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Le leadership n’est pas une sinécure

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  • Le leadership n’est pas une sinécure

    Le leadership se mérite. L’une de ses voies, c’est encore une fois le respect des règles du bon voisinage. Celui-ci est incompatible avec la pression que l’Algérie officielle crée pour ses voisins maghrébins, et spécialement le Maroc. La course aux armements, le maintien, l’hébergement et l’armement des adversaires du Maroc, le refus de solution politique raisonnable au conflit du Sahara, l’ obstination à verrouiller les frontières, les campagnes hostiles contre le Maroc… ne peuvent être le fait d’un pays qui prétend au leadership

    Chaque fois que l’on vient à évoquer ici et là la politique marocaine de l’Algérie, les paroles d’un intellectuel algérien me reviennent à l’esprit : vous avez tort, vous les Marocains, d’attendre quoi que ce soit du régime algérien. Cette sentence fut prononcée par mon interlocuteur pendant une discussion où je me laissais entraîner par l’optimisme en parlant des potentialités et de l’inéluctabilité de la construction d’un Maghreb fonctionnant sur la base d’un partenariat mutuellement profitable. Pourtant mes moments de rêve maghrébin ne sont jamais suspendus à un geste officiel spontané, mais participent d’une démarche politique relevant de la Realpolitik. Comme d’autres, je pars de l’idée qu’un Maghreb attelé à une dynamique d’intégration économique créerait les conditions d’une paix durable et d’un bon voisinage dans l’intérêt bien compris des gouvernants et des gouvernés de la sous-région. L’amateur d’un tel espace rasséréné a, en outre, pour lui tout un chapelet d’atouts à égrener : langue, culture, religion, complémentarité économique, nécessité d’un front commun face à l’Europe unie, etc. Le croyant peut transposer à cette dynamique la symbolique du voisinage que recèle notre culture musulmane : le voisin n’est-il pas élevé à la dignité d’un quasi ayant droit vis-à-vis de son voisin ?!

    La force du rêve d’un destin maghrébin commun fait souvent oublier la réalité : le Maghreb actuel est fait par les gouvernements qui ne sont pas tous mus par une démarche rationnelle en matière de politique étrangère. Certains omettent d’être guidés par les principes de la responsabilité et de la prudence, chers au réalisme en politique internationale.
    La responsabilité n’est pas une chimère : un gouvernement est responsable à l’égard de ses citoyens et de ses voisins. A ce titre, il doit assurer à sa population paix, sécurité et bien-être. Les sociétés civiles vigilantes veillent au respect des clauses de ce contrat social qui, lorsqu’il y a une constitution, sont exprimées en termes d’impératifs juridiques. Or, lorsqu’il y a dilapidation des deniers publics dans le surarmement injustifiés et lorsque la politique officielle prive le citoyen de la liberté de circulation dans son espace naturel de déplacement, il ya manifestement violation desdites obligations. Le citoyen algérien est enfermé dans des frontières que le pouvoir s’obstine à cadenasser avec le Maroc. Des liens de famille, des intérêts économiques, le plaisir de voyager, etc. souffrent de ce fait. En cela, le pouvoir algérien contrevient aux stipulations que dicte la responsabilité à l’égard des populations.

    Qu’est-ce qui l’oblige à agir de la sorte ? Des menaces justifient-elles le maintien d’un état belliqueux dont pâtissent en particulier les peuples marocain et algérien ? Y-a-t-il un danger d’invasion marocaine ?

    Les observateurs de la géopolitique régionale connaissent la réponse : la quête ridicule et vaine du leadership par le pouvoir algérien sur la sous-région. Or rien ne légitime cette prétention. Pour aspirer à ce statut, il faut être un modèle pour les autres, politiquement, économiquement et moralement.

    Les gouvernants algériens successifs se sont contentés d’exploiter le capital moral de la lutte anti-coloniale, la logomachie socialisante des années 60 et le pétrole qu’ils ont mis au service de leur rêve de domination sur le Maghreb, voire sur l’Afrique tout entière.

    L’indépendance de l’Algérie, fêtée par tous les Maghrébins comme la leur propre, s’est faite sans relecture du passé de l’Algérie française qui a spolié les territoires voisins pour élargir l’espace d’une Algérie censée restée éternellement française.

    L’indépendance retrouvée, l’Algérie n’a à aucun moment songé à partager les fruits de sa manne en créant les conditions d’un co-développement au profit des peuples frères qui avaient consenti des sacrifices pour que naisse et vive une Algérie indépendante. Bien au contraire, tout avait été fait pour déstabiliser des voisins afin d’alimenter l’égo des nouveaux gouvernants, assourdis par le tintamarre verbal des slogans d’un modèle socialisant auquel on voulait soumettre les « frères » des pays limitrophes. Tout était bon pour chercher à complexer les autres Maghrébins censés vivre sous des régimes « réactionnaires ». La culture politique de l’époque facilitait cette tâche.

    Quelles sont aujourd’hui les retombées locales et régionales des slogans échafaudés autour du modèle « socialiste » d’une Algérie nouvellement indépendante grisée par des mots que lui susurraient des révolutionnaires d’ailleurs en mal de révolution dans leurs propres pays ?
    Que reste-t-il de l’industrie dite « industrialisante » brandie ostentatoirement par des dirigeants étourdis par leur audience internationale que facilitait leur alignement verbal sur les mots d’ordre anti-impérialistes ? A quel moment l’Algérie a-t-elle joué le rôle d’unificateur au niveau du Maghreb ? Quand a-t-on pu bénéficier dans cet espace de la sagesse de ses dirigeants et du savoir-faire de sa diplomatie ?

    Le « modèle » tant chanté a donc fait long feu et les slogans aussi. Reste la rage de voir durer des systèmes voués jadis aux gémonies au nom de standards politiques aujourd’hui révolus. Des systèmes qui demeurent pourtant des témoins encore bien vivants des folies mégalomaniaques d’une époque. Cette fureur a été alimentée par la honte pour l’Algérie officielle de devoir rejoindre, souvent par la petite porte, le convoi d’un libéralisme tant décrié. Une Algérie qui ne put tolérer de voir ses citoyens, au moment de l’ouverture des frontières, se faire photographier devant des étals achalandés, des boucheries prospères, etc. d’un Maroc censé avoir été mis sur les genoux par le néocolonialisme et les « suppôts » de l’impérialisme. On se demande si la fermeture des frontières algériennes avec le voisin de l’Ouest n’est pas due à l’incapacité d’affronter un monde sans pénuries…

    Le leadership n’est donc pas une prébende ni une charge que l’on acquiert moyennant finance. Il se mérite. L’une des voies, c’est encore une fois le respect des règles du bon voisinage. Celui-ci est incompatible avec la pression que l’Algérie officielle crée pour ses voisins maghrébins, et spécialement le Maroc. La course aux armements, le maintien, l’hébergement et l’armement des adversaires du Maroc, le refus de solution politique raisonnable au conflit du Sahara, l’ obstination à verrouiller les frontières, les campagnes hostiles contre le Maroc… ne peuvent être le fait d’un pays qui prétend au leadership. Celui-ci suppose un charisme et une reconnaissance de la part des voisins qui acceptent l’ascendant du leader. Sauf si, pour le pouvoir algérien, le leadership signifie la domination par la force des armes. Là, on se trompe de siècle et de lieu…


    Aziz Hasbi ( Quid.ma)
    Dernière modification par Serpico, 25 novembre 2013, 13h54.
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