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MAROC ,Finance solidaire : Tout est question de financement

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  • MAROC ,Finance solidaire : Tout est question de financement

    Finance et solidarité peuvent t-il faire bon ménage ? Pour M. Mohamed Benamour, Président du Conseil du Développement et de la Solidarité (CDS), qui intervenait lors des «Rencontre du CDS» sur le thème «La finance solidaire, levier du développement social», la réponse est oui. Pour lui, la finance solidaire illustre que le profit et la solidarité peuvent faire bon ménage, car à côté de la finance de l’ombre des hedge funds, des tradings à haute fréquence ou des bonus aussi élevés qu’extravagants, il existe une autre finance moins médiatique et pourtant infiniment plus vertueuse : la finance sociale et solidaire, qui permet d’irriguer des entreprises à forte utilité sociale ou environnementale. Et pour cause, «cette finance solidaire met l’accent sur le lien social et non sur la recherche du profit maximal, sans pour autant négliger d’être rentable pour prouver sa viabilité», explique t-il.

    Cette rencontre, organisée par le CDS et initiée par M.?Karim Hajji, Directeur Général de la Bourse de Casablanca, s’est tenue en présence de SE Sir Clive Alderton, Ambassadeur de Sa Majesté Britannique au Maroc, a pour but de proposer des axes nouveaux de développement de la Finance Solidaire au Maroc, alliant croissance et solidarité.

    Définie comme un mode de financement innovant qui permet aux investisseurs privés, banques, gestionnaires d’actifs et particuliers de soutenir des projets à fort impact social et environnemental portés par les gouvernements, entreprises sociales et organismes à but non lucratif, la finance solidaire propose des produits financiers pour le champ de l’économie sociale et solidaire, en conciliant les attentes de résultats des investisseurs avec les besoins sociaux des citoyens. Bien que les secteurs bénéficiaires de la finance solidaire soient variés, ils reposent tous sur une même vision de solidarité via l’activité économique. Ainsi, en France, les financements solidaires ont soutenu plus de 12 000 entreprises, permettant la création ou la consolidation de plus de 36 000 emplois, dont 20 000 ont bénéficié à des personnes ayant des difficultés d’accès à l’emploi.

    Problèmes de financement

    Au Maroc, la finance a droit de cité depuis plusieurs années. A titre d’exemple, c’est en 1995 que la Fondation BMCE Bank, oeuvrant dans le domaine de l’éducation, a vu le jour. La banque dote annuellement à cette institution 3 à 4 % de son résultat brut d’exploitation (RBE) pour soutenir l’éducation primaire. La banque avait aussi lancé des fonds de partage pour soutenir son engagement dans le domaine de l’éducation. Dans le même sillage, «BMCE Capital Gestion est en train de préparer un fonds qui sera investi dans des titres socialement responsables de la Bourse casablancaise», a laissé entendre M. Brahim Benjelloun, Administrateur Directeur Général de BMCE Bank. Dans le même sillage, le groupe OCP a aussi fait de la finance solidaire son credo, en mettant en place plusieurs programmes, dont un fonds d’investissement d’un montant de 50 MDH qui investit dans l’innovation agricole. Le Groupe soutient l’entreprenariat dans l’optique de contribuer à la création d’écosystèmes autour de ses différents centres de production.

    L’entreprenariat est aussi au centre des préoccupations de la Fondation Injaz, soutenue par 75 entreprises qui apportent leur soutien financier et humain aux jeunes futurs entrepreneurs. Toutefois, selon son Président, M. Abbad Andaloussi, «le problème de financement des jeunes porteurs de projets demeure le principal obstacle que rencontrent les jeunes formés». Même son de cloche chez M. Najib Mikou, Directeur Général de l’Office chérifienne des exportations (OCE), qui a réussi à transformer cet office moribond en une institution qui associe actuellement quelque 750 coopératives produisant plusieurs milliers de produits d’origine agricoles. Pour lui, «les financements mobilisés par les coopératives restent modestes et ne permettent pas leur développement».



    Des mécanismes de financement à explorer

    Ainsi, le problème majeur de la finance solidaire demeure, selon les différents intervenants, le financement des projets. Selon M. Jonathan Flory, Directeur Social Finance du Royaume-Uni, «il faut des mécanismes novateurs pour que tous les citoyens puissent accéder à la finance solidaire». Selon M. Martin Rich, Directeur Social Finance du Royaume-Uni également, en matière de financement, «on ne doit plus parler de dons (subventions) qui créent de la dépendance, mais de l’investissement à même d’aider le bénéficiaire à voler de ses propres ailes». Aujourd’hui, la Finance Solidaire se développe un peu partout dans divers domaines, aussi bien dans les pays développés que les pays émergents et en développement, et fait appel à un large panel de mécanismes de financement : fonds d’investissement sociaux, produits d’épargne solidaire, «impact bonds», etc. Autant d’instruments de financement qui peuvent être adoptés et adaptés au contexte marocain afin de contribuer au développement de l’économie solidaire.

    Les fonds d’investissement sociaux sont des fonds de capital-risque dont le but lucratif peut être limité, et qui ciblent des projets d’entrepreneuriat social et associatifs, des projets innovants et généralement relatifs aux domaines de la santé, de l’éducation, des services à la personne et du développement durable. En France, par exemple, on recense plus 41 fonds de partage et plus d’un million de personnes souscrivent à des fonds solidaires. Il s’agit de fonds d’investissement basés sur des objectifs (résultats) et non sur le taux de rentabilité. Selon M. Cyrille Langendorff, «les fonds d’investissement doivent être rentables car l’investisseur doit avoir un retour sur investissement minimum».

    Ensuite, il y a les produits d’épargne solidaire qui permettent de faire fructifier l’épargne tout en participant aux enjeux sociaux : lutte contre le chômage, le mal-logement, développement de l’agriculture biologique, les énergies renouvelables, l’entreprenariat, etc. Avec ce mécanisme, les épargnants solidaires placent leur argent dans des produits d’épargne solidaire gérés par des acteurs financiers solidaires, qui financent et accompagnent des porteurs de projets ayant un fort impact social et environnemental.



    Du résultat social d’abord

    Enfin, les «Social Impact Bonds», qui figurent actuellement parmi les produits, connaissent un développement remarquable au niveau de la finance solidaire. Ces produits basés sur les résultats reposent sur un partenariat public-privé, entre investisseurs et gouvernements. Le résultat attendu n’est pas seulement une rentabilité financière mais surtout un résultat social. Ce système permet de financer des programmes gouvernementaux innovants avec à la clé des résultats sociaux : politique de lutte contre certaines maladies, programmes de réductions des actes de récidives de la part des jeunes prisonniers, etc. Globalement, ce mode de financement est sans risque du moment que l’Etat ne rembourse que si les résultats du programme sont positifs. En effet, en cas de non réalisation des résultats, les investisseurs perdent leur mise.

    Ces différents mécanismes permettent de financer directement des porteurs de projet, des micro-entrepreneurs, ou encore d’investir dans des institutions de micro-finance.

    Enfin, les projets financés dans le cadre de la finance solidaire doivent respecter quelques principes de base. D’abord, l’impact social et environnemental doit primer par rapport à l’exigence de profit financier. Ensuite, si le gain financier n’est pas prioritaire, les projets doivent néanmoins offrir une certaine rentabilité financière pour être pérennes. Enfin, l’impact social et environnemental des projets doit être mesurable

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