Lu dans le Quotidien d'Oran ce jour par Moncef Wafi
Promis. Juré. Aujourd'hui, je vais sortir applaudir une délégation officielle. Bénévolement, sans qu'on me paye ma journée de militant avec en prime un casse-croûte dégueu. Je prendrai sur mon temps libre et je ferai le pied de grue pour apercevoir le Sellal français, oui le Ayrault, le souffre-douleur des guignols de « Canal + », et si j'arrive à le choper en tête-à-tête pour un chouia de temps, alors je lui dirais tout le bien que je pense de sa France à lui et à Hollande, le président pas le plat pays. La France aussi de Sarkozy, de Chirac et des autres. Si le service d'ordre me laisse l'approcher, même de quelques mètres, je lui crierais tout l'amour que je porte à la langue de Voltaire, au siècle des lumières et au visa long séjour. Je me frayerai un passage à la force des coudes, évitant les balles de ses gardes du corps, juste pour lui chuchoter à l'oreille que le racisme c'est pas bien ou que c'est mal surtout si c'est notre ombre qui déguste. Je me déguiserai en hôtesse d'accueil, des fleurs à la main et un sourire aussi large que les boulevards de la corruption pour lui susurrer au creux de l'oreille que la France n'est pas le gendarme de l'Afrique et que le ventre de l'Afrique ne lui appartient pas. Je crierai haut et fort que BHL est un sioniste de chez sioniste, que Paris n'est pas la capitale d'Israël, qu'il faut arrêter de stigmatiser les autres peaux et que Finkielkraut n'aime pas les Arabes et les musulmans. Je serrerai la main à tous ses ministres et à l'armada des patrons venus dans ses bagages pour un petit projet, par ci par là, pour ne pas être en reste de la Chine et de la Turquie. Je le supplierai d'arrêter de persécuter Dieudonné, de légaliser les quenelles, de considérer comme Français à part entière tout être humain qui le désire, quelle que soit sa langue, sa religion, sa souffrance. Je lui rappellerai que la France nous a volé 132 ans de notre histoire, qu'elle a torturé nos grands-pères et violé nos grands-mères et j'exigerai, au nom de tous les morts, rien que pour voir la tête qu'il fera, que la République demande pardon pour tous les bienfaits du colonialisme. Et quand il inaugurera l'usine de Renault, à Tlélat, j'applaudirai de toutes mes forces espérant secrètement que la première voiture ne soit pas à l'image de notre autoroute et que la presse ne parle pas d'un autre scandale. J'applaudirai jusqu'à me faire mal pour exprimer ma joie de voir un projet qui fera bosser les Algériens sans être exploités (un rêve) et vivre dans la certitude que cet argent, au moins, ne servira pas à alimenter notre classement nauséabond parmi les nations les plus corrompues. Quoique. Je chanterai la Marseillaise, au garde-à-vous comme pour rappeler qu'il n'y avait pas que des résistants en Algérie pendant la guerre.
Enfin, si j'arrive à lui parler je lui demanderais de me faire une place dans sa valise, entre sa trousse de toilette et son pyjama pour m'emmener là-bas, chez lui. Chez nous.
Promis. Juré. Aujourd'hui, je vais sortir applaudir une délégation officielle. Bénévolement, sans qu'on me paye ma journée de militant avec en prime un casse-croûte dégueu. Je prendrai sur mon temps libre et je ferai le pied de grue pour apercevoir le Sellal français, oui le Ayrault, le souffre-douleur des guignols de « Canal + », et si j'arrive à le choper en tête-à-tête pour un chouia de temps, alors je lui dirais tout le bien que je pense de sa France à lui et à Hollande, le président pas le plat pays. La France aussi de Sarkozy, de Chirac et des autres. Si le service d'ordre me laisse l'approcher, même de quelques mètres, je lui crierais tout l'amour que je porte à la langue de Voltaire, au siècle des lumières et au visa long séjour. Je me frayerai un passage à la force des coudes, évitant les balles de ses gardes du corps, juste pour lui chuchoter à l'oreille que le racisme c'est pas bien ou que c'est mal surtout si c'est notre ombre qui déguste. Je me déguiserai en hôtesse d'accueil, des fleurs à la main et un sourire aussi large que les boulevards de la corruption pour lui susurrer au creux de l'oreille que la France n'est pas le gendarme de l'Afrique et que le ventre de l'Afrique ne lui appartient pas. Je crierai haut et fort que BHL est un sioniste de chez sioniste, que Paris n'est pas la capitale d'Israël, qu'il faut arrêter de stigmatiser les autres peaux et que Finkielkraut n'aime pas les Arabes et les musulmans. Je serrerai la main à tous ses ministres et à l'armada des patrons venus dans ses bagages pour un petit projet, par ci par là, pour ne pas être en reste de la Chine et de la Turquie. Je le supplierai d'arrêter de persécuter Dieudonné, de légaliser les quenelles, de considérer comme Français à part entière tout être humain qui le désire, quelle que soit sa langue, sa religion, sa souffrance. Je lui rappellerai que la France nous a volé 132 ans de notre histoire, qu'elle a torturé nos grands-pères et violé nos grands-mères et j'exigerai, au nom de tous les morts, rien que pour voir la tête qu'il fera, que la République demande pardon pour tous les bienfaits du colonialisme. Et quand il inaugurera l'usine de Renault, à Tlélat, j'applaudirai de toutes mes forces espérant secrètement que la première voiture ne soit pas à l'image de notre autoroute et que la presse ne parle pas d'un autre scandale. J'applaudirai jusqu'à me faire mal pour exprimer ma joie de voir un projet qui fera bosser les Algériens sans être exploités (un rêve) et vivre dans la certitude que cet argent, au moins, ne servira pas à alimenter notre classement nauséabond parmi les nations les plus corrompues. Quoique. Je chanterai la Marseillaise, au garde-à-vous comme pour rappeler qu'il n'y avait pas que des résistants en Algérie pendant la guerre.
Enfin, si j'arrive à lui parler je lui demanderais de me faire une place dans sa valise, entre sa trousse de toilette et son pyjama pour m'emmener là-bas, chez lui. Chez nous.
Commentaire