La chronique de Hafid Derradji
"Je ne suis pas candidat à l'élection présidentielle". C’est une phrase de quelques mots que le président Abdelaziz Bouteflika pourrait prononcer dans quelques jours comme une suite logique de sa fameuse déclaration à Sétif il y a deux ans.
Lors d’une visite qu’il avait effectuée dans la capitale des hauts-plateaux, il avait annoncé que le temps de sa génération était révolu (« tab djnana ») et qu’il était temps de passer le flambeau à la génération de l'indépendance, ajoutant que l’ère de la légitimité historique et révolutionnaire était dépassée et qu’il était temps de revenir à la légitimité populaire.
Si ce scénario venait à devenir réalité, le président en serait le premier victorieux, tout comme la nation. Et son nom entrerait dans l’histoire par la grande porte, même s’il décevra ceux qui croient en lui par conviction. En revanche, seront choqués et indignés, les opportunistes qui lui demandent aujourd’hui de briguer un quatrième mandat afin de préserver leurs positions et de continuer à tirer profit des avantages qu’elles leurs apportent. Ce n’est point par amour ou loyauté pour l'homme. Ou par conviction dans sa capacité à diriger la nation, compte tenu de sa condition physique qui ne lui permet plus de s'acquitter de ses fonctions comme c'était le cas au début de sa carrière de président.
L'homme ne s’est pas adressé à son peuple depuis fort longtemps. Il n'a réuni ses ministres qu’une seule fois cette année, en raison de son âge avancé et de son état de santé. Il suit et s’informe de tout ce qui se passe aujourd’hui au sujet de la prochaine élection présidentielle et du quatrième mandat sans prononcer un seul mot, cultivant ainsi la culture du silence.
Cependant, il est conscient que ceux qui parlent en son nom ainsi que les nombreuses personnes qui l’appellent à se présenter pour la prochaine élection, le font pour défendre leurs propres intérêts. Il existe bien entendu, parmi le peuple, des personnes sincères qui souhaitent son rétablissement du fond du cœur et voudraient qu’il brigue un quatrième mandat, convaincues qu'il est le mieux placé pour diriger le pays car nul ne peut le remplacer.
En revanche, ceux qui parlent en son nom, le font par crainte pour leur sort après son départ. Ils font ainsi dans la surenchère au nom de Bouteflika, du patriotisme, de la continuité, de la sécurité et de la stabilité.
Ils profitent de la naïveté du peuple et de son attachement au président pour le pousser à briguer un quatrième mandat qui leur permettra de s’emparer de ce qui reste et de continuer à piller les ressources et à porter atteinte aux institutions et au peuple de ce pays.
Aujourd’hui, l’idée qui prévaut dans tous les milieux est que Bouteflika annoncera sa candidature pour un quatrième mandat, en dépit de son incapacité à se mettre debout et à prononcer un discours de quelques mots.
Cependant, d’autres indices suggèrent que l'homme fera appel à sa conscience et annoncera dans les prochains jours, et en quelques mots, sa décision de ne pas se présenter à nouveau, conformément à la promesse qu’il s’est fait à lui-même et au peuple à Sétif il y a plus de deux ans.
Il pourrait même ajouter qu’il a dépassé les soixante-dix ans et qu’il n'est plus capable de donner plus. Car l'Algérie a besoin d’un président jeune, en mesure de travailler dix-huit heures par jour. L’Algérie ne peut survivre avec un chef d'Etat qui la dirige avec une télécommande ou par la procuration qu’il a attribuée à certains de ses proches. Ceux-là même qui ont porté préjudice à sa personne, aux institutions de l'Etat et aux hommes de ce pays au point de pousser nos jeunes au désespoir et à la grogne en raison de leurs pratiques mafieuses.
Le président pourrait nous dire en quelques mots qu'il a décidé de ne pas briguer un autre mandat parceque "après cinquante ans d’indépendance, l'Algérie a besoin d’un président de la génération de l'indépendance qui aura une légitimité populaire et non pas historique ou révolutionnaire, celle-ci a suffisamment dirigé le pays. L’Algérie a plus que jamais besoin de se libérer des opportunistes et des usurpateurs qui ont exploité ma confiance et profité de la bonté de ce peuple et qui ont fait des ravages en pillant et en se livrant à toutes sortes d'abus et de passe-droits."
Le président pourrait dire à son peuple : «Je sais qu'il existe une grande partie de personnes sincères et fidèles qui veulent que je me présente à nouveau. Je sais qu'il y a une catégorie d’hypocrites qui veut me voir rester pour qu’elle reste aussi. Je suis aussi conscient qu’une certaine classe s’oppose à ma candidature afin d’avoir le champ libre. Mais je ne me présenterai pas comme candidat à la prochaine élection présidentielle, car je me sens incapable de continuer après avoir accompli mon devoir. J’ai tantôt failli et tantôt réussi comme tout le monde. Il est temps pour moi de me reposer et de reposer le peuple de tous les opportunistes et les hypocrites."
