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Sur les traces des harraga algériens en Europe : Le calvaire du couloir bulgare

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    Sur les traces des harraga algériens en Europe : Le calvaire du couloir bulgare


    le 19.12.13 | 10h00
    | © Photo : El Watan



    Miziriya oua tahya El Djazaïr» (la misère et vive l’Algérie). Le slogan, repris en chœur au lendemain de la qualification de l’équipe nationale, retentit jusqu’au cœur de Sofia, la capitale bulgare. Sur la place centrale de Sofia et ses environs immédiats, il m’arrive de me sentir presque à Alger : des «saha kho» clamés ici et là, des «labess ?» affables de compatriotes. Sans parler des chamailles entre délinquants tonnant de gros mots aux accents algériens.


    Bulgarie. De notre envoyé spécial



    Je suis bloqué ici depuis le mois de novembre, je tente de réunir la somme de 1200 euros nécessaire pour passer la frontière serbe», me confie d’emblée Chafaa, 22 ans. Rencontré à Vitosha, le quartier commerçant de la capitale bulgare, silhouette effilée et cheveux en bataille, le jeune immigrant du Djurdjura supporte bien le froid des Balkans et ne semble pas regretter le soleil du pays : «Au bled, j’ai trimé comme un forcené. J’ai fait le plongeur, le serveur, tous les métiers imaginables pour amasser l’argent et me payer un billet pour la Turquie. J’avais une idée fixe : quitter le pays absolument !»
    Comme Chafaa, ils sont nombreux à tenter le couloir bulgare pour passer en Europe. Il semble désormais que la plupart des nouveaux harraga ont renoncé à l’ancien passage grec, quasiment impénétrable depuis bientôt une année suite aux pressions européennes exercées sur Athènes. Les contrôles aux frontières ont été durcis et le dispositif Frontex renforcé. La Bulgarie est la nouvelle destination des harraga algériens. Avec une frontière de près de 270 km avec la Turquie, la Bulgarie est désormais la nouvelle porte dérobée des immigrés clandestins à l’assaut de l’Europe.
    Débarqué à Istanbul en septembre, Chafaa a dû payer doublement le prix pour traverser la frontière turco-bulgare. «Ma première tentative à bord d’un camion a lamentablement échoué, nous avons été interceptés par les militaires bulgares qui avaient installé, ce soir-là, un dispositif renforcé.» 500 euros de perdus. Une autre parade est trouvée et Chafaa est revenu à la charge. «La deuxième tentative était la bonne. A la faveur de la nuit, nous avons réussi à traverser la frontière à pied, après quelque 30 minutes de marche, le passeur nous a emmenés vers une sorte de campement de fortune, nous y avons passé le reste de la nuit dans un froid glacial», se souvient Chafaa grelottant, emmitouflé dans sa veste russe.
    La traversée Nassim, un Algérois de 26 ans rencontré également sur la place Vitosha, a été un calvaire. «Les militaires qui ratissaient la zone nous ont surpris à 4h du matin. J’étais perché sur un arbre. Le militaire qui m’a débusqué m’a tiré par le pied. Je suis tombé par terre et les soldats m’ont roué de coups de pied. Ils nous ont traîné dans une caserne où ils nous ont fait subir un cruel interrogatoire», se souvient le jeune homme, les yeux humides, visiblement encore traumatisé. «Nous avons été séquestrés dans les cellules de la caserne dans des conditions inhumaines. Au bout d’une dizaine de jours, j’ai réussi à convaincre mes geôliers que j’étais un réfugié syrien. Une astuce que m’avaient refilée des anciens. Aussitôt dit, aussitôt affranchi : ils m’ont jeté dehors comme un pestiféré !» se rappelle Nassim, un peu plus soulagé. Mais ce n’était pas encore la fin de sa peine. Dépaysé, sans le sou, il a erré quelques jours avant de rejoindre ses amis harraga à Sofia. Là-bas, les jeunes sans ressources sont livrés à eux-mêmes. Pour survivre, les réflexes coupables prennent le dessus et ils s’adonnent au vol et à des méfaits en tout genre. «Allah ghaleb khouya, il faut bien manger à sa faim, et surtout trouver l’argent pour payer les passeur de la frontière serbe…»
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