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L’État égyptien se remilitarise

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  • L’État égyptien se remilitarise

    La nouvelle Constitution en Égypte conférera à l'armée, qui a destitué le président islamiste Mohammed Morsi le 3 juillet dernier, des pouvoirs importants relevant d'ordinaire de l'exécutif, du législatif et du judiciaire.

    Finalisé dans la nuit de samedi à dimanche, le projet, qui normalement sera soumis à référendum fin décembre sinon tout au plus début 2014, a été concocté par une commission constituante de 50 personnalités, nommées par le gouvernement dirigé de facto par l'armée. Ces personnalités avaient été choisies pour leur proximité avec l’armée sinon pour le fait que celle-ci avait débarqué du pouvoir les Islamistes et abrogé les lois, dont la Constitution post Moubarak ainsi que de multiples dispositions que l’ex-président issu de la confrérie des Frères musulmans avait adoptées, pensant ainsi asseoir durablement l’ordre islamiste.
    Il s’en est fallu de peu, car sans le coup d’État des militaires, la désobéissance civile et les manifestations des anti-islamistes n’auront servi pas à grand-chose, Morsi risquant de trouver in fine écho au sein de la hiérarchie militaire, d’autant qu’il disposait, du moins tant qu’il était président, de faveurs en Occident, qui pour des intérêts géostratégiques, qui au nom de la controversée légitimité par les urnes. Évidemment, pour que sa Constitution ait l’air d’une loi consensuelle, l’homme fort de l’Égypte, le général Abdelfatah al-Sissi, déjà commandant en chef de l'armée et ministre de la Défense du temps de Morsi, et vice-Premier ministre dans le pouvoir intérimaire, avait désigné au sein de la commission ad hoc qui l’a rédigée, des islamistes rivaux des Frères musulmans : des dignitaires d’Al-Azhar, représentant l’islam institutionnel et des salafistes tentés par l’entrisme. Ce bricolage a également permis aux militaires de maintenir la société en otage dans des lois liberticides inspirées de la charia, dont l’article qui rassemble tous les régimes arabes : l’islam érigé en religion d’État.
    Outre cette épée de Damoclès sur la démocratie citoyenne et les libertés, trois articles de la nouvelle Constitution prévoient que ni le Parlement ni le gouvernement n'auront droit de regard sur le budget de l'armée, comme c'est déjà le cas depuis Anouar Sadat (une quarantaine d'années). Des tribunaux militaires pourront juger des civils et pas que ceux qui s'en seraient pris à leur institution.
    Cette disposition permettra au général al-Sissi d’être magnanime au président chassé par le printemps du Nil, Hosni Moubarak, lui aussi général et ministre de la Défense avant de revêtir le costume civil mais pharaonique. Et puis, l’armée pourrait aussi juger son successeur islamiste qui croyait lui aussi avoir un destin de Pharaon. Morsi, détenu au secret depuis sa destitution il y a près de cinq mois, en jugement pour incitation au meurtre de manifestants, est aussi accusé de trahison. Enfin, pour boucler le puzzle du nouveau pouvoir, la nomination du ministre de la Défense devra se faire durant huit ans avec l'accord du Conseil suprême des forces armées (CSFA). Autant dire que celui-ci sera le véritable homme fort de l’Égypte, comme l'actuel ministre de la Défense, le général Abdelfatah al-Sissi. Avec cet article, les partisans de la candidature d’al-Sissi à la prochaine présidentielle devront probablement faire leur deuil. Al-Sissi n’offrira sûrement pas des prérogatives à un autre général, à moins qu’il ne consente à n’être qu’un président pour la forme. Ces articles, les deux premiers étant déjà inscrits dans la Constitution islamiste promulguée par Morsi en 2012, ont déclenché ces derniers jours des manifestations hostiles à l'armée de mouvements libéraux et laïcs comme des islamistes, et inquiètent les organisations de défense des droits de l'homme qui les jugent “liberticides”. L’emblématique place Tahrir a repris du service et les blindés de l'armée et de la police y ont réapparu pour, retournement de l’histoire, disperser ceux qui avaient activement préparé la chute des islamistes et ont fait figure de faire-valoir politique des militaires à l’étranger, dans les capitales démocratiques
    liberté

  • #2

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    • #3
      ça résume bien l'article , Barthez

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