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Le Pape va recevoir l'islamologue algérien Mustapha Chérif

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  • Le Pape va recevoir l'islamologue algérien Mustapha Chérif

    Le Pape Benoit XVI va recevoir l'islamologue algérien Mustapha Chérif, après le Ramadhan, suite à la lettre que ce dernier lui a envoyé. Voici son contenu :

    Dialoguons au nom de la raison éclairée par la foi

    paru sur le journal “Le Monde”
    20 septembre 2006
    http://www.mustaphacherif.com

    Le journal français Le Monde a ouvert ses colonnes, dans son édition du 20 septembre, à l’islamologue algérien Mustapha Cherif, sous le titre « Au nom de Dieu, dialoguons », en réponse, sur le fond, aux propos offensants du Pape au sujet de l’Islam. Nous en publions la version intégrale.

    Notre responsabilité de croyants exige que nous pratiquions l’interconnaissance, que nous témoignions de la foi qui nous habite et que nous fassions tout pour empêcher les dissensions entre les fils d’Abraham. La propagande du choc et des amalgames ne doit pas l’emporter. Vos propos récents sur l’islam ont choqué les musulmans, nombre de chrétiens et de citoyens du monde. Cette situation est nuisible pour tous dans le contexte dramatique des relations internationales.

    Sur le plan du rapport à l’autre, nous revendiquons une fraternité spirituelle et un dialogue entre les trois rameaux monothéistes. Aux côtés de son frère chrétien, le musulman est le seul au monde à reconnaître que Jésus est le Messie, Verbe de Dieu fortifié par l’Esprit Saint. Le Coran, qui rappelle l’histoire des prophètes bibliques, en s’inscrivant, dans l’acte final de la révélation, dit : « Si Dieu l’avait voulu, il aurait fait de vous une seule communauté, mais il a voulu vous éprouver par le don de la différence.». Il insiste : «Dis-leur : je crois à toutes les écritures révélées; j’ai reçu l’ordre d’être avec vous équitable. Dieu est notre Seigneur, comme Il est le vôtre. Toute dispute entre nous serait vaine, vers Lui tout doit faire retour ». Nous espérons que votre position prolongera l’esprit du Concile Vatican II, celui de ces chrétiens qui, de saint François d’Assise aux orientalistes Louis Massignon, Jacques Berque et au Pape Jean-Paul II, ont dialogué avec l’Islam. L’islam est méconnu. Depuis toujours, il a été injustement déformé.

    L’Occident classique a été judéo-islamo-chrétien et gréco-arabe ; non pas seulement judéo-chrétien et gréco-romain. L’accueil par l’Islam de la pensée grecque n’est pas fortuit. Et sans cette rencontre, il n’y aurait pas eu de renaissance européenne. La falsification ne peut profiter qu’aux extrémistes. Le Coran nous dit : Dieu est Savant, l’Omniscient, qui désigne l’Homme comme son vicaire, son lieu-tenant, sur terre. De nombreux penseurs musulmans classiques nous disent : Dieu est le Logos Absolu, Trésor caché, ajoute le Coran, qui décide de Se révéler, en créant la vie et sa créature privilégiée : l’être humain doué de raison. C’est cela être à son image, Lui à qui rien ne ressemble.

    La révélation appelle à la réflexion. Raison et foi s’éclairent mutuellement. Si, selon le Coran, les anges se prosternent devant Adam, c’est à cause du privilège de la liberté, inséparable de la raison, octroyée comme fondement de l’existence. On reconnaît l’arbre à ses fruits, nous rappelle l’Évangile : l’Islam, a donné des fruits et a orienté vers le vrai.

    Le Coran, cette Voix qui nous parle réactive les qualités d’hommes et de femmes capables d’universel. L’humain selon le Coran ? Il n’est pas abandonné à une insoutenable épreuve, ni entaché par le pêché, puisque Dieu a accepté sa repentance. Il y a Présence du Divin en l’humain, son plus beau signe, fortifié par la Révélation comme guidance. La révélation a pour but de responsabiliser l’Homme directement, chacun doit la recevoir comme si elle lui était destinée. Quelle plus belle preuve de la confiance entre la créature et le Créateur ?

    Vous posez aussi la question de quel Dieu le croyant Se réclame ? Pour l’Islam, depuis quinze siècles, c’est le Dieu Miséricorde, plus proche de l’humain que sa veine jugulaire, dit le Coran. La transcendance n’empêche pas la proximité, la communication directe et l’anéantissement de toutes les distances. Le Prophète précise : le bel agissant est celui par qui Dieu voit, entend et marche. La révélation coranique non seulement permet de mettre fin à toutes les idolâtries, dont la parole du témoignage, schahada, clef pour être musulman, est le symbole fort, pas de dieux sauf Dieu, mais aussi donne à l’Homme, à la suite du Prophète, la qualité de témoin. Cette qualité noble ne peut être agréé que par l’exercice de la raison raisonnable en adoration fidèle à Dieu. Quant à la violence, le mot islam est de la même racine que le mot Paix, ce beau nom de Dieu. Le Coran précise, non pas à la Mecque au début de la prédication mais à Médine en position de force : « Nulle contrainte en religion ». La notion de conversion forcée est étrangère à l’Islam, tous les historiens le savent. La volonté libre et la sincérité du coeur sont les conditions de sa validation. Plus encore le Coran nous dit : « Croit qui veut et mécroit qui veut ». Avec clarté incomparable le Coran nous dit « Dieu guide à sa lumière qui Il veut ». Etre musulman est donc un privilège inestimable. La guerre ? Le Coran est sans appel : « Dieu n’aime pas les agresseurs ». Les croyants authentiques savent que le djihad signifie effort et non point guerre, grand effort sur soi, en vue d’être pieux, juste et patient. Le Coran appelle à la vigilance et à la légitime défense au conditionnel, petit djihad, pour que la loi du plus fort et des oppresseurs ne soit jamais la meilleure. Il précise : « Soyez juste, la justice est proche de la piété». Nous dénonçons les lectures et pratiques fermées, l’instrumentalisation de la religion et l’usage de la violence aveugle. Il faut en cerner les causes : le terrorisme des puissants, l’arrogance, l’ignorance. Dieu, ses Messages et ses messagers sont innocents, de la folie des hommes. Pas plus que l’Inquisition n’est inscrite dans l’Évangile, le terrorisme des faibles n’est inscrit dans le Coran.

    La sortie de la religion de la vie, dérive de la modernité occidentale et la difficulté pour les peuples de vivre libres, produit de l’actuel ordre dominant, sont les défis de ce XXIe siècle. Il nous appartient de rechercher cette nouvelle civilisation qui nous fait défaut aujourd’hui. Voir dans le troisième rameau monothéiste un hérétique ne peut qu’amputer l’histoire du salut d’une partie vitale d’elle-même.
    Dernière modification par shadok, 27 septembre 2006, 12h00.
    Le bon sens est la chose la mieux partagée du monde... La connerie aussi - Proverbe shadokien
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