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Wibbitz, la start-up qui compte révolutionner la presse

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  • Wibbitz, la start-up qui compte révolutionner la presse

    Cinq secondes : c’est le temps qu’il suffit à Wibbitz pour convertir automatiquement n’importe quel article de presse en vidéo. Il aura par contre fallu plus de deux ans à la start-up israélienne pour mettre au point l’algorithme capable de réaliser ce tour de passe-passe.


    Les deux co-fondateurs Zohar Dayan (PDG, à droite) et Yotam Cohen (Vice-Président Développement Commercial) dans leurs bureaux à Tel-Aviv © Besuccess.com
    Zohar Dayan, PDG et co-fondateur de Wibbitz (en 2010 à Tel-Aviv), a les yeux cernés mais est confiant : « On va révolutionner une industrie qui n’a pas changé depuis bien longtemps. » Grâce à la technologie de traitement du langage naturel (NLP), Wibbitz, dans le capital duquel Xavier Niel, actionnaire du Monde, est présent) analyse le texte d’un article, identifie son thème et ses points-clefs, et en réalise une synthèse. Le résultat : un résumé vidéo d’une à deux minutes qui agrège images, infographies animées et mini-clips sur fond d’une agréable voix off. A terme, l’idée est « que tous les sites d’information en ligne s’habituent à insérer un bouton « play » dans leurs articles, dit Zohar Dayan. De sorte que les lecteurs puissent choisir entre lire l’information ou la visualiser à travers nos mini-vidéos. »

    L’article de presse à l’article de la mort ?

    Un double constat guide la démarche de Wibbitz. D’une part, celui de l’usage croissant des appareils mobiles pour suivre l’actualité : en France, selon une étude Audipresse menée de juillet 2012 à juin 2013, smartphones et tablettes représentent 33% des lectures numériques de la presse. D'autre part, celui de la popularité croissante des contenus vidéos interactifs : ils sont mieux adaptés aux fonctionnalités d’un petit écran tactile et satisfont le nouveau mode de consommation rapide et nomade de l’information. « En bref, si les supports de lecture ont connu une vraie révolution numérique, le sacro-saint article est resté le même qu’à l’époque de nos grands-parents. Nous, on va changer ça », assure Zohar Dayan,.

    Pour autant, l’article est-il passé à l’article de la mort ? Rien n’est moins sûr. Certes, Wibbitz semble vouloir réduire l’article écrit à n’être plus qu’une simple matière première pour la production de contenu vidéo. Mais, toute information ne gagnera pas à passer dans la machine d’un algorithme simplificateur. Car si le format de la mini synthèse-vidéo convient à des articles factuels - comme l’introduction en bourse de Twitter -, on devine facilement ce qu’il ferait perdre à la subtilité d’un billet d’opinion ou à la puissance évocatrice des mots d’un reportage en Syrie.

    Plus de 10 000 vidéos produites par jour

    Disponible depuis août 2013 sur l’Apple Store, l’application mobile Wibbitz donne un premier aperçu de la technologie dans un design épuré. Une centaine de journaux et de sites d’information ont accepté de collaborer et y autorisent la transformation de leurs articles (parmi lesquels BBC News, The Guardian, le Huffington Post, Forbes ou encore TechCrunch). L’application permet ainsi à l’utilisateur d’indiquer ses thèmes (politique, international, sport...) et titres de presse préférés afin d’obtenir un fil d’actualité personnalisé.



    En moins de trois mois, les versions anglaise et espagnole ont rallié plus de 100 000 utilisateurs et produisent plus de 10 000 vidéos par jour. Une version française est en cours de développement. La technologie n’est cependant pas encore assez au point pour être utilisée comme source d’information quotidienne : le rythme de défilement des animations reste lent et la pertinence des synthèses inégale selon les clips. Wibbitz multiplie les accords avec les agences de presse du monde entier pour enrichir sa base de données d’illustrations.

    La publicité vidéo rapporte dix fois plus qu’une bannière classique

    En attendant que sa technologie soit irréprochable, la société prépare déjà ses partenariats avec les éditeurs de presse en ligne. Une quinzaine d’avant-gardistes anglophones, à l’instar des quotidiens Daily Telegraph et Daily Mirror, ont déjà signé en vue d’intégrer aux articles de leur site le fameux bouton "play" que décrit Zohar Dayan. Car derrière la promesse d’une audience démultipliée, c’est bien l’ombre du jackpot publicitaire que Wibbitz fait miroiter. Dans une étude sur la publicité en ligne publiée en octobre, le cabinet californien Turn estime qu’avec un coût pour mille visionnages (CPM) de 8,09€, la publicité vidéo rapporte près de dix fois plus qu’une bannière classique (CPM de 0,95€). Le format le plus classique étant celui du spot publicitaire dit pre-roll, c’est-à-dire placé en début de vidéo avec quelques secondes de visionnage obligatoire.

    Aubaine pour le secteur de la presse dont le modèle économique traverse une véritable crise ? Il faut nuancer. Si les contenus vidéo faciles et peu chers à produire se démultiplient, la rémunération des publicités pre-roll devrait s’ajuster à la baisse... Et les dirigeants de Wibbitz comptent bien conserver la main sur ces recettes publicitaires en imposant aux éditeurs de presse un modèle de revenus partagés : la start-up négociera elle-même les prix avec les annonceurs pour seulement ensuite en reverser une partie aux éditeurs.

    Sur les pas de Facebook, Waze et Siri ?

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    En octobre 2013, la start-up compte 18 employés. © Florence Trainar
    La technologie intéresse des investisseurs. Depuis mai 2011, Wibbitz a levé près de 3 millions de dollars : 750 000 dollars auprès de Lool, Initial Capital et Kima Ventures (le fond du business angel français Jérémie Berrebi) et 2 millions de dollars auprès de Horizons Ventures, le fond hongkongais qui avait déjà investi dans Facebook, Waze et Siri... A court terme, « cet argent va servir à élargir nos équipes et ouvrir un bureau à New-York, explique Yotam Cohen, le second co-fondateur. Mais nos développeurs resteront à Tel-Aviv car la Silicon Wadi offre un écosystème inégalable pour la R&D. »

    Et à long terme ? Zohar Dayan et Yotam Cohen se regardent avec un sourire en coin. « Eh bien, on espère que la presse n’est qu'un début. Matériel éducatif, recettes de cuisine... Après tout, n’importe quel texte web utilitaire est à portée de notre technologie. » En entrepreneurs high-tech qui se respectent, ils se retirent jouer une partie de ping-pong dans le bureau voisin. Il est bien loin le temps où les révolutions se fomentaient dans un sombre boudoir à la lueur d’une bougie.

    Florence Trainar (Monde Académie)
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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