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La compagnie nationale fête ses 50 ans Sonatrach : un anniversaire et des scandales

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  • La compagnie nationale fête ses 50 ans Sonatrach : un anniversaire et des scandales

    Par : K. Remouche

    Renforcer Sonatrach, une question vitale pour l’Algérie

    Où en est Sonatrach cinquante ans après sa naissance ?

    Au tableau rose, Sonatrach garde la main sur les richesses pétrolières et gazières du pays. Elle reste un acteur important sur la scène énergétique internationale. Mais le scandale Sonatrach, qui fait la Une des journaux depuis 2010, a révélé une gestion défaillante de la compagnie pétrolière nationale et mis à nu le déclin de ses réserves de pétrole et de gaz et une grave hémorragie en ressources humaines qualifiées. Une situation préoccupante qui menace les revenus pétroliers du pays. Cette tendance va s’inverser à moyen et long termes si l’on en croit le discours officiel. Sonatrach et Alnaft ont annoncé, ces derniers mois, un potentiel de gaz de schiste et de pétrole de schiste énorme : 27 000 milliards de mètres cubes de réserves récupérables de gaz de schiste et 20 milliards de barils de pétrole de schiste. Ces ressources, qui pourraient conforter la place de Sonatrach sur la scène énergétique mondiale, posent un casse-tête pour leur exploitation : coûts élévés d’extraction, problèmes de pollution et de logistique. Ce qui fait dire à des experts : le gaz de schiste, ce n’est pas pour aujourd’hui, mais pour dix à 20 ans.
    Ils suggèrent une veille sur ce dossier et un immense effort en vue de lever tous ces obstacles.
    En somme, Sonatrach fêtera son cinquantenaire incessamment dans un contexte morose. L’opacité dans le traitement des scandales Sonatrach I et II et le dénouement dans ces deux affaires qui s’éternisent produisent toujours des effets négatifs sur le processus décisionnel de la compagnie pétrolière nationale. De plus, le retard dans la mise en œuvre des amendements à la loi sur les hydrocarbures, en raison de la non-promulgation des textes d’application, entraîne l’expectative. Il faudra le lancement du nouvel appel d’offres en matière d’exploration pour tester l’attractivité du secteur pétrolier algérien. L’enjeu est l’intensification de l’effort d’exploration en association avec les compagnies étrangères de manière à augmenter considérablement nos réserves de pétrole et de gaz. À cela s’ajoute le renforcement de la sécurité des sites pétroliers où des progrès sont enregistrés, mais qui demandent à être consolidés pour que les partenariats avec les compagnies étrangères puissent porter leurs fruits.
    Autre grand défi : muscler Sonatrach. Ses points faibles sont ses difficultés à assurer la relève, à améliorer son système de gouvernance, à disposer de ressources humaines à même d’appuyer ses objectifs de développement et l’acquisition de savoir-faire technologique sans quoi d’importantes quantités de pétrole et de gaz resteraient irrécupérables. Par ailleurs, l’Algérie dispose de beaucoup de gisements non exploités ou de gisements dont les taux de récupération de pétrole sont modestes. On a affaire, en un mot, à des réserves dormantes qui peuvent améliorer de manière significative nos réserves de brut récupérables. Il faudrait, cependant, nuancer les choses. L’Algérie ne pourra profiter pleinement de ces efforts qu’avec une maîtrise de sa consommation d’énergie et une réduction importante de l’énorme gaspillage de produits énergétiques constaté actuellement.

    K. R
    LIBERTE
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    “Nous avons perdu la bataille du recyclage de la rente pétrolière”

    Nordine AÏt Laoussine, ancien ministre de l’énergie, spécialiste pétrolier

    Par : Said SMATI

    Pour l’ancien responsable de Sonatrach, cette rente n’a pas été utilisée de manière efficace.

    La compagnie nationale d’hydrocarbures Sonatrach fête cette année son 50e anniversaire. À l’occasion une halte semble nécessaire pour faire un bilan de ce demi-siècle d’existence. Un exercice auquel s’est livré l'ancien ministre de l'Énergie, Nordine Aït Laoussine, lors d’une Convention nationale sur l’énergie tenue le premier novembre dernier à Alger.

    D’emblée Nordine Aït Laoussine explique que “dès les premières années de notre indépendance, il nous est apparu que le compromis des Accords d’Évian n’était qu’une étape dans notre lutte de Libération nationale et que le rôle de levier puissant attendu de l’exploitation de nos richesses nécessitait la mise en œuvre d’une stratégie dont l’objectif fondamental était le développement économique et social du pays par le biais d’une sage utilisation des moyens et ressources procurés par les hydrocarbures”.

