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Quel modèle de croissance pour l'économie russe ?

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  • Quel modèle de croissance pour l'économie russe ?

    L'économie russe est à la recherche d'un nouveau modèle de croissance. Si l'économie s'est rétablie depuis 2010, la croissance reste relativement faible, ayant baissé de manière particulièrement importante depuis l'automne 2012.
    Des facteurs conjoncturels expliquent en partie cette situation. La très faible croissance en Europe pèse, alors que l'Europe est le principal partenaire commercial de la Russie. La politique de la banque centrale russe, qui maintient des taux d'intérêt réels élevés, joue aussi un rôle et freine tout à la fois la consommation et l'investissement. Si les grandes entreprises russes qui peuvent emprunter sur les marchés financiers internationaux sont épargnées, la situation est, bien entendu, différente pour les petites en moyennes entreprises. Ces dernières sont dépendantes des banques russes et, donc, de la politique de la banque centrale. Le freinage de la croissance induit par la politique monétaire n'a donc pas seulement des effets quantitatifs sur l'offre de crédits, mais aussi des effets qualitatifs. Il pénalise avant tout les petites et moyennes entreprises et il va contribuer à une dégradation progressive de la qualité des actifs bancaires en raison des effets induits du ralentissement de l'activité. Ajoutons à ces deux facteurs un taux de change du rouble par rapport au dollar américain qui reste surévalué, du fait de la politique menée par la Réserve fédérale américaine.
    En apparence, tout se conjugue pour que la Russie ait une forte croissance. Si l'on cherche à estimer la croissance potentielle en se fondant à la fois sur le rythme des gains de productivité, sur les besoins de l'économie russe et sur le rythme de progression de la consommation, on arrive à des taux annuels de 5,5 à 6,5 %. Pourtant, la croissance sera, pour 2013, de l'ordre de 1,5 %. Les facteurs conjoncturels expliquent une partie de cet écart, mais pas totalement. La Russie est bien confrontée à des problèmes structurels.
    La nature du système de financement de l'économie russe en est un. Les banques russes préfèrent opérer soit sur les marchés étrangers, soit sur des marchés captifs (comme celui des entreprises du secteur des hydrocarbures). Les banques privées ne faisant pas leur travail, il est de la responsabilité de l'Etat de mettre en place des structures bancaires, publiques ou parapubliques, qui soient en mesure de financer l'économie. Un deuxième problème concerne le niveau et l'efficacité des investissements. Ce dernier avait recommencé à croître de manière importante après 2009. Mais, depuis la seconde moitié de 2012, sa croissance se réduit. Ceci est inquiétant. De plus, son efficacité est médiocre, au mieux. Ici se conjuguent des phénomènes d'incompétence (tant publique que privée), de corruption et de manque de coordination. Des gains en efficacité sont parfaitement possibles à court terme, mais ils impliquent de remettre en cause des rentes de situation. Un troisième problème est celui des grands monopoles d'Etat. Vladimir Poutine a décidé de geler leurs prix pour 2014, et espère que cette mesure aura une influence bénéfique sur la compétitivité globale de l'économie russe. Il faudrait cependant que le rouble se déprécie d'au moins 15 % pour que cette mesure soit réellement efficace.
    L'économie russe doit évoluer et se transformer si elle veut continuer d'avancer. Mais cela remet en cause le modèle de développement largement fondé sur les exportations. Ce modèle doit céder la place à un modèle plus largement autocentré, sur la Russie ou sur les pays qui l'entourent.
    Mais pourquoi voit-on des opérations fructueuses, tant pour l'industrie française que pour l'industrie russe, être freinées, voire bloquées, tant par la frilosité des banques que par les mauvaises manières de l'administration ? Ici, il est clair qu'un signal fort doit être envoyé par le ministère des Finances français. Il est inconcevable que l'on n'ait pas utilisé les synergies qui se dégageaient entre la sidérurgie française et la sidérurgie russe qui sont complémentaires. Les travailleurs de Florange ont payé un lourd tribut à cette russophobie imbécile de la haute administration française.
    Jacques Sapir

    les échos
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