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Malek Ouary : Parcours d’un intellectuel méconnu

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  • Malek Ouary : Parcours d’un intellectuel méconnu

    Le 1er Novembre 1954 fut pour les Algériens une rupture historique, mais aussi littéraire. C’était l’éveil. L’écriture romanesque a cédé la place à d’autres plus incisives, plus alertes et plus engagées. Le but des écrivains, le principal si ce n’était l’unique, était la lutte contre le colonisateur, la grande puissance impérialiste qui les a spoliés de leur identité.

    Parmi eux Malek Ouary. C’est à Ighil Ali, un village de la capitale des Hammadites qui a vu la naissance de Jean et Taos Amrouche, qu’est né Malek Ouary le 27 janvier 1916, dans une famille kabyle chrétienne. Il y suivit sa scolarité du primaire jusqu’au lycée, puis alla à Alger où il fit ses études supérieures en littérature et en philosophie. Une période durant laquelle il a été sevré de sa culture et de sa langue par l'exclusivisme du système scolaire français. « On m'y envoyait en quelque sorte pour y désapprendre ma langue afin de m'initier à une autre », disait-il en 1974.

    A la fin de ses études, il devient enseignant en lettres. Mais il n’y fit pas une longue carrière et se tourna vers le métier de journaliste radiophonique. Influencé par « Chants berbères de Kabylie » de Jean Amrouche, Ouary commencera un travail de collecte et d’enregistrement de poésies, de textes, de contes et de chants rituels kabyles avec comme objectif de sauvegarder et faire connaître le patrimoine berbère. Sa quête des repères identitaires fut jalonnée par la publication de plusieurs essais, anthologies et autres productions dont une série de 22 disques de chants individuels ou de chœurs en 1946. Parmi eux : ‘’Par les chemins d’émigration’’, ‘’Collier d’épreuves’’ (traduit du kabyle), éd. Société Algérienne de Publication, en 1955, ‘’Poèmes et chants de Kabylie’’, éd. Saint-Germain-des-Prés, en 1972. Soucieux de préserver l’héritage culturel de sa région, il publiera également des articles et des reportages retraçant le mode de vie des Kabyles de son époque dans diverses revues.

    Passant à l’écriture romanesque, Ouary, à l’instar des autres écrivains de son époque, dont M. Feraoun, M. Mammeri, T. Amrouche, M. Dib, a nourri le projet de détruire les préjugés des colons qui considéraient les autochtones comme des sous-hommes qui avaient grand besoin d’être ‘’civilisés’’ pour accéder au statut d’Hommes. Ainsi, dans son premier roman, intitulé ‘’Le grain dans la meule’’, publié en 1956, aux éditions Buchet-Chastel, à Paris, Malek Ouary passa à l’action. Il nous fait retourner jusqu’à avant 1830, pour nous raconter l’histoire d’une vendetta qui se déroula dans sa région. Les événements sont minutieusement décrits, relatant les mœurs et les coutumes de la Kabylie de cette époque antérieure à la colonisation française. C’est tout un débat autour de la question identitaire des colonisés que l’auteur a ouvert pour affirmer que la société kabyle avait ses valeurs et n’attendait pas que les ‘’Autres’’ en lui donnent. En 1962, il s’installa à Paris où il poursuivit sa carrière de journaliste et d’écrivain.

    Dans ‘’La montagne aux chacals’’, édité en 1981 et ‘’La robe kabyle de Baya’’, publié aux éditions Bouchène, en 2000, une année avant sa mort, l’écrivain-journaliste relate l’histoire de personnages qui se sont détachés de leur patrie et de leur culture pour intégrer le milieu européen. Mais ceux-ci ne tarderont pas à revenir parmi les leurs après la découverte de la réalité mensongère de l’Autre. Malek Ouary, qui a contribué à la promotion du patrimoine berbère et de la littérature algérienne d’expression française, par le biais de la radio et de l’écriture, est mort, dans l’anonymat, le 21 décembre 2001, à Argelès-Gazost, dans les Pyrénées Orientales en France.


    Arezki Z. - la dépêche de kabylie
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