ce qui a sensibilisé, je crois, ces nouveaux arrivants à l’Eucoco.

    - Cette histoire de charniers pourrait donc être un tournant dans l’appréciation internationale de la cause sahraouie…


    Il faut préciser que ces horribles tueries mises au jour par la découverte de ces charniers ont été commises à l’époque de la transition, en 1976. S’il est vrai que le Maroc en est responsable, l’Espagne porte elle aussi une partie de cette responsabilité.



    De fait, cette affaire des charniers devient automatiquement une question européenne dans la mesure où l’Espagne y est pleinement engagée. Il est en effet avéré que les victimes découvertes avaient des cartes d’identité espagnoles. On peut donc introduire des recours devant les instances judiciaires européennes. Et cela change beaucoup de choses !



    Cette découverte macabre s’ajoute au rapport tout aussi accablant de la fondation Kennedy.

    - C’est une autre pièce à conviction à verser au dossier des violations des droits de l’homme…


    Absolument et il faut que les instances des droits de l’homme se saisissent du dossier et se donnent les moyens d’aller enquêter sur place. L’université basque a fait la découverte de deux charniers, mais il paraît qu’il y en d’autres. D’où la lancinante revendication de l’élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’homme, qui ne doit pas uniquement observer mais agir. L’ONU ne doit pas fuir ses responsabilités.

    - Précisément, êtes-vous optimiste par rapport à l’examen de la question sahraouie par le Conseil de sécurité en avril prochain ?


    Ce n’est pas une question d’optimisme. Je crois qu’il faut travailler à mobiliser plus autour du peuple sahraoui. A partir du mois de janvier, on va lancer une campagne internationale pour l’élargissement du mandat de la Minurso. On demandera l’appui des pays africains qui ont reconnu la RASD et aussi celui des Etats-Unis puisqu’ils ont le rapport Kennedy et bien sûr le soutien des Parlements latino-américains. Je reviens du Chili et je peux vous dire qu’il y a là-bas une connaissance du dossier du Sahara bien supérieure qu’ailleurs.


    On va donc solliciter tous ces pays afin de nous aider à faire pression sur le Conseil de sécurité. En avril dernier, la proposition a été recalée à la dernière minute mais l’avertissement était là. J’ajouterais que la France, qui se prétend patrie des droits de l’homme, doit être cohérente face aux souffrances du peuple sahraoui. On va enfin mener campagne contre le mur de séparation, contre la militarisation et pour le déminage aux abords du mur, qui constituent un obstacle au processus de paix.



    L’année prochaine, on se retrouvera à Madrid où avaient été signés les accords «pourris» du 14 novembre 1975 qui avaient consacré le partage du Sahara occidental entre le Maroc et la Mauritanie. Accord qui n’a été reconnu par aucun pays.
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