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Syrie, pourquoi les réfugiés ne vont-ils pas dans les pays du Golfe ?

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  • Syrie, pourquoi les réfugiés ne vont-ils pas dans les pays du Golfe ?

    LE SOIR D ALGERIE
    Par Hassane Zerrouky

    Un peu plus de 200 réfugiés, en provenance du Liban, ont bénéficié du droit d’asile en Algérie après avoir failli être refoulés, rapporte TSA daté de dimanche. Ils vont grossir les rangs des dizaines de milliers de Syriens – entre 25 000 et 40 000 – arrivés en masse durant l’été 2012 au plus fort des combats entre l’armée d’Assad et les insurgés.

    C’est peu si on compare ce chiffre aux 700 000 Syriens réfugiés au Liban ou aux 500 000 réfugiés en Jordanie, voire aux 400 000 Syriens installés en Turquie, mais c’est beaucoup (près de 50 fois plus) comparativement au Maroc : selon le HCR (Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU) le royaume chérifien n’a accueilli à fin novembre 2013 que 843 réfugiés syriens.

    Pas de quoi pavoiser comme le fait une certaine presse aux ordres, toujours aussi prompte à louer l’hospitalité bienfaitrice du roi Mohammed VI. Il n’empêche : la question des réfugiés syriens, près de deux millions, interpelle. Non parce qu’ils sont les otages d’une guerre dont l’enjeu dépasse les frontières de la Syrie, mais parce que les principaux soutiens aux insurgés syriens, à savoir l’Arabie saoudite, le Qatar et les autres pétromonarchies, n’accueillent aucun réfugié sur leurs territoires respectifs.

    Et parce que ces mêmes pays ont dépensé près de trois milliards de dollars pour armer les rebelles syriens et à peine quelques millions de dollars (une misère) en aide humanitaire aux deux millions de réfugiés. En bref, on préfère dépenser pour détruire et tuer plutôt que pour nourrir ! Autre question qui interpelle, celle de savoir pourquoi les pétromonarchies qui financent les insurgés islamistes syriens refusent d’accueillir les civils.

    Rien n’interdit, en effet, à l’Arabie saoudite d’imiter l’exemple jordanien et de donner l’asile aux milliers de Syriens fuyant la guerre. Il en va de même pour le Qatar, le Koweït et les autres pétromonarchies. D’autant que dans ces pays vivent et travaillent des millions d’immigrés. Il y en a près de neuf millions en Arabie saoudite sur une population de 30 millions d’habitants.

    Au Qatar sur les deux millions d’habitants, 1,5 million sont des travailleurs étrangers. Aux Emirats arabes unis (EAU), sur les neuf millions d’habitants, sept millions sont des étrangers. Au Koweït (2,5 millions d’habitants), plus de 40% sont des étrangers.

    Certes, tous les Syriens ayant quitté leur pays ne sont pas arabes. Parmi eux, il y a des Arméniens, des Kurdes, des Turkmènes. Tous ne sont pas de confession sunnite, car parmi les réfugiés syriens, il y a des chiites, des alaouites et des chrétiens.

    Mais cela n’est nullement une excuse car sur les 20 millions de travailleurs étrangers installés dans les pays du Golfe, nombreux ne sont pas de confession musulmane comme les Philippins, les Népalais et une partie des immigrés indiens et africains.

    Aussi, à défaut d’accorder le droit d’asile aux Syriens fuyant la guerre, rien n’interdit-il aux riches pétromonarchies du Golfe d’en embaucher. Le plus curieux est que la question d’accorder du travail, par simple solidarité aux Syriens, n’a jamais figuré au menu des quelques sommets de la Ligue arabe consacrés à la crise syrienne.

    Pas plus qu’elle n’a été évoquée lors des rencontres des «Amis de la Syrie», ce groupe informel regroupant une trentaine de pays, créé par la France.
    La seule question qui taraudait (et qui taraude encore) ce beau monde est de savoir comment se débarrasser du régime d’Assad et comment faire en sorte que ces réfugiés restent sur place et n’aillent pas en Europe !
    Quant à assumer leurs responsabilités, surtout après avoir poussé au crime, avant de réaliser que renverser le pouvoir d’Assad est une tâche bien compliquée, les «Amis de la Syrie» préfèrent jouer en touche !
    La tragédie des réfugiés n’exonère pas le régime de Bachar al-Assad de ses responsabilités.

    Il en est le premier responsable, ne serait-ce que parce qu’il pouvait régler pacifiquement la crise qui couvait en Syrie au lieu de répondre par la force brutale aux revendications de cette partie de sa population qui, à l’origine, ne demandait pas la chute du régime. Cette revendication est en effet apparue plus tard…
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