Le chef militaire de l'Armée Syrienne Libre forcé de quitter la Syrie
Selim Idriss a été contraint de fuir la Syrie après que son quartier général ait été pris par des combattants du Front Islamique rapporte des officiels américains. C'est notamment à cause de cela que les États-Unis ont décidé de suspendre leur "aide non-létale" à la partie nord de la Syrie.
L'Armée Syrienne Libre est clairement en train de perdre en crédibilité et en légitimité auprès des groupes islamiques "modérés" mais surtout de perdre en influence et en pouvoir. Il est impossible de ne pas en tenir compte alors que les occidentaux semblaient envisager Genève II comme un moyen d'installer ses membres à la tête de la Syrie. Vers quoi s'oriente-t-on ? Une alliance de circonstance à la conférence de Genève II pour tenter de peser pour un départ d'Assad (qui a déclaré ne pas avoir l'intention de quitter le pouvoir au vu de la situation sur le terrain)... Et s'il le quittait, qu'est ce qui en résulterait ?
Publié par Kiergaard
Selim Idriss a été contraint de fuir la Syrie après que son quartier général ait été pris par des combattants du Front Islamique rapporte des officiels américains. C'est notamment à cause de cela que les États-Unis ont décidé de suspendre leur "aide non-létale" à la partie nord de la Syrie.
- L'information est symptomatique de la perte de contrôle de l'Armée Syrienne Libre sur le nord de la Syrie et elle affaiblit également la position américaine à un mois de la conférence de Genève II : "The turn of events was strongest sign yet that the U.S.-allied FSA is collapsing under the pressure of Islamist domination of the rebel side of the war. It also weakened the Obama administration's hand as it struggles to organize a peace conference next month bringing together rebels and the regime"
- Le Front Islamique est constitué des groupes islamistes "modérés" par rapport aux deux groupes affiliés à Al-Qaïda que sont le front Al-Nosra et l'État Islamique en Irak et au Levant. Ils ne sont pas pour autant alliés à l'Armée Syrienne Libre comme le montre les évènements d'aujourd'hui. La situation est d'une extrême complexité et je ne suis pas sur que quelqu'un puisse dresser une carte géopolitique fiable du nord de la Syrie.
- "Gen. Idris fled to the Qatari capital of Doha on Sunday after fleeing to Turkey, U.S. officials said Wednesday. "He fled as a result of the Islamic Front taking over his headquarters," a senior U.S. official said." ce qui a "choqué" les États-Unis qui ont immédiatement suspendu leur aide à la partie nord de la Syrie (beaucoup du matériel livré précédemment a déjà changé de mains...).
- Pour rappel, voici les objectifs du Front Islamique Syrien issu du communiqué ayant suivi sa formation : "Son but principal est la chute du régime d’Al Assad et la construction d’une communauté islamique moderne, régie par la loi d’Allah et qui fasse profiter le musulman et le non-musulman de la justice de l’Islam."
- En plus de ce coup d'éclat, les combattants ont pris le contrôle d'un poste-frontière à la frontière turque ce matin et se sont emparés d'un dépot de munitions appartenant à l'ASL et abritant des armes anti-aériennes et anti-chars. Un porte parole de la CIA a refusé de confirmer si des armes américaines se trouvait sur les lieux mais du matériel de communication et des véhicules fournis par les américains s'y trouvaient de manière certaine.
- Après avoir réussi à convaincre (difficilement) la Coalition Nationale Syrienne et le Conseil Militaire Suprême de l'ASL de participer à la conférence de Genève II, les américains ont du établir des contacts avec les représentants du Front Islamique pour les convaincre de soutenir la tenue de la conférence. J'imagine l'urgence dans laquelle est réalisée cette négociation, les moyens de pression employés et les enjeux...
- La porte parole du Département d'État a déclaré que les américains étaient toujours derrière le Conseil Militaire Suprême de l'ASL. Il faudra néanmoins désormais avec la puissance montante en Syrie, le Front Islamique et avec les groupes liés à Al-Qaïda dont l'influence a déjà été largement soulignée.
- Alors que les effectifs de l'Armée Syrienne Libre ont pu être estimés entre 70 000 et 150 000 hommes, ses effectifs semblent avoir décliné à 40 000 membres selon un commandant. Les combattants du Front Islamique seraient eux 45 000 selon un chercheur de l'IHS Jane's Terrorism and Insurgency Centre. (Le nombre de combattants liés à Al-Qaïda peut également être estimé dans ces eaux là).
- Des activistes de l'opposition ont déclaré que le Front Islamique cherchait à réduire l'influence du Conseil Militaire Suprême, jusqu'à le faire disparaître après avoir vainement appelé à ce qu'il le fournisse en armes. Ils ont décidé de prendre le pouvoir selon certains rebelles et analystes.
L'Armée Syrienne Libre est clairement en train de perdre en crédibilité et en légitimité auprès des groupes islamiques "modérés" mais surtout de perdre en influence et en pouvoir. Il est impossible de ne pas en tenir compte alors que les occidentaux semblaient envisager Genève II comme un moyen d'installer ses membres à la tête de la Syrie. Vers quoi s'oriente-t-on ? Une alliance de circonstance à la conférence de Genève II pour tenter de peser pour un départ d'Assad (qui a déclaré ne pas avoir l'intention de quitter le pouvoir au vu de la situation sur le terrain)... Et s'il le quittait, qu'est ce qui en résulterait ?
Publié par Kiergaard
Commentaire