Assassinat du Pr. Kerroumi: Conférence de presse des avocats (vidéo)

[benam]

AFFAIRE KERROUMI CONFERENCE DE PRESSE DES AVOCATS



Journalistes Citoyens Algérie (JCA)

[benam]

L’accusé condamné à 20 ans de réclusion

Belbouri Mohamed Abdelkader a été condamné, hier, par le tribunal criminel d’Oran, à 20 ans de réclusion criminelle pour assassinat avec préméditation du professeur Ahmed Kerrroumi, enseignant-chercheur et militant du MDS et des droits de l’homme.

L’accusé est aussi reconnu coupable de vol de la voiture du défunt. Le verdict a été prononcé à l’issue d’un procès en appel.
Le 19 avril 2011, Ahmed Kerroumi avait disparu, avant que son corps soit retrouvé, sans vie, le 23 avril, dans le local du bureau d’Oran du MDS.

Le représentant du ministère public avait réclamé la peine de prison à perpétuité à l’encontre de Belbouri Mohamed Abdelkader qui a clamé son innocence devant les juges. Fait inédit dans les annales judiciaires : les avocats de la défense et ceux de la partie civile ont plaidé à l’unisson que «Belbouri Mohamed Abdelkader est innocent et le vrai coupable court toujours». Maître Farid Khemisti, avocat de la partie civile, a été déçu par le verdict : «Belbouri Mohamed Abdelkader est un bouc émissaire.» Dans sa plaidoirie, maître Salah Hanoun, qui s’est constitué bénévolement, a plaidé la non-culpabilité de l’accusé en soulignant que «cet assassinat est plutôt lié aux activités politiques du défunt».

«Ahmed Kerroumi a été assassiné en avril 2011, peu de temps après sa rencontre avec le rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté d’expression. Le défunt militait au sein de la CNCD d’Oran pour réclamer le changement et la démocratie», rappelle Me Hanoun. Les avocats de la défense et ceux de la partie civile ont demandé «un complément d’information pour aboutir à la manifestation de la vérité». Dénonçant «un verdict expéditif», Me Medjdoub, avocat de la défense, a relevé «des contradictions entre les deux résultats de l’analyse d’ADN faite en l’espace de quelques jours». «Les investigations de la police ont été orientées à charge contre l’accusé. Il y a beaucoup de zones d’ombre», déplore-t-il.

Durant son audition par le juge, Belbouri Mohamed Abdelkader a nié totalement avoir tué Kerroumi : «Je n’ai aucune raison de le faire et ma reconnaissance des faits devant la police judiciaire m’a été soutirée sous la contrainte.» Maître Farid Khemisti a réclamé que «justice soit faite» et a plaidé «le bénéfice du doute». Et cet avocat de relever que «le tableau des appels téléphoniques sur lequel s’est basée l’accusation est illégal, anonyme et non daté». La défense a plaidé l’acquittement, de même que les trois avocats de la partie civile ont écarté, dans leurs plaidoiries, la thèse de l’assassinat de droit commun en demandant au tribunal d’éclaircir les zones d’ombre qui caractérisent ce dossier avant de se prononcer.

Selon les avocats, «le dossier, dont le traitement a demandé deux longues années, est truffé de contrevérités et d’expertises médicales contradictoires», avançant comme exemple le cas du siège des toilettes trouvé partiellement cassé le jour de la découverte du cadavre, le 23 avril 2011, alors que l’expert médical a indiqué dans son rapport que le siège turc dont dispose le local du MDS, lieu du crime, était totalement fracassé après l’assassinat de Kerroumi. «Les photos contenues dans le dossier en font foi», ont-ils indiqué, dans le sillage de leur énumération des points qui éloignent la culpabilité de Belbouri Mohamed Abdelkader. D’autres points également, évoqués par la défense à l’avantage de cet accusé, ont trait à la surprenante sépulture retrouvée bien bâtie le lendemain de l’enterrement de la victime et la disparition à jamais du torchon bleu imbibé de sang dont l’appartenance est imputée à l’inculpé.

Kaddour Chouicha, membre du comité directeur de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) n’a pas caché sa déception face à ce verdict : «Beaucoup de questions restent sans réponse», déplore-t-il. Le comité Vérité et justice sur l’assassinat d’Ahmed Kerroumi, qui regroupe des proches, amis et compagnons de lutte du défunt, a déclaré à la presse à l’issue du verdict qu’«il ne va jamais baisser les bras pour que la vérité soit enfin révélée sur les véritables auteurs de son assassinat».

A. Belkedrouci et C. Lahdiri
El Watan 10/12/2013

[Dandy]

les avocats de la défense et ceux de la partie civile ont plaidé à l’unisson que «Belbouri Mohamed Abdelkader est innocent et le vrai coupable court toujours». Maître Farid Khemisti, avocat de la partie civile, a été déçu par le verdict : «Belbouri Mohamed Abdelkader est un bouc émissaire.»

Bonjour Benam,

Cela veut dire que c'est le parquet qui a maintenu l'accusation ?

[absent]

Dandy a dit:

Cela veut dire que c'est le parquet qui a maintenu l'accusation ?

Le parquet a-t-il le droit de maintenir cette accusation même si la partie civile qui est censé défendre le défunt, ait plaidé à l’unisson que :
- Belbouri Mohamed Abdelkader est innocent du meutre
- Belbouri Mohamed Abdelkader est un bouc émissaire
- le vrai coupable court toujours ???

Je ne comprends rien de rien à ce jugement !

[benam]

Bonsoir Dandy,

La partie civile (famille de la victime) et la défense ont considéré que les preuves retenues contre l'accusé sont inconsistantes et que l'instruction s'est faite à sens unique, à charge contre l'accusé.

Malgré cela, le parquet a maintenu l'accusation et le tribunal a condamné l'accusé.
Suite à cela, l'affaire a été portée devant la cour suprême.

Comme signalé dans la vidéo, la défense et la partie civile n'ont pas cessé depuis le début de demander à ce que l'instruction élargisse son champ d'investigations.

Pour ces parties, l'enquête de police et toute l'instruction ont laissé beaucoup de zones d'obscurité totale notamment et entres autres celle relative à la voiture de la victime dont on n'a retrouvé aucune trace.

La partie civile et la défense ont ouvertement affirmé qu'il y a eu falsification et escamotage de preuves pour empêcher que la vérité se fasse sur cette affaire. Pour elles, le bâclage de l'enquête, la disparition de bon nombre de pièces à conviction notamment celles qui prouvaient l'innocence du mis en cause, est révélateur de la puissance des forces qui veulent coûte que coûte que cette affaire soit vite pliée et bien rangée. Elles étaient tellement pressées que les délibérations ont duré à peine 15 minutes, même pas le temps de transcrire sur papier les noms et les avis des jurés et de faire signer le procès-verbal de séance par ceux-ci.

J'espère que la procédure de cassation et ce qui va s'en suivre feront éclater toute la vérité sur cette affaire. C'est tout ce que veulent les proches de la victime.

[benam]

Le parquet a-t-il le droit de maintenir cette accusation

Il en a tout à fait le droit.

N'étant pas juriste, je vais formuler cela de façon peut-être maladroite: dans les affaires criminelles, le parquet s'auto-saisit en tant que partie publique, même en l'absence d'une partie civile. Il s'agit d'affaires qui opposent juridiquement la force publique aux auteurs des crimes. Dans ces affaires, l'existence même d'une partie civile est accessoire.