Certains diront que je rêve, et d’autres prétendront que je m’oppose à une nouvelle candidature du président, ou que je suis, au contraire, partisan du quatrième mandat, mais ma position n’a pas de valeur devant celle du président lui-même et celle du peuple.
Ma position n’a point de valeur devant l’histoire qui retiendra notre immobilisme alors que l’Algérie vit l’une des étapes les plus difficiles depuis son indépendante.
Une étape qui nous a ouvert les yeux sur les personnes honnêtes, les opportunistes et les attentistes. Nous avons pris conscience que notre malheur vient de notre élite miséreuse qui brille quand il s’agit de servir le roi et faillit face au peuple et qui continue à nous mentir en usant de tous les moyens dont elle dispose.
TSA
"Je ne suis pas candidat à l'élection présidentielle". C’est une phrase de quelques mots que le président Abdelaziz Bouteflika pourrait prononcer dans quelques jours comme une suite logique de sa fameuse déclaration à Sétif il y a deux ans.
Lors d’une visite qu’il avait effectuée dans la capitale des hauts-plateaux, il avait annoncé que le temps de sa génération était révolu (« tab djnana ») et qu’il était temps de passer le flambeau à la génération de l'indépendance, ajoutant que l’ère de la légitimité historique et révolutionnaire était dépassée et qu’il était temps de revenir à la légitimité populaire.
Si ce scénario venait à devenir réalité, le président en serait le premier victorieux, tout comme la nation. Et son nom entrerait dans l’histoire par la grande porte, même s’il décevra ceux qui croient en lui par conviction. En revanche, seront choqués et indignés, les opportunistes qui lui demandent aujourd’hui de briguer un quatrième mandat afin de préserver leurs positions et de continuer à tirer profit des avantages qu’elles leurs apportent. Ce n’est point par amour ou loyauté pour l'homme. Ou par conviction dans sa capacité à diriger la nation, compte tenu de sa condition physique qui ne lui permet plus de s'acquitter de ses fonctions comme c'était le cas au début de sa carrière de président.
L'homme ne s’est pas adressé à son peuple depuis fort longtemps. Il n'a réuni ses ministres qu’une seule fois cette année, en raison de son âge avancé et de son état de santé. Il suit et s’informe de tout ce qui se passe aujourd’hui au sujet de la prochaine élection présidentielle et du quatrième mandat sans prononcer un seul mot, cultivant ainsi la culture du silence.
Cependant, il est conscient que ceux qui parlent en son nom ainsi que les nombreuses personnes qui l’appellent à se présenter pour la prochaine élection, le font pour défendre leurs propres intérêts. Il existe bien entendu, parmi le peuple, des personnes sincères qui souhaitent son rétablissement du fond du cœur et voudraient qu’il brigue un quatrième mandat, convaincues qu'il est le mieux placé pour diriger le pays car nul ne peut le remplacer.
En revanche, ceux qui parlent en son nom, le font par crainte pour leur sort après son départ. Ils font ainsi dans la surenchère au nom de Bouteflika, du patriotisme, de la continuité, de la sécurité et de la stabilité.
Ils profitent de la naïveté du peuple et de son attachement au président pour le pousser à briguer un quatrième mandat qui leur permettra de s’emparer de ce qui reste et de continuer à piller les ressources et à porter atteinte aux institutions et au peuple de ce pays.
Aujourd’hui, l’idée qui prévaut dans tous les milieux est que Bouteflika annoncera sa candidature pour un quatrième mandat, en dépit de son incapacité à se mettre debout et à prononcer un discours de quelques mots.
Cependant, d’autres indices suggèrent que l'homme fera appel à sa conscience et annoncera dans les prochains jours, et en quelques mots, sa décision de ne pas se présenter à nouveau, conformément à la promesse qu’il s’est fait à lui-même et au peuple à Sétif il y a plus de deux ans.
Il pourrait même ajouter qu’il a dépassé les soixante-dix ans et qu’il n'est plus capable de donner plus. Car l'Algérie a besoin d’un président jeune, en mesure de travailler dix-huit heures par jour. L’Algérie ne peut survivre avec un chef d'Etat qui la dirige avec une télécommande ou par la procuration qu’il a attribuée à certains de ses proches. Ceux-là même qui ont porté préjudice à sa personne, aux institutions de l'Etat et aux hommes de ce pays au point de pousser nos jeunes au désespoir et à la grogne en raison de leurs pratiques mafieuses.
Le président pourrait nous dire en quelques mots qu'il a décidé de ne pas briguer un autre mandat parceque "après cinquante ans d’indépendance, l'Algérie a besoin d’un président de la génération de l'indépendance qui aura une légitimité populaire et non pas historique ou révolutionnaire, celle-ci a suffisamment