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Collon: Impossible d’informer sur les guerres dans les médias occidentaux

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  • Collon: Impossible d’informer sur les guerres dans les médias occidentaux

    Collon: Impossible d’informer sur les guerres dans les médias occidentaux L’équipe du site Michel Collon, journaliste indépendant et écrivain belge spécialisé dans l'analyse des stratégies de guerre, des relations Nord-Sud et des média mensonges répond à nos questions sur le traitement médiatique occidental de la crise syrienne. Il dénonce les medias occidentaux qui déforment les faits et manipulent l'opinion publique afin de renverser le gouvernement syrien, protéger Israël et servir les intérêts de leurs maîtres, les multinationales et les états dominants.
    Al-Manar : Sous prétexte que le gouvernement syrien n’autorise pas aux journalistes d’entrer en Syrie, les medias occidentaux s’appuient en majorité sur l’observatoire syrien des droits d’homme comme source unique d’information sur le conflit syrien. Que pensez-vous de l’OSDH et de cette dépendance des medias occidentaux à l’encontre de cette organisation sans chercher au moins à vérifier les informations publiées ?
    Michel Collon : C’est un exemple frappant d’une règle plus générale : les médias occidentaux présentent les guerres et les grands conflits comme une croisade du Bien contre le Mal, en cachant soigneusement au public les intérêts économiques et stratégiques en jeu : ceux des multinationales occidentales. C’est pourquoi ils donnent la parole aux seules « sources » qui leur conviennent. « Experts » et « ONG » bien souvent financés par ces mêmes multinationales. Le prétendu OSDH est une création des services britanniques, tout le monde le sait, mais ce n’est jamais dit.
    Al-Manar : Des journalistes étrangers qui se sont rendus en Syrie ont relaté des évènements radicalement différents de la façon dont ils sont présentés par la presse des pays occidentaux. Trouvez-vous que la couverture médiatique occidentale est juste et adéquate ?
    Michel Collon : Comme à chaque guerre, les médias occidentaux ont déformé aussi bien les faits que les objectifs réels de la guerre, en présentant les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France… comme des observateurs neutres préoccupés de résoudre les problèmes humanitaires. En fait, il s’agit d’une ingérence systématique pour renverser un gouvernement qui dérange, pour protéger Israël comme «flic du Moyen-Orient» et pour recoloniser toute la région. Donc les médias d’ici conditionnent l’opinion publique afin qu’elle accepte cette ingérence à prétexte humanitaire.
    En général, les journalistes qui se rendent sur le terrain et qui veulent présenter les choses plus objectivement, sont empêchés de le faire. Mais avec le temps et comme la Syrie continue à résister, on se pose des questions, même dans les élites occidentales, sur la possibilité de «gagner» cette guerre. Alors, ces journalistes minoritaires reçoivent enfin un peu plus la parole. Mais il est impossible d’informer correctement sur les guerres dans le système médiatique occidental. C’est pourquoi j’ai créé notre site d’info indépendante avec l’équipe Investig’Action.
    Al-Manar : Suite à l’attaque à l’arme chimique présumée près de Damas le mois d’août dernier, la presse occidentale surtout en France s’est positionnée en faveur d’une intervention militaire en Syrie sans attendre même le rapport de l’ONU. Sachant que l’implication des forces gouvernementales dans cette attaque n’est pas prouvée. Comment expliquez-vous cette attitude agressive et partisane ?
    Michel Collon : La France et ses médias ne cherchent pas la vérité, mais un prétexte pour attaquer. Il y en aura d’autres. Les Etats-Unis ne valent pas mieux, mais en ce moment, ils sentent que le rapport des forces général a évolué en leur défaveur. Alors, ils cherchent des moyens plus subtils de réaliser leurs objectifs.
    Al-Manar : Les crimes et les atrocités commis par les rebelles syriens, pourtant filmés et diffusés largement sur le net, ont rarement été rapportés par la majorité des medias en Europe. Comment expliquez-vous cette omission ? Et comment la qualifier ?
    Michel Collon : Dans mes livres, j’ai décrit ce que j’appelle les « Cinq règles de la propagande de guerre » : 1. Cacher les intérêts économiques. 2. Cacher l’Histoire (ce que le colonialisme a fait dans la région). 3. Inverser agresseur et agressé, blanchir les crimes de « nos amis et agents ». 4. Diaboliser l’adversaire. 5. Monopoliser l’info et empêcher le débat entre les deux versions. Cacher les crimes des terroristes, et souvent aussi les attribuer à l’armée syrienne, c’est appliquer les points 3 et 4 ci-dessus.
    Al-Manar : Pensez-vous que ces medias ont dernièrement rectifié leur couverture des évènements syriens ? Pensez-vous que l’objectivité est un idéal journalistique inaccessible ? Surtout pour les agences internationales ?
    Michel Collon : Certains secteurs de l’élite constatent que la guerre ne sera pas gagnée et ils s’inquiètent des conséquences de l’alliance passée par nos gouvernements avec le terrorisme dit « islamiste ». Mais la rectification est très limitée et ne démasquera pas les média mensonges qui ont rendu possible l’agression au départ.
    Quant aux grandes agences (AP, UPI, AFP, Reuters) qui informent sur le Sud, elles sont toutes basées dans le Nord, elles sont toutes liées aux multinationales et aux Etats dominants. C’est « la voix de son maître ».
    Al-Manar : Un espace d’information s’est développé sur Internet ou un certain nombre d’analystes indépendants ont critiqué la couverture médiatique occidentale du conflit syrien en dressant de nombreuses déformations, erreurs et fabrications sur les évènements en Syrie. À votre avis quel rôle les medias alternatifs concurrents jouent-ils pour offrir au public des medias une image réelle de ce qui se passe en Syrie ? Pensez-vous qu’il souffre d’un manque de crédibilité ? Pensez-vous que les sources des agences internationales sont plus véridiques et crédibles ?
    Michel Collon : L’objectivité journalistique (à distinguer de la neutralité qui n’existe pas) est possible, mais seulement en dehors d’un système médiatique dominé par l’argent des multinationales en fait. Dans le Nord, c’est seulement sur Internet qu’on peut trouver une info objective. Mais, ces dernières années, ce qui me réjouit, c’est qu’on voit de plus en plus d’initiatives positives, et les gens les suivent de plus en plus. Il manque malheureusement une coordination entre ces initiatives, il manque aussi une concertation entre ceux qui informent en Europe, aux USA, dans le monde arabe, en Afrique, en Amérique latine. Les initiatives dispersées font réfléchir les gens, mais pour avoir davantage d’impact, il faudrait plus de concertation. Il faudrait un grand JT quotidien alternatif sur le Net.
    En tout cas, le Net, c’est l’avenir. Créer une info citoyenne et indépendante, qui échappe aux intérêts des multinationales, aux censures économiques et politiques. Et aussi à la course au profit, donc au sensationnel qui empêche de prendre le temps de vérifier les témoignages, de confronter les sources et de creuser les causes des phénomènes.
    Al-Manar
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