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Les racines culturelles du sous-développement intellectuel arabe» est le chapitre II du livre Laïcité ou islamisme : les Arabes à l’heure du choix, du philosophe égyptien Fouad Zakaria (1927- 2010).
Pour l’auteur, le monde arabe, après avoir produit une civilisation florissante, a été dépassé par les autres, notamment les Occidentaux, et s'absorbe aujourd'hui dans la contemplation nostalgique du passé. «L'originalité de la culture arabe réside en ce qu'elle n'envisage pas le passé comme une composante intrinsèque du présent mais comme une entité distincte, concurrente et qui cherche à s'imposer à lui. En un mot, c'est une perception anhistorique du passé», écrit-il.
L’auteur estime, en outre, que le débat entre détracteurs et défenseurs du turâth est un faux débat et qu’il est l'indice même du sous-développement intellectuel arabe. «Selon moi, cette incapacité du monde arabe à historiciser sa relation au passé constitue la cause première de son sous-développement intellectuel. C'est elle qui explique la difficulté que nous éprouvons à gérer notre relation avec l'héritage culturel (turâth) ou, selon l'expression consacrée, à résoudre l'équation de l'authenticité et de la modernité.» Fouad Zakariya (se) pose des questions dont la réponse constituerait la clé de l’énigme. «Pourquoi, à la différence de l'Occident, ne sommes-nous pas parvenus à nous dégager des impasses dans lesquelles la pensée mythologique ou idéologique enferme notre développement intellectuel ? Pourquoi portons-nous vers notre passé ce regard obsessionnel, sans équivalent dans les autres cultures ?»
Sous le titre Les leçons de la renaissance européenne, il fait remarquer : «Malheureusement, jusqu'à présent, la relation des Arabes à leur patrimoine culturel relève plus de la gestion du bas de laine que de l'investissement productif. Paradoxalement, ce sont les Européens qui ont su véritablement tirer profit de notre patrimoine. Comment ? En le critiquant, en l'amendant, en le dépassant ; bref, en lui donnant une nouvelle vie. Ce sont eux qui, à la fin du Moyen-Âge, ont réellement su tirer profit de la philosophie et des sciences arabes en les incorporant à leurs propres savoirs.»
Comment les Européens ont-ils pu passer, en un temps très court, d’une longue phase de stagnation aux fantastiques progrès de l'ère moderne ? «La première explication qui s'impose est bien qu'ils n'ont pas craint de rejeter des pans entiers de leur propre culture. Leurs philosophes ont défié ouvertement la pensée aristotélicienne alors dominante, allant jusqu'à la rendre responsable, non sans excès, de tous les errements du Moyen-Âge. Et des savants comme Galilée ont fondé leur démarche sur la nécessité de libérer la pensée scientifique des autorités anciennes pour la mettre au contact direct du réel», écrit encore Fouad Zakariya. La pensée et la science européennes ont renié le legs de l'antiquité parce qu'elles ont compris qu'il avait cessé d'être fécond.
Mais, prévient l’auteur, «cela ne veut pas dire que la renaissance arabe à venir doive imiter celle de l'Europe du XVIe siècle : au contraire, si nous avons réellement assimilé son exemple, notre comportement sera forcément différent de celui des pionniers du XVIe siècle. Retenons tout de même de leur expérience qu'ils surent porter un regard sélectif sur leur patrimoine et reconnaître sans gêne aucune la distance qui le séparait du présent, et que cette attitude fut un facteur décisif de leur décollage intellectuel et scientifique.»
Le livre Laïcité ou islamisme : les arabes à l’heure du choix publié en 1991 (La Découverte-Paris, El Fikr-Le Caire) est un ouvrage qui réunit des articles publiés en Egypte par Fouad Zakariya, entre 1986 et 1989. Un demi-siecle plus tard, les mêmes questions se posent et demeurent sans réponse
K. B. -Le soir
Pour l’auteur, le monde arabe, après avoir produit une civilisation florissante, a été dépassé par les autres, notamment les Occidentaux, et s'absorbe aujourd'hui dans la contemplation nostalgique du passé. «L'originalité de la culture arabe réside en ce qu'elle n'envisage pas le passé comme une composante intrinsèque du présent mais comme une entité distincte, concurrente et qui cherche à s'imposer à lui. En un mot, c'est une perception anhistorique du passé», écrit-il.
L’auteur estime, en outre, que le débat entre détracteurs et défenseurs du turâth est un faux débat et qu’il est l'indice même du sous-développement intellectuel arabe. «Selon moi, cette incapacité du monde arabe à historiciser sa relation au passé constitue la cause première de son sous-développement intellectuel. C'est elle qui explique la difficulté que nous éprouvons à gérer notre relation avec l'héritage culturel (turâth) ou, selon l'expression consacrée, à résoudre l'équation de l'authenticité et de la modernité.» Fouad Zakariya (se) pose des questions dont la réponse constituerait la clé de l’énigme. «Pourquoi, à la différence de l'Occident, ne sommes-nous pas parvenus à nous dégager des impasses dans lesquelles la pensée mythologique ou idéologique enferme notre développement intellectuel ? Pourquoi portons-nous vers notre passé ce regard obsessionnel, sans équivalent dans les autres cultures ?»
Sous le titre Les leçons de la renaissance européenne, il fait remarquer : «Malheureusement, jusqu'à présent, la relation des Arabes à leur patrimoine culturel relève plus de la gestion du bas de laine que de l'investissement productif. Paradoxalement, ce sont les Européens qui ont su véritablement tirer profit de notre patrimoine. Comment ? En le critiquant, en l'amendant, en le dépassant ; bref, en lui donnant une nouvelle vie. Ce sont eux qui, à la fin du Moyen-Âge, ont réellement su tirer profit de la philosophie et des sciences arabes en les incorporant à leurs propres savoirs.»
Comment les Européens ont-ils pu passer, en un temps très court, d’une longue phase de stagnation aux fantastiques progrès de l'ère moderne ? «La première explication qui s'impose est bien qu'ils n'ont pas craint de rejeter des pans entiers de leur propre culture. Leurs philosophes ont défié ouvertement la pensée aristotélicienne alors dominante, allant jusqu'à la rendre responsable, non sans excès, de tous les errements du Moyen-Âge. Et des savants comme Galilée ont fondé leur démarche sur la nécessité de libérer la pensée scientifique des autorités anciennes pour la mettre au contact direct du réel», écrit encore Fouad Zakariya. La pensée et la science européennes ont renié le legs de l'antiquité parce qu'elles ont compris qu'il avait cessé d'être fécond.
Mais, prévient l’auteur, «cela ne veut pas dire que la renaissance arabe à venir doive imiter celle de l'Europe du XVIe siècle : au contraire, si nous avons réellement assimilé son exemple, notre comportement sera forcément différent de celui des pionniers du XVIe siècle. Retenons tout de même de leur expérience qu'ils surent porter un regard sélectif sur leur patrimoine et reconnaître sans gêne aucune la distance qui le séparait du présent, et que cette attitude fut un facteur décisif de leur décollage intellectuel et scientifique.»
Le livre Laïcité ou islamisme : les arabes à l’heure du choix publié en 1991 (La Découverte-Paris, El Fikr-Le Caire) est un ouvrage qui réunit des articles publiés en Egypte par Fouad Zakariya, entre 1986 et 1989. Un demi-siecle plus tard, les mêmes questions se posent et demeurent sans réponse
K. B. -Le soir
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