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Le gaz de schiste va-t-il tuer la pétrochimie européenne?

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  • Le gaz de schiste va-t-il tuer la pétrochimie européenne?

    Le débat sur les gaz de schiste se concentre souvent sur la dimension énergétique ou environnementale. La question de leur impact industriel est tout aussi majeure : le renouveau de l'industrie pétrochimique américaine en témoigne. Alors qu'à la fin de la décennie 2000, cette industrie semblait vouée au déclin, la révolution des gaz de schiste aux Etats-Unis change radicalement la donne. Le pays des nouvelles technologies voit renaître sur son sol une industrie traditionnelle qui bénéficie d'un choc de compétitivité massif.

    Le gaz, une matière première pour la pétrochimie

    Source d'énergie, le gaz est également la matière première fondamentale du secteur pétrochimique. Avec un prix du gaz divisé par trois entre 2008 et 2012, le développement des gaz de schiste a fait chuter les prix de l'énergie aux Etats-Unis et réduit significativement le coût de l'éthane, qui forme la matière première utilisée par la pétrochimie américaine. Alors qu'en 2005, le coût de production des matières premières pétrochimiques aux États-Unis était équivalent à celui de l'Europe, il était, en 2012, trois fois moins élevé.


    Les pétrochimistes américains voient leurs marges s'envoler

    Les États-Unis sont devenus la deuxième région offrant les coûts en énergie et matières premières les plus bas au monde, juste derrière le Moyen-Orient. Non seulement, les pétrochimistes aux États-Unis voient leur marges commerciales s'envoler par rapport à leurs concurrents, mais des méga-projets de nouvelles capacités de production d'éthylène et de polyéthylène sont annoncés aux États-Unis, à tel point que l'on peut parler de relocalisation de l'industrie pétrochimique.

    Le monde entier investit aux Etats-Unis

    Et les investisseurs sont aussi bien américains qu'issus des pays émergents : saoudiens, indiens, brésiliens ou thaïlandais, les pétrochimistes du monde entier ont annoncé leur intention d'investir aux États-Unis. Si les projets annoncés voient le jour, les États-Unis vont devenir, avant la fin de la décennie, exportateurs nets de produits chimiques, éliminant le déficit commercial lié à l'importation croissante de produits pharmaceutiques.

    La pétrochimie européenne en mauvaise posture

    A l'opposé, la pétrochimie européenne se trouve dans une position difficile, entre une demande européenne atone, des coûts de l'énergie en hausse et un outil de production surcapacitaire et vieillissant. L'essor de la production américaine aggrave la crise et accélère les fermetures de sites en Europe. À terme,les pétrochimistes européens, déjà confrontés à la concurrence du Moyen-Orient, vont devoir affronter celle des produits Made in America, qui vont déferler sur le marché international après 2016-2017. Les produits américains vont concurrencer directement les produits à haute technicité dont l'Europe est actuellement le champion.

    Aller vers de produits à plus forte valeur ajoutée

    Prise en étau, la pétrochimie européenne se trouve ainsi confrontée à une nécessaire restructuration et adaptation de son outil de production en Europe. Adaptation qui passe par un redéploiement de leur production vers des produits plus innovants, à plus forte valeur ajoutée, moins intensifs en matière première énergie et moins émetteurs de CO2 (chimie verte, biochimie). Adaptation qui passe aussi par des investissements aux États-Unis pour profiter de la manne des gaz de schiste.

    L'accord de libre échange, un atout supplémentaire pour les américains

    Face à cette double concurrence du Moyen-Orient et des Etats-Unis, l'Europe doit réagir rapidement, plus encore dans la perspective de la conclusion d'un accord de libre-échange avec les Etats-Unis. Celui-ci devrait faciliter les échanges de produits chimiques entre les deux zones et permettre d'économiser 1,5 milliard d'euros par an de droits de douane selon le Conseil européen de l'industrie chimique (CEFIC). Mais il favorisera aussi l'importation de produits pétrochimiques américains si le différentiel de compétitivité reste aussi important entre les deux zones.

    Une réponse européenne en ordre dispersé

    Là est bien la question : jusqu'à quand le prix du gaz de schiste américain restera-t-il aussi bas et, quand il augmentera, dans quelle proportion ? Cette interrogation en entraîne immédiatement une autre : attendre la hausse du prix du gaz américain peut-il tenir lieu de stratégie à l'Europe qui dispose, elle aussi, de ressources en gaz de schiste ? Pour l'heure, les Européens répondent en ordre dispersé : Britanniques, Danois et Polonais sont décidés à exploiter leur ressource ; à l'opposé, la France s'interdit même d'explorer son sous-sol, laissant au département de l'énergie américain le soin de l'évaluer à partir d'échantillons et de données comparatives.

    Et elle attend de pouvoir bénéficier des importations de gaz de schiste américain pour son approvisionnement énergétique, gommant totalement la dimension industrielle - d'aucuns diraient de « redressement productif » - du débat.

    Un attentisme risqué

    L'attentisme est risqué. La pétrochimie est un secteur clé de l'économie européenne. Au-delà, c'est toute l'industrie qui est concernée : les produits pétrochimiques - plastiques et autres dérivés - irriguent une grande part de l'industrie manufacturière.L'état du secteur pétrochimique est un précurseur de la bonne ou mauvaise santé de l'économie d'une région et un indicateur clé du dynamisme de la production industrielle et de sa compétitivité à venir

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