    La finalité assignée à cette stratégie, ajoute-t-il, nécessitait la réalisation de trois objectifs indissociables, à savoir, le contrôle effectif de l’exploitation de nos ressources pour nous permettre de renforcer et de disposer librement de nos moyens d’action, la récupération de la rente pétrolière, dont l’essentiel était alors accaparé par les sociétés étrangères, et l’amélioration de cette rente à travers l’augmentation de la fiscalité, de la production et des prix à l’exportation et la lutte contre le sous-développement et la diversification de l’économie nationale par le biais des effets de diffusion et d’entraînement attendus du recyclage de la rente pétrolière.
    Il finira par souligner que “si nous avons gagné la bataille du contrôle de nos richesses en hydrocarbures ainsi que la bataille de la récupération et de l’augmentation de la rente pétrolière, nous avons perdu celle du recyclage effectif et de l’utilisation efficace de cette rente. L’effet de diffusion et d’entraînement attendu de l’exploitation massive de nos hydrocarbures par le biais du recyclage de la rentre pétrolière n’a donc pas joué”.

    Causes de l’échec : des objectifs et des politiques de développement peu pertinents

    Concernant les raisons de cet échec qui, selon lui, sont multiples et connues, il indique que “les nombreux experts algériens qui se sont penchés sur la question sont unanimes. Les économistes soutiennent que l’échec est dû à l’absence ou à la non-pertinence des objectifs de développement et des politiques économiques suivies. Il serait dû à l’absence de planification stratégique, à un climat des affaires qui entrave et décourage le secteur privé”. Pour lui, l’échec serait également dû à des contraintes de gouvernance et à une incapacité de mise en œuvre des réformes. En définitive, il est dû à l’absence persistante de synergie entre tous les acteurs et institutions de l’État.
    “Attribuer l’échec de nos politiques économiques au fameux syndrome hollandais ou à la malédiction du pétrole comme certains le font volontiers, est, à mon avis, une exagération, pour ne pas dire un raccourci provocateur”, ajoute-t-il. En effet, le conférencier explique que depuis l’indépendance du pays “nous avons connu une période pendant laquelle le pétrole a pleinement joué son rôle de catalyseur de l’économie nationale. Pendant les deux premières décennies de l’Algérie indépendante, nos revenus pétroliers étaient beaucoup plus limités mais ils ont cependant permis à toutes les classes de la société algérienne d’accéder à l’éducation, à la santé publique, à la consommation moderne, à l’emploi et au progrès social.
    Par la suite, la rente a été presque exclusivement canalisée vers le soutien de la consommation aux dépens de l’investissement productif et de la diversification de l’économie nationale”. Lors de cette rencontre, Nordine Ait Laoussine a souligné que la cadence de production des hydrocarbures enregistrés depuis les années 2000 a favorisé un affaiblissement des gisements. L’Algérie a déjà épuisé les deux tiers de ses réserves pétrolières récupérables et plus de la moitié de ses réserves de gaz naturel. “Un tel degré d’épuisement des ressources qui a conduit à une baisse de la production ces dernières années nous impose la mise en œuvre de mesures radicales, dont l’intensification de l’exploration et la maîtrise de la consommation nationale”, a-t-il préconisé.

    L’intensification de la production dans les années 2000 a affaibli les gisements

    L’ancien ministre de l’Énergie a préconisé de limiter la production pétrolière à une échelle qui permette le financement de l’économie. Ce niveau de production nécessaire au développement de l’économie doit être discuté et faire objet d’un consensus entre tous les acteurs et institutions du secteur. La préservation des réserves d’hydrocarbures, prônée par plusieurs pays pétroliers comme la Norvège, obéit au besoin d’assurer une disponibilité de l’énergie aux Algériens et une sécurité énergétique aux générations futures, a-t- il expliqué. Pour autant, il considère que l’Algérie n’a pas dit son dernier mot concernant la reconstitution de ses réserves d’hydrocarbures conventionnels, dont le potentiel est important pour peu qu’elle accentue l’effort de l’exploration. Il considère que les réserves récupérables de pétrole doivent “essentiellement” servir à satisfaire la demande énergétique algérienne premièrement. Nordine Aït Laoussine reste, cependant, optimiste puisque comme il l’explique “nous avons les moyens de nous en sortir car notre pays est non seulement riche par ses ressources naturelles mais aussi par ses acquis, par le dynamisme de sa jeune population et sa capacité à prendre la relève des aînés”.

    S. S.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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    • #3
      Nazim ZouiouEche, ancien P-DG de Sonatrach à Liberté “Sonatrach s’est affaiblie”

      Par : K. Remouche

      Ce spécialiste de l’amont pétrolier et gazier souligne dans cet entretien que le grand effort de formation des ressources humaines de la compagnie pétrolière nationale mené durant des décennies a été stoppé ces dernières années.

      Liberté : Que représente pour vous le cinquantenaire de la naissance de Sonatrach ?

      Nazim Zouioueche : Sonatrach fête son cinquantième anniversaire ; elle atteint l’âge adulte. Les multiples missions assignées ont été remplies avec plus ou moins de succès. Elle doit continuer à œuvrer pour améliorer ses performances, qui aujourd’hui laissent un peu à désirer, pour rester la société phare dans notre pays et aussi à l’étranger.

      Quelles ont été les réalisations majeures ainsi que les contreperformances de Sonatrach au cours de ces cinquante ans ?

      En cinquante ans, SH a cumulé plusieurs réalisations dignes d’intérêt. En premier lieu, sa conduite et ses performances après la nationalisation des hydrocarbures de 1971 ; elle a su triompher de tous les obstacles pour faire de cette décision politique une réussite.
      Très vite après, SH a été une des premières sociétés au monde à comprendre l’intérêt de développer ses ressources gazières (y compris la récupération des gaz torchés), devenant ainsi un acteur incontournable dans toute la chaîne gaz, de la production au transport, à la liquéfaction et à la commercialisation.
      Après une période difficile durant la décennie 1980, due à la chute des prix des hydrocarbures sur le marché mondial (ainsi qu’à des contrats gaz incorrectement formulés), SH a su vite réagir en relançant ses efforts d’exploration qui lui ont permis de devenir le premier découvreur du monde durant les années 1995 , 1996(la loi 86 modifiée en 1991 ayant été le socle de cette réussite).
      SH a aussi été un des pionniers de l’exportation du gaz par conduites sous-marines vers nos voisins de l’Europe du Sud. On peut et on doit ajouter à l’actif de SH une politique de formation tous azimuts, qui lui a permis de disposer d’une ressource humaine de qualité nécessaire à la réalisation de ses ambitions. Ces efforts de formation ont été malheureusement stoppés depuis quelques années laissant SH s’affaiblir. D’un autre côté, malgré des efforts relativement soutenues, SH n’a pas atteint ses ambitions en matière de pétrochimie ; cette activité aurait pu être un élément fondamental de l’industrialisation du pays et un grand pourvoyeur de postes d’emploi.
      Enfin SH, grand acteur dans le monde du gaz et du gaz de pétroles liquéfiés(GPL) n’a pas pu malgré des efforts certains commercialiser ces produits en atteignant le client final, ce qui lui aurait procuré une confortable augmentation de recettes sans augmenter les quantités fournies.

      Quels sont les défis que doit relever Sonatrach à court , moyen et long terme ?

      SH a d’autres défis à relever au cours des prochaines années.
      En premier lieu, un développement adéquat de la pétrochimie qui permettra à SH d’être un acteur prépondérant de la ré-industrialisation du pays tout en soulageant le marché de l’emploi par la création d’un grand nombre de postes de travail. SH doit être au centre de la transition énergétique nécessaire en participant avantageusement à la définition et à la mise en œuvre d’un modèle de consommation national qui tienne compte de nos disponibilités et de nos capacités. La demande croissante d’électricité nécessite une réponse immédiate afin de ne pas être pris de court après 2020 ; le développement de l’électricité solaire, outre la création d’emplois, pourrait apporter une part substantielle de la couverture de nos besoins qui ne feront que croître surtout si la relance de l’industrie se réalise.
      Pour ne rien négliger et puisqu’il semble que nos ressources en gaz de schiste sont importantes (à définir avec plus de précisions), il faut rester en veille sur la production de cette ressource et prévoir sa production pour les prochaines décennies si les coûts le permettent. Il faut une activité exploration soutenue pour mieux explorer nos bassins sédimentaires en particulier le nord et le sud-ouest du pays.
      Cela nécessitera un effort important pour améliorer la récupération de nos gisements de pétrole par la mise en place de processus de récupération assistée partout où cela sera possible, tout en prévoyant la mise en production des gisements de “tight oil” qui existent dans le pays(les prix élevés du pétrole le permettent). SH doit cerner toutes les possibilités de réduire ses coûts pour se donner une meilleure aisance financière ( il faut connaître ces coûts en temps réel pour les corriger si nécessaire). SH doit continuer à soutenir les sociétés de services du secteur qui lui donneront une plus grande indépendance tout en étant une “locomotive” pour la relance de l’industrie.
      Enfin, et c’est certainement le plus important SH doit reprendre ses activités de formation dans tous les domaines qui la concernent (même si il y a une déperdition) car la ressource humaine reste la seule et vraie richesse.

      K. R.
      The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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