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Dominos, cartes:passions des hommes durant le ramadhan

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  • Dominos, cartes:passions des hommes durant le ramadhan

    Hier j'avais posté un article mettant en garde contre les accidents domestiques en recrudescence en période de ramadhan et si les femmes sont au labeur à la cuisine pour d'autres la vie n'est qu'un long fleuve tranquille..

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    Jeux de dominos et de cartes constituent l'activité favorite des hommes qui se regroupent après la rupture du jeûne et la prière de taraouih dans les cafés, jardins publics et quartiers.

    Autour d'une bonne tasse de thé et de kalbelouz et zlabia, accompagnée d'une cigarette qu'ils fument "voluptueusement" ou d'"une prise de tabac à chiquer" après la privation imposée par une journée de jeûne, les hommes s'adonnent davantage à cette passion pendant le ramadhan.

    Pour la majorité d'entres eux, ce mois veut dire "veiller tard la nuit et parfois jusqu'à l'aube", ont confié certains jeunes approchés par l'APS, précisant ne pas avoir d'autres occupations pendant ce mois sacrée.

    Les tables sont préparés à la fin de la prière des taraouih par ceux qui ne se rendent pas à la mosquée, dans les quartiers et jardins publics. Parfois aussi, on pense même à décorer ces tables d'un bouquet de naânaâ (menthe), enfoncé dans un verre, en guise de vase, histoire de donner à l'endroit un cachet propre à ce mois sacré.

    Les cafés, sont prêts à assurer leur "gagne pain" par l'intermédiaire de ces joueurs, qui passent la soirée à lancer des "paris" sur des tasses de thé et de kalbalouz ou autres friandises.

    D'ailleurs, dès l'accès de ces cafés franchi, les odeurs captivantes de café et de thé à la menthe, ainsi que des gâteaux traditionnels vous ensorcèlent et vous clouent sur les lieux.

    "J'accompagne ma femme à la prière des taraouih, et une fois à la maison une table bien garnie nous attend. Après avoir siroté une bonne tasse de thé et dégusté "zlabiat Boufarik", je sors rejoindre mes copains, autour d'une partie de dominos", a dit Mohamed, la quarantaine, et la moustache sombre. "Pas question de monter à la maison, après taraouih, je suis un mordu des jeux de cartes et de dominos. J'attends la tombée de la nuit avec impatience pour aller faire quelques parties", a confié pour sa part, Sid Ahmed, habillé d'un "bleu Shanghai", un ensemble de couleur bleu foncé venu de Chine, et devenu la tenue privilégiée des Algérois et notamment "El-Bahria" (marins).

    Jeunes et vieux, chacun attend son tour pour prendre la main et jouer. "Parfois chacun de nous se porte volontaire et achète une boîte de kalbelouz et du thé pour le groupe", a confié Sofiane, père de trois enfants qui s'impatiente de commencer une partie, se déroulant dans un local de torréfaction.

    "La différence entre le mois du ramadhan et les autres jours, est que durant ce mois, on trouve le temps se réunir et se retrouver. Quel que soit le niveau intellectuel de chacun, les jeux de cartes et le domino nous entraînent dans la convivialité", constate de son coté Redouane, vêtu d'un kamis blanc et retroussant ses manches, prêt à commencer sa partie.

    Le jeu de dominos se joue parfois à deux ou à trois, mais pendant le ramadhan, il est permis d'allonger la liste à cinq ou six. C'est le tour de Mohamed (surveillant de l'école), Kamel (ingénieur), Sid Ahmed (agent de sécurité), Redouane (médecin) et Nacer (concierge) d'ouvrir le bal. Sous la brise nocturne, une bonne tasse de thé et une cigarette à la main, Mohamed commence la partie. Durant le jeu, chaque joueur épie son ami ou voisin comme son pire rival. "Eh oui ! chacun de nous espère gagner et c'est de bonne guerre", s'amuse à dire Redouane. D'autres passionnés les entourent et attendent leur tour, parfois en mâchant les feuilles de naânaâ cuit dans le thé.

    Un autre avis est livré par Noureddine: "Je ne suis pas fan du jeu de dominos et encore moins de cartes mais j'aime regarder et encourager mes amis", a-t-il dit, ajoutant que ce "type de rencontre me permet de sortir de ma monotonie quotidienne".

    "Tu as triché", s'écria Kamel en s'adressant à Sid Ahmed qui lui répond agressivement, haussant le ton au point de choquer tous les présents.

    Sans l'intervention des autres joueurs, Kamel et Sid-Ahmed se seraient entêtés à s'échanger des mots et où chacun défendrait son honneur, à sa manière. "Il ne faut pas s'étonner, c'est toujours comme ça, mais tout fini par s'arranger", a déclaré Nouredine, estimant que "sans cette ambiance, le jeu n'aura pas de charme".

    Le même climat règne dans des cafés qui accueillent chaleureusement ses habitués. "J'avoue que je fais beaucoup de bénéfices pendant le ramadhan. Sans se rendre compte, les passionnés des jeux achètent plusieurs tasses de thé et des morceaux de kalbelouz", a indiqué Salah, un propriétaire de café, qui dit en riant que "les dépenses des uns font les bénéfices des autres".

    Ceci dit, a-t-il cependant ajouté, "il m'arrive parfois de jouer et de payer la tournée comme les autres".

    Outre ces endroits, bon nombre de locaux sont transformés, pour la circonstance en "Mahchachettes", autrement dit, des lieux où des jeunes de certains quartiers populaires se regroupent pour participer à des tournois de dominos ou de jeux de cartes où les gâteaux traditionnels et surtout le fameux "Briq", font office de gage.

    Là, une autre ambiance tout à fait similaire y règne. Chacun essaye par tous les moyens de gagner sa partie afin de ne pas "débourser un sou". Mais, "les plus radins y perdent souvent et payent la tournée", a déclaré Samir avec un sourire qui en dit long.

    Les soirées du ramadhan peuvent ainsi durer des heures entières, dans la nuit, sans souci du jour qui pointe et appelle au labeur.

    Par APS
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