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Le chant du figuier ...

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  • Le chant du figuier ...

    S'ils t'interrogent dans mille ans

    Sur l'éternité de mon miel

    Dis leur qu'il rajeunit tous les printemps

    D'un pollen rouge qui défie la mort
    Et de fleurs souveraines qui décorent la liberté
    S'ils demandent aux larmes du poème
    D'où nous vient notre plume
    Montre leur l'aigle sur le Djurdjura
    S'ils te questionnent à la fin du temps
    Sur le secret de ma jeunesse
    Dis leur qu'à chaque aube je renais
    Des cendres de mon figuier
    A chaque défaite des pyromanes
    A chaque fois que le feu vaincu
    Se démit de ses flammes
    Aux pieds des racines incombustibles
    Et qu'à Oulkhou, sur une crête épanouie
    Se dresse l'épitaphe insurgée
    Qui signe mon immortalité
    Je suis la figue de braise
    Et mon figuier me porte sur ses blessures
    Je suis la figue de miel et de sang
    Fruit de tous les bûchers anéantis
    Du brasier romain et des flammes de l'empereur
    J'ai ressuscité diadème
    Sur le front de Jugurtha
    Lame d'argent
    Sur les nattes frondeuses de la Kahina
    Pour briser le cercle de feu oriental
    Ultime lueur de fierté
    Dans les yeux du roi Toumi
    A l'heure du déluge Ottoman
    Qui emporta le premier parfum d'Alger
    Emeraude sur les bracelets insolents
    Ornant, à la tombée de la nuit bleue
    Le bras levé de Lalla N'soumeur
    J'ai ressuscité serment incandescent
    Dans la terre blessée d'Ouamrane
    Au bout du fusil d'Ouzegane
    Et j'ai fini en refrain de lumière
    Sur la guitare d'Ait-Menguellet
    Pour qu'à jamais s'éclairent
    Les souvenirs ardents des fils du figuier
    Et que rayonnent sur les mémoires éteintes
    La vérité de Abane
    Et l'honneur de la Soummam
    Et quand pleurent les murs de ma prison
    D'avoir tant vu souffrir mes frères et ma chair
    Quand éclatent les sanglots d'El Harrach
    Sur le corps digne de ma patrie suppliciée
    J'entends monter la voix de Maatoub
    Sur un poème serti de mots de Neruda
    Hommage des Andes au Djurdjura
    Comme une offrande du combat universel
    Ce chant dédié par le sang
    A la résurrection du figuier :
    «Voici venir l'arbre, c'est l'arbre
    De l'orage, l'arbre du peuple
    Ses héros montent de la terre
    Comme les feuilles par la sève,
    Et le vent casse les feuillages
    De la multitude grondante
    Alors la semence du pain
    Retombe enfin dans le sillon
    Voici venir l'arbre, l'arbre
    Nourri par des cadavres nus
    Des morts aux visages troublants
    Décapités à coups de hache
    Écartelés par les chevaux
    Ou crucifiés dans les églises»

    N'avez vous rien retenu
    Frères, de la plaie
    De cet hymne des hommes libres
    Pour qu'à votre tour
    Pastichant Bigeard et les bourreaux
    Sous le drapeau vert encore chaud de notre sang
    Vous brandissiez contre le figuier
    La torche et le couteau ?
    N'avez vous donc pas entendu,
    Compagnons des ténèbres
    Ce cri planté dans le soleil
    Pour que, à peine sorti de la nuit
    Vous lâchiez sur nous les hiboux
    Pour déraciner à votre tour le figuier
    Sur le treillis encore vert du résistant
    Vous avez enfilé la casaque bleue de l'étranger
    Et vous avez marché sur la tombe de Amirouche
    Avec les bottes du maréchal Randon
    Vous avez écrasé la violette et l'aubépine
    Et jeté leur cri dans l'histoire
    Elles prirent le nom d'Amzal et de Guermah
    Et leur parfum embaume la patrie.
    Il est monté en vous le fol instinct du tyran
    Et de la main qui empala El Mokrani
    Vous avez tenu le fouet
    Qui zébra à Lambèse,
    Sable trahi souviens toi,
    Le dos nu de Saïd et Ferhat
    Et de la main qui pendit Ben M'hidi
    Vous avez étranglé le téton dénudé
    Qui allaita sur la terre berbère
    De jeunes dieux et de vieux rêves.
    Que faire du banjo sans Lounes
    Puisque le frêne et le cerisier
    Ne fleurissaient l'Akfadou
    Que pour inspirer le poète!
    J'ai vu trembler le patriarche
    Devant le sang adolescent :
    « Me restera t-il un seul fils
    Pour raconter ma mort »
    Et Mirabeau entra dans nos oliveraies
    Venger sa descendance
    L'an un du siècle nouveau
    Et T'kout hurla dans la douleur enragée
    De l'enfant qu'on arrachait à la mère
    Avec les tenailles du maréchal.
    Aux morceaux de chair martyrisée
    Qui pendaient des griffes des tortionnaires
    S'est ouverte la légende de Zighout
    Les serments de Benboulaid
    Et la mémoire des Aurès
    Et une promesse est tombée sur T'kout
    Du ciel qui pleurait cette nuit-là:

    « Vous ne nous diviserez pas
    Pour l'éternité
    C'est de l'union sacrée
    De la sève verte et de l'écorce orgueilleuse
    Que s'épanouissent nos racines
    Et que s'écrira l'épopée du figuier
    Telle que nous la chante Neruda »
    Voici venir l'arbre, c'est l'arbre
    Dont les racines sont vivantes,
    Il a pris l'engrais du martyre
    Ses racines ont bu du sang,
    Au sol il a puisé des larmes
    Qui par ses branches sont montées
    Parsemant son architecture
    Elles furent fleurs quelquefois
    Invisibles, fleurs enterrées
    D'autres fois elles allumèrent
    Leurs pétales comme des planètes
    Sur la colline oubliée
    Nous fêterons le retour de Nedjma
    Et de nos amours interdits
    D'un couscous de la mère d'Abrika
    Nous célébrerons en noces imprévues
    La seconde jeunesse de Yacine
    Et la résurrection de Thala
    Dans une patrie parfumée
    Aux encens du chêne et des sureaux
    Légués par les maquis de DA L'HOCINE
    Du poing levé d'Icherridene
    Nous ferons une stèle inoxydable
    À la mémoire d'une fleur de Beni Douala
    Qui se jouera des giboulées perverses
    D'oublis et de mensonges
    Et du figuier revigoré
    S'envoleront des feuilles éprises
    Mains ouvertes et conquérantes
    Pour annoncer aux plaines et aux déserts
    Aux hommes convoités par la fatigue
    Et aux épis hésitants
    Le pacte d'amour et d'espoir
    Conclu à l'aube d'un bonheur à vivre
    Par le sang et la mémoire
    Et s'il te survole une feuille de mon figuier
    Lève le bras, ouvre ton coeur
    Et tu liras, sur cette main éclatée
    Les lignes d'un destin reconquis
    Qu'avaient déchiffré pour toi
    Dans le coeur de la nuit
    Sur les nervures du figuier
    Les rimes Chiliennes du poète
    « Et l'homme cueillit sur les branches
    Les corolles aux parois durcies,
    Il les tendit de main en main
    Tel des magnolias, des grenades
    Et brusquement, ouvrant la terre,
    Elles grandirent jusqu'au ciel
    C'est lui l'arbre des hommes libres
    L'arbre terre, l'arbre nuage
    L'arbre pain, l'arbre sarbacane
    L'arbre poing, l'arbre feu ardent
    L'arbre du peuple, tous les peuples
    De la liberté, de la lutte
    Défends le but de ses corolles
    Partages les nuits ennemies
    Veillant au cycle de l'aurore
    Respire la cime étoilée
    En protégeant l'arbre, cet arbre
    Qui pousse au milieu de la terre »


    Mohamed Benchicou
    dz(0000/1111)dz
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