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Centrafrique :Du conflit politique au conflit interconfessionnel

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  • Centrafrique :Du conflit politique au conflit interconfessionnel

    Les événements en Centrafrique, un pays où jusqu’ici musulmans et chrétiens vivaient en harmonie, sont en phase de se transformer en conflit inter-religieux selon nombre d’observateurs. Fabriqué par les politiciens et nourri par le sentiment de vengeance engendré par les atrocités commises par les deux camps, le conflit est aujourd’hui qualifié de génocidaire. Que peuvent y faire les troupes françaises venues appuyer la force de l'Union africaine ?


    Interrogé par le site TV5.org, Christian Mukosa, chercheur à Amnesty international et spécialiste de la Centrafrique, explique que le conflit dans ce pays a été provoqué par le putsch de mars dernier qui a donné le pouvoir à la rébellion Séléka et au président Michel Djotodia.

    Le conflit prend une dimension confessionnelle croissante

    Les combattant de la Séléka, une coalition hétéroclite de groupes armés, principalement musulmans, ont pris le pouvoir par les armes en mars 2013 dans un pays à majorité chrétien et animiste. Depuis, ils ont commis de graves exactions contre les civils chrétiens, qui à leur tour, ont constitué des milices pour attaquer des musulmans (milices anti-balaka).

    Ces violences ont provoqué l'intervention armée de la force de l'Union africaine (Misca) et de la France, dont les soldats ont entamé lundi le désarmement des milices.

    Cependant, les tensions entre communautés chrétiennes et musulmanes virent aujourd'hui au massacre à la machette donnant au conflit une dimension confessionnelle croissante.

    Selon Christian Mukosa, à l'heure actuelle, la dimension religieuse est plus importante et se manifeste très violemment, à travers une haine tenace entre les deux communautés. La crise qui opposait les anti-balaka aux ex-Séléka, perçus comme des étrangers parce que des Tchadiens et des Soudanais se trouvent parmi ces troupes, s'est transformée en lutte entre les deux communautés.

    Aujourd'hui, décrit Michel Mukosa, elles s’entretuent seulement parce que l’un est musulman et l’autre est chrétien, faisant du conflit un conflit interconfessionnel.

    Instrumentalisation de la religion par les chefs politiques

    “Il y a eu une instrumentalisation de la religion par les chefs politiques à un moment et maintenant que cela commence à dégénérer, plus personne ne contrôle rien”, explique le chercheur.

    Lorsque les forces françaises ont entamé le désarmement des ex-Séléka, ces derniers ont été attaqués par les communautés chrétiennes. Beaucoup d'éléments Séléka et de musulmans, désormais victimes de l'amalgame avec les Séléka, leur reprochent de les avoir laissés en pâture à la foule vengeresse.

    “Si les Français restent, ce sera le génocide”, juge ainsi un ex-rebelle de la Séléka rempli de rancœur. De nombreux anciens Séléka ont ainsi été lynchés par des chrétiens peu de temps après avoir été désarmés, selon des témoignages.

    “Si on désarme les musulmans, il faut les protéger”

    “La France est en train de commettre une grande erreur. Ils disent qu'ils sont là pour protéger les civils. Mais un Séléka désarmé devient un civil. C'est un citoyen, pourquoi ne les protègent-ils pas ? C'est injuste. L'armée française a pris la voie des chrétiens et laisse les musulmans en chemin. Elle n'est pas impartiale”, condamne l'ex-rebelle.

    “Si on désarme les musulmans, il faut les protéger”, insiste-t-il.

    “Oui au désarmement, non à la discrimination des musulmans. Les militaires français sont responsables des massacres et pillages depuis le début du désarmement partial”, clame pour sa part une banderole.

    D'autres sont plus vindicatifs: “Les anti-balakas sont des hommes de Bozizé (ex-président de Centrafrique, ndlr), qui cherche à reprendre le pouvoir. Ils tuent des innocents et détruisent les mosquées. Nous resterons pour défendre le quartier et on se battra jusqu'au dernier homme. Si ça continue ce sera la guerre”.

    Pourtant, plus que jamais l'intervention de la communauté internationale, de l’Union africaine et de l’ONU doit aider le pays à s’en sortir, avec en priorité la protection des civils.

    aufait
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