Bertrand Delanoë, le maire de Paris, était en visite officielle à Alger ces derniers jours. L’occasion pour lui de tenir certains propos et notamment inviter les Français à regarder «la vérité en face» à propos des évènements d’octobre 1961, lesquels ont vu la mort de nombreux Algériens.
Bertrand Delanoë a choisi de rouvrir ce chapitre d’une mémoire commune et douloureuse mais pour le coup, n’y voyez pas une quelconque repentance. Le mot doit être soigneusement banni, selon son entourage et l’ambassade de France.
Et pourquoi donc ? Le maire de Paris, homme de gauche, ne pourrait-il se laisser aller à critiquer l’action de la France à cette époque et montrer ainsi une compassion politique ? En réalité, point trop n’en faut. Si une grande partie de la droite française est incapable d’imaginer faire les gestes de repentance minimale, à gauche aussi il n’est pas bien vu de qualifier du mot de «repentance» un discours qui met en lumière les crimes de la colonisation. Ainsi Monsieur Delanoë qui n’a pas abdiqué toute carrière nationale et ambitionne toujours d’être candidat à une éventuelle primaire socialiste ou de devenir ministre, tient-il à donner des gages à la frange la plus radicale de la population française pour qui le mot de repentance sonne comme un genou à terre devant l’ennemi là où, elle n’est que reconnaissance de souffrances endurées.
Jusque très récemment, bien des Algériens ont, il est vrai à loisir, manipulé politiquement le concept de repentance vis à vis des Français pour mieux les punir politiquement et commercialement. Résultat, on a pu voir, cette semaine, la France dépassée par la Chine dans son volume d’échanges avec Alger. Il est vrai que, jusqu’à la visite de François Hollande, l’an dernier, le climat qui avait longtemps prévalu entre Alger et Paris était cristallisé autour de cette notion de repentance.
Mais à présent qu’un «ami du Maghreb» - M. Delanoë a une propriété en Tunisie et il a inauguré des places Emir Abdelkader et Maurice Audin à Paris-, se hasarde à rouvrir politiquement le chapitre d’octobre 61, il ne faudrait pas qualifier cela de repentance mais bien plutôt d'«avoir le courage de regarder la vérité». C’est, semble-t-il, moins dangereux politiquement aux yeux de l’entourage du maire de Paris, c’est surtout moins sensible. Tout comme Monsieur Jourdain dans Molière faisait de la prose sans le savoir, M. Delanoë fait de la repentance sans vouloir le reconnaitre. Mais rien que de le lui faire remarquer, cela laisserait augurer d’une colère dont le maire de Paris est coutumier. A moins que la rencontre avec le président Bouteflika n’ait tenu qu’à cette clause de style.
Il est vrai que, dans le même temps, les parfaits diplomates et autres communicants qui entourent le maire de Paris avaient élégamment souhaité vouloir préciser que la rencontre entre les deux hommes avait eu lieu "à la demande d'Abdelaziz Bouteflika". Le maire de Paris ,coutumier des voyages dans le Maghreb où il fait tout pour se donner une stature d’homme d’Etat, n’aurait pas pu avoir la courtoisie de dire qu’il souhaitait rencontrer le président algérien. Cela aurait-il été, là encore, interprété comme de la repentance ? Décidément, les usages et les mots en disent long sur ceux qui les manipulent. Rencontrer des Algériens est une chose, se laisser dicter le commentaire sur les propos tenus en est une autre.
Pendant ce temps, un autre éminent français est présent à Alger. Le juge Trévidic à qui les autorités algériennes ont empêché, jusque-là, d’instruire, comme bon lui semble, l’affaire des moines de Tibehirine a mis le pied à Alger. Les Algériens qui ont dépensé des millions d’euros dans la propagande médiatique, visant à empêcher cette enquête sur leur sol, en sont pour leurs frais. Avoir commandité de pseudos enquêtes journalistiques, aidé des documentaires fallacieux, mobilisé l’opinion publique pour tenter d’influer sur le cours de la justice, oblige à reconnaitre que les autorités algériennes ont plié devant les demandes françaises et échanges entre Hollande et Bouteflika. Le président français s’était engagé à permettre que les familles des victimes aient droit à une enquête en Algérie et Abdelaziz Bouteflika, qui avait publiquement reconnu le bien-fondé de ces investigations, a donné le signal à l’appareil d’État pour accueillir le juge anti-terroriste. Au final, on termine la séquence avec le juge qui se « balade » dans Alger.
C’est un peu similaire à la politique algérienne sur le Sahara occidental. Les Algériens ont beau dire et faire, ils ne peuvent empêcher que le roi du Maroc soit reçu avec tous les honneurs à la Maison Blanche, quand, de son côté, le pouvoir algérien est empêché à El Mouradia. L’Algérie devrait revoir, singulièrement, ses méthodes de lobbying et le Premier ministre Sellal, homme sincèrement convaincu des vertus de la communication moderne, devrait œuvrer à concevoir une stratégie d’ensemble. Sinon l’influence de l’Algérie risque bien de se mesurer à l’aune de l’intérêt pour son pétrole. A la baisse.
Bertrand Delanoë a choisi de rouvrir ce chapitre d’une mémoire commune et douloureuse mais pour le coup, n’y voyez pas une quelconque repentance. Le mot doit être soigneusement banni, selon son entourage et l’ambassade de France.
Et pourquoi donc ? Le maire de Paris, homme de gauche, ne pourrait-il se laisser aller à critiquer l’action de la France à cette époque et montrer ainsi une compassion politique ? En réalité, point trop n’en faut. Si une grande partie de la droite française est incapable d’imaginer faire les gestes de repentance minimale, à gauche aussi il n’est pas bien vu de qualifier du mot de «repentance» un discours qui met en lumière les crimes de la colonisation. Ainsi Monsieur Delanoë qui n’a pas abdiqué toute carrière nationale et ambitionne toujours d’être candidat à une éventuelle primaire socialiste ou de devenir ministre, tient-il à donner des gages à la frange la plus radicale de la population française pour qui le mot de repentance sonne comme un genou à terre devant l’ennemi là où, elle n’est que reconnaissance de souffrances endurées.
Jusque très récemment, bien des Algériens ont, il est vrai à loisir, manipulé politiquement le concept de repentance vis à vis des Français pour mieux les punir politiquement et commercialement. Résultat, on a pu voir, cette semaine, la France dépassée par la Chine dans son volume d’échanges avec Alger. Il est vrai que, jusqu’à la visite de François Hollande, l’an dernier, le climat qui avait longtemps prévalu entre Alger et Paris était cristallisé autour de cette notion de repentance.
Mais à présent qu’un «ami du Maghreb» - M. Delanoë a une propriété en Tunisie et il a inauguré des places Emir Abdelkader et Maurice Audin à Paris-, se hasarde à rouvrir politiquement le chapitre d’octobre 61, il ne faudrait pas qualifier cela de repentance mais bien plutôt d'«avoir le courage de regarder la vérité». C’est, semble-t-il, moins dangereux politiquement aux yeux de l’entourage du maire de Paris, c’est surtout moins sensible. Tout comme Monsieur Jourdain dans Molière faisait de la prose sans le savoir, M. Delanoë fait de la repentance sans vouloir le reconnaitre. Mais rien que de le lui faire remarquer, cela laisserait augurer d’une colère dont le maire de Paris est coutumier. A moins que la rencontre avec le président Bouteflika n’ait tenu qu’à cette clause de style.
Il est vrai que, dans le même temps, les parfaits diplomates et autres communicants qui entourent le maire de Paris avaient élégamment souhaité vouloir préciser que la rencontre entre les deux hommes avait eu lieu "à la demande d'Abdelaziz Bouteflika". Le maire de Paris ,coutumier des voyages dans le Maghreb où il fait tout pour se donner une stature d’homme d’Etat, n’aurait pas pu avoir la courtoisie de dire qu’il souhaitait rencontrer le président algérien. Cela aurait-il été, là encore, interprété comme de la repentance ? Décidément, les usages et les mots en disent long sur ceux qui les manipulent. Rencontrer des Algériens est une chose, se laisser dicter le commentaire sur les propos tenus en est une autre.
Pendant ce temps, un autre éminent français est présent à Alger. Le juge Trévidic à qui les autorités algériennes ont empêché, jusque-là, d’instruire, comme bon lui semble, l’affaire des moines de Tibehirine a mis le pied à Alger. Les Algériens qui ont dépensé des millions d’euros dans la propagande médiatique, visant à empêcher cette enquête sur leur sol, en sont pour leurs frais. Avoir commandité de pseudos enquêtes journalistiques, aidé des documentaires fallacieux, mobilisé l’opinion publique pour tenter d’influer sur le cours de la justice, oblige à reconnaitre que les autorités algériennes ont plié devant les demandes françaises et échanges entre Hollande et Bouteflika. Le président français s’était engagé à permettre que les familles des victimes aient droit à une enquête en Algérie et Abdelaziz Bouteflika, qui avait publiquement reconnu le bien-fondé de ces investigations, a donné le signal à l’appareil d’État pour accueillir le juge anti-terroriste. Au final, on termine la séquence avec le juge qui se « balade » dans Alger.
C’est un peu similaire à la politique algérienne sur le Sahara occidental. Les Algériens ont beau dire et faire, ils ne peuvent empêcher que le roi du Maroc soit reçu avec tous les honneurs à la Maison Blanche, quand, de son côté, le pouvoir algérien est empêché à El Mouradia. L’Algérie devrait revoir, singulièrement, ses méthodes de lobbying et le Premier ministre Sellal, homme sincèrement convaincu des vertus de la communication moderne, devrait œuvrer à concevoir une stratégie d’ensemble. Sinon l’influence de l’Algérie risque bien de se mesurer à l’aune de l’intérêt pour son pétrole. A la baisse.
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