Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Allemagne : la pauvreté grimpe à un niveau inédit

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Allemagne : la pauvreté grimpe à un niveau inédit

    Par Les Echos | 19/12 |

    Le taux de pauvreté s’est élevé à 15,2 % en 2012. Du jamais vu. L’écart entre riches et pauvres augmente de façon significative et le fossé entre régions prospères et régions pauvres s’élargit.
    Une personne sur sept est pauvre ou menacée de pauvreté en Allemagne - Reuters
    Une personne sur sept est pauvre ou menacée de pauvreté en Allemagne - Reuters

    Comparé à ses voisins, l’Allemagne a bien surmonté la crise. Et pourtant, cela n’empêche pas le pays d’être touché par une forte hausse de la pauvreté, qui a même atteint un niveau record en 2012, s’alarme la très respectée « Paritätische Gesamtverband », une fédération regroupant quelque 10.000 associations actives dans le domaine de l’aide sociale et de la santé. « Le taux de pauvreté, à 15,2%, a atteint un nouveau et triste record en 2012 », souligne l'édition 2013 du rapport annuel de cette organisation, qui s'appuie sur des données de l'institut allemand des statistiques (Destatis). « Une personne sur sept est pauvre ou menacée de pauvreté », avec un revenu inférieur à 60% du revenu médian, a noté Ulrich Schneider, le président de la fédération, en relevant la hausse quasi-constante du taux de pauvreté depuis 2006.

    Le fait que la pauvreté ne cesse de progresser alors que le chômage diminue « pointe du doigt le gonflement des emplois à bas salaire, la baisse des emplois à plein temps soumis à cotisations sociales, la hausse du temps partiel et des conditions d'emploi précaires depuis dix ans, a estimé Ulrich Schneider.

    « L'Allemagne n'a jamais été aussi profondément divisée qu'aujourd'hui », a-t-il lancé. Non seulement l'écart entre riches et pauvres « a significativement augmenté en Allemagne », mais en plus « le fossé entre régions prospères et régions pauvre s'approfondit et s'élargit », a-t-il ajouté. Ainsi, le taux de pauvreté dépasse à peine 11% dans les riches Etats régionaux du sud (Bavière, Bade-Wurtemberg) mais dépasse 20% dans plusieurs Etats du nord (Berlin, Brême, Saxe-Anhalt et Mecklembourg-Poméranie Occidentale). « Des centres pour jeunes ou personnes âgées, des bibliothèques, des piscines ferment dans beaucoup d'endroits », s'alarme le rapport.
    « Spirale du déclin »

    « Des régions entières sont plongées dans une spirale du déclin », a martelé Ulrich Schneider, pour lequel la région de la Ruhr, ancien bastion industriel de l'Ouest de l'Allemagne, pose le plus de problèmes.

    Il a apporté son soutien au projet du nouveau gouvernement allemand d'introduire un salaire minimum universel en Allemagne , pays qui en est dépourvu. Le gouvernement de coalition entre conservateurs et sociaux démocrates a prévu de fixer à 8,50 euros de l'heure la rémunération minimum à partir de 2015. Le pouvoir d'achat moyen des salariés en Allemagne a baissé sur les neuf premiers mois de 2013, a annoncé par ailleurs jeudi l'institut des statistiques dans un communiqué.
    Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous
    Mahomet

  • #2
    Inégalités, pauvreté : non, l'Allemagne n'est pas un désastre social... La preuve

    LE PLUS. L'Allemagne est toujours citée en exemple en Europe pour sa croissance et son taux de chômage très bas. Mais la condition sociale des citoyens allemands est loin d'être aussi bonne. Arnaud Lavalade, chargé d'études économiques dans une fédération patronale, analyse les chiffres de la pauvreté et trouve une ressemblance frappante avec la France.

    L’une des idées les plus en vogue depuis un moment serait celle-ci : si l’Allemagne devance la France sur le plan économique, c’est qu’elle construit son modèle sur un désastre social.

    Le système allemand serait comparable au Moloch de "Metropolis", dévorant les jeunes travailleurs pour mieux exporter, équilibrer son budget national et afficher un taux de croissance indécent en temps de crise.

    Aucune "recette miracle"

    Malgré leur taux de chômage deux fois inférieur (5,2% en septembre 2013), les Allemands seraient à plaindre en raison de la situation sociale de leur pays. L'Allemagne serait actuellement ravagée par les inégalités et la pauvreté ; sa population sacrifiée sur l’autel d’un néolibéralisme forcené. Mieux vaudrait être un chômeur en France qu’un salarié en Allemagne.

    Bien entendu, il est sain de rappeler que c’est à chaque peuple et à chaque pays de construire son propre modèle, et qu’il n’y a aucune "recette miracle" pour la bonne marche d’une économie nationale. Tout comme il est sensé de s'interroger sur les fondations d'un système productif, particulièrement si celui-ci épuise sa population au nom d'une croissance sacralisée.

    Cependant, il est également nécessaire de se questionner sur la véracité des critiques à l'encontre du modèle allemand. Si l'Allemagne est bien l'ogre en question, une comparaison fondée sur des données objectivées, chiffrées, entre nos deux pays devrait ainsi donner la France "victorieuse" sur le plan social.

    Une pauvreté comparable dans les deux pays

    Selon les sources Eurostat, le taux de pauvreté [1] allemand s'est rapproché de celui constaté en France après un pic en 2007, deux ans après la fin des réformes Hartz. Loin du charnier ultralibéral décrit par les contempteurs du modèle allemand, la pauvreté outre-Rhin a reflué ces dernières années, pour redevenir proche de celle constatée en France.

    Part de la population vivant sous le seuil de pauvreté



    La pauvreté légendaire des travailleurs allemands ne se retrouve pas non plus dans les statistiques Eurostat. Ainsi, 7,8% d'entre eux se trouveraient sous le seuil de pauvreté, après redistribution... contre 8% des travailleurs français. Les deux taux sont également proches.

    La France plus inégalitaire que l'Allemagne

    Les réformes Hartz, que l’on juge généralement responsables de la situation sociale allemande, ont eu lieu entre 2003 et 2005. Cela tombe bien : des données Eurostat nous permettent de nous rendre compte de la situation avant, pendant et après ces réformes sur le plan des inégalités.

    L’une des mesures les plus fréquentes des inégalités est celle du rapport entre les revenus des plus riches et ceux des plus pauvres. Le rapport interquintile consiste à comparer la part du revenu des 20% les plus aisés, et à le rapporter à celui des 20 % les plus pauvres.

    Sur ce plan, le constat est proche de celui sur la pauvreté : après une situation initiale meilleure qu’en France, les inégalités en Allemagne ont connu un pic en 2007, avant de se réduire peu à peu… jusqu’à redevenir inférieures à celles de la France !

    En 2012, le cinquième des Allemands les plus aisés gagnait 4,3 fois ce que touchaient les 20% les plus pauvres. En France, ce rapport était de 4,5.

    Pour donner une idée, la même année, l’UE affichait un rapport de 5. Le pays le plus inégalitaire était l’Espagne (7,2) et le moins inégalitaire était la Norvège (3,2).

    Le fossé entre riches et pauvres se réduit en Allemagne



    Une autre mesure répandue quant à la mesure des inégalités est celle du coefficient de GINI. Un indice de 1 correspond à l’inégalité absolue, un indice de 0 à l’égalité absolue. Pour un ordre de grandeur, en 2010, le pays le plus inégalitaire au monde aurait été la Chine, avec un coefficient de 0,61.

    Cette donnée est d’autant plus intéressante qu’elle prend en compte l’ensemble des revenus d’une population, contrairement aux rapports interquintiles.

    Avec cette mesure, en 2012, l’Allemagne présentait des inégalités de revenus bien moins importantes que la France. En termes d’inégalités, nous sommes plus proches de l’Espagne ou de la Grèce que de la Norvège.



    Une histoire de paille et de poutre

    La tragédie allemande n’est pas que son taux de pauvreté et ses inégalités explosent ; c’est plutôt que sa situation sociale s’est rapprochée de la France depuis les réformes Hartz ! Le véritable problème de ceux s'attristant sur le sort des Allemands est qu'ils ne semblent pas connaître la situation sociale française… En somme, inutile de traverser le Rhin pour trouver la pauvreté, les inégalités et l’exclusion à de tels niveaux.

    Et s’il est légitime d’aborder les questions de soutenabilité des politiques économiques, de modèles productifs, de monnaie voire même de nationalisme, nous devrions nous méfier de tous ceux agitant la situation sociale allemande comme un épouvantail.

    [1] Le seuil de pauvreté calculé par Eurostat est fixé à 60% du revenu médian après transferts sociaux. Le revenu médian est celui pour lequel la moitié d’une population gagne moins et l'autre moitié gagne plus. Attention : ne pas confondre "salaire" (qui comprend uniquement le revenu d’un travail salarié) et "revenu" (l’ensemble des ressources).

    Le Nouvel Observateur
    Vive le Polisario ! ....... Haba man haba, wa kariha man kariha

    Commentaire

    Chargement...
    X