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Le «made in Algeria» peine à séduire

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  • Le «made in Algeria» peine à séduire

    La Foire de la production nationale (FPN) qui s’est achevée hier pour sa 22e édition est intervenue cette année dans un contexte marqué par la multiplication des annonces pour la relance de la production nationale, notamment dans le cadre de l’instruction du premier ministre, Abdelmalek Sellal, au gouvernement, ses orientations lors de ses visites à travers les wilayas et des recommandations de la dernière tripartite portant exclusivement sur ce chapitre. Et ce, d’autant que l’environnement de l’entreprise ne joue toujours pas en faveur de la production nationale.


    Les participants à la FPN n’ont pas manqué de le souligner, particulièrement ceux représentant le secteur privé. En effet, si du côté des entreprises publiques on préfère ne pas se prononcer sur cette question, mais surtout sur les programmes d’investissements arrêtés pour essayer de relever un secteur en jachère et faire redémarrer la machine productive étatique, du côté du privé ce ne sont pas les appréhensions quant à la mise en œuvre des engagements du gouvernement et ni les difficultés qui font défaut.

    C’est ce que montrent les témoignages recueillis sur place auprès de certains opérateurs venus participer à cette manifestation qui a beaucoup perdu de son importance et de son aura au fil des ans avec l’avènement des salons spécialisés. C’est plutôt l’aspect commercial qui a primé lors de ce rendez-vous, où même les produits chinois ont été proposés à la vente. Cela pour dire que le «made in Algeria» n’a toujours pas réussi à se frayer une place de taille sur le marché national, étant fortement concurrencé par les importations. «Nous faisons face à une grande concurrence. Dans beaucoup de cas, elle est déloyale». Ce n’est pas nouveau comme aveu, mais les participants à la FPN n’ont pas raté l’occasion pour le rappeler. Une manière d’illustrer les difficultés dans lesquelles ils se débattent pour se maintenir sur le marché national au moment où le premier ministre leur demande d’être compétitifs sur le marché international.

    Les producteurs privés appelés à s’unir pour défendre leurs intérêts


    Abdelmalek Sellal a bien lancé cet appel à l’ouverture de la foire : «Soyez compétitifs sur le marché international». C’est ainsi qu’il s’est exprimé sur l’un des stands visités le 18 décembre dernier. «Avec quels moyens pouvons-nous l’être ?», se sont interrogés pour leur part les opérateurs économiques, en proie aux difficultés du terrain. «Quand on vient exposer à la foire, on trouve l’encouragement de la part du public et des professionnels. Mais, en réalité, nous rencontrons beaucoup d’obstacles sur le terrain pour travailler», confie M. Moussaoui, directeur de Mac-BM, une entreprise spécialisée dans la production et la confection de la chaussure de sécurité professionnelle et dans la maroquinerie. Quels sont ces problèmes ? En réponse à cette question, M. Moussaoui citera plusieurs points, à commencer par le déficit en main-d’œuvre qualifiée. «Les jeunes ne sont pas orientés vers ce métier qui tend à disparaître», nous dira M. Moussaoui avant de passer aux problèmes liés à la rareté de la matière première vendue, selon lui, par les importateurs à des prix loin d’être étudiés.

    Et ce, sans omettre la concurrence déloyale des produits issus de l’importation et la non-disponibilité du foncier pour les opérations d’extension. «Nous pouvons même exporter. Actuellement, on ne le fait pas parce que les conditions ne sont pas réunies à cet effet», ajoutera encore le patron de Mac-BM, qui appellera par la même occasion les producteurs à s’organiser pour défendre leurs intérêts. «Nous devons nous unir, nous former en groupes et non pas rester en rangs dispersés. C’est cela la culture de l’industrie. Si chacun travaille pour lui, on ne réussira pas à construire l’industrie dans ce pays.»

    Abordant les mesures du gouvernement sur la relance, il dira : «Depuis 14 ans, nous entendons les mêmes discours, mais nous ne voyons rien venir. Tout simplement parce qu’il n’y a pas de suivi des mesures annoncées.» Même son de cloche chez la majorité des opérateurs économiques privés prenant part à cette manifestation.

    L’ENIEM sort de la crise et passe au partenariat


    En revanche, dans le secteur public, l’accent est essentiellement mis sur les avancées enregistrées avec la mise en œuvre des plans de développement. C’est le cas à l’Entreprise nationale des industries de l’électroménager (ENIEM) qui a décroché cette année le 11e prix national de la qualité après dix tentatives. Après avoir dépassé la période d’assainissement, la société est entrée en phase de relance dans laquelle plusieurs projets sont prévus.

    Mustapha Rabia, chef de département marketing et exportation de l’entreprise, nous citera comme exemple un partenariat avec l’entreprise allemande Liebherr de droit suisse (fabricant d’engins de construction, machines-outils, de réfrigérateurs et d’équipements aéronautiques) pour la production de deux types de réfrigérateurs : un combiné et un autre modèle 300D. «Nous sommes en prospection. Nous avons déjà reçu les échantillons. Nous attendons de ce partenariat qu’il nous apporte la technologie et le savoir-faire», souligne M. Rabia qui précisera : «C’est ce qui nous manque en tant qu’entreprise publique. Nous n’arrivons pas à développer nos produits comme il se doit. C’est pour cela que nous avons besoin de la technologie allemande pour améliorer nos produits.»

    Il s’agit aussi pour l’entreprise de renforcer sa présence sur le marché. Et ce, d’autant que de bons résultats ont été enregistrés ces dernières années. Les prévisions s’annoncent d’ailleurs bonnes pour 2013, avec un chiffre d’affaires de 5 milliards DA. Cependant, la concurrence déloyale continue à porter un coup dur à l’entreprise, qui compte énormément sur son futur partenaire allemand pour avancer dans chapitre recherche et développement et adhérer ainsi à la politique du gouvernement qui prône le partenariat public–privé. «Nous sommes une entreprise publique, nous adoptons donc la démarche des pouvoirs publics dans ce domaine». Un point qu’a rappelé le ministre du commerce en marge de la foire.

    Benbada : «la compétence doit prendre le dessus sur l’appartenance»

    «Nous sommes condamnés à travailler ensemble. Le monde économique ne connaît pas de barrières. C’est la compétence qui doit prendre le dessus et non pas l’appartenance», nous dira Mustapha Benbada.
    «Le fait de réunir d’une manière non discriminatoire les entreprises publiques et privées est un grand pas», ajoutera-t-il, citant l’exemple du groupe privé Benamor qui s’est associé et a acquis 60% d’ ERIAD en 2012, avant de conclure récemment un accord avec le français Mecatherm spécialisé dans les équipements pour la boulangerie industrielle pour l’acquisition de trois lignes de production et développé le pôle de Corso. «C’est un bel exemple de partenariat», soulignera M. Benbada rappelant les mesures prévues pour la relance de l’industrie.

    Au nombre de 25, ces dernières seront appliquées dès 2014 dans l’objectif de moderniser l’économie et faire face à la concurrence étrangère. Le groupe de travail installé à cet effet à l’issue de la dernière tripartite économique remettra prochainement ses conclusions. Parmi ces actions, citons la mise en œuvre d’une stratégie de promotion des exportations hors hydrocarbures, en plus de mesures concernant les investissements dans l’information économique à travers la création d’une base de données.

    Selon le ministre, contrairement au secteur industriel public qui dispose de ses propres traditions en matière d’établissement de l’information économique et de son propre tableau de bord, cette culture est absente chez le privé qui ne relaie pas l’information nécessaire aux différentes administrations, alors que «c’est important pour suivre, réguler le marché et construire une économie basée sur l’initiative et la forte réactivité des opérateurs économiques.» Mais également essentiel pour les investisseurs étrangers intéressés par le marché algérien.

  • #2
    La coopération économique pour diversifier la production

    Une question qui s’est taillée la part du lion la semaine dernière avec l’organisation du forum d’affaires algéro-français à Alger à l’occasion de la visite du premier ministre français, Jean-Marc Ayrault en Algérie, la volonté affichée par les japonais d’accroître leurs investissements lors du forum arabo-nippon tenu à Tokyo, et enfin la signature de l’accord de partenariat pour la réalisation du complexe sidérurgique de Bellara (Jijel) après une longue période de négociations. Ce ne sont donc pas les perspectives de partenariat et de coopération qui font défaut en cette fin d’année.

    Pourvu que les occasions soient bien saisies pour réussir à huiler la machine économique dans une période où l’Algérie ressent fortement le besoin de diversifier son économie, notamment en raison de la réduction des exportations d’hydrocarbures, comme l’a souligné le gouverneur de la Banque d’Algérie devant les députés. A titre illustratif, il y a eu également la baisse de demande des raffineries européennes sur le Sahara Blend, brut algérien de référence, lequel a connu une rupture avec sa tendance haussière en reculant de près de deux dollars au mois de novembre, selon l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Il est donc temps de dépasser le stade des intentions en passant aux actes.

    Sidi Saïd : «Il faut aller vers la volonté d’exécution»

    Cependant, des efforts sont à déployer pour améliorer le climat des affaires dans un pays où le social et l’assistanat priment sur toute autre chose. Cette tendance persistera en 2014. Abdelmalek Sellal l’a affirmé à partir de Djelfa où il effectuait une visite jeudi dernier. «L’Algérie ne renoncera jamais à cette politique», a déclaré M. Sellal lors d’une rencontre avec la société civile de la région. Une politique pourtant fortement critiquée par les observateurs entre experts et opérateurs, qui attendent toujours du concret à travers l’exécution des décisions annoncées en grande pompe.

    Abdelmadjid Sidi Saïd, secrétaire général de l’UGTA, note d’ailleurs qu’il y a lieu d’aller vers la volonté d’exécution. «Nous sommes en phase de réindustrialisation de notre potentiel économique, qu’il soit public ou privé. C’est un challenge à relever par l’ensemble de ces acteurs. Il faut avoir la volonté politique pour avancer. Cette dernière existe. Maintenant, il faut aller vers la volonté d’exécution», nous dira-t-il, précisant que les groupes de travail installés lors de la tripartite s’attellent justement à finaliser les dossiers au moment où M. Benbada annonce que le travail est pratiquement ficelé.

    Sans donner de détails sur la prochaine tripartite sociale dont la date n’a pas encore été fixée, Sidi Saïd notera l’importance des partenariats entre entreprises publiques. Et de revenir sur l’accord signé entre Leather industrie et Algérie Telecom. En vertu de cet accord, Leather industrie fournira à Algérie Telecom, pendant 5 ans, des produits d’habillement, d’ameublement et des articles de mobilier. «C’est un exemple à suivre. Ensuite, il y aura une autre phase d’accord entre des sociétés privées et publiques», soulignera le patron de la centrale syndicale. «C’est justement par ce genre d’initiatives qu’on peut mettre effectivement en route le processus de la production nationale, la valoriser, lui donner son contenu et la mettre à la disposition des consommateurs», conclura-t-il.

    Samira Imadalou- El Watan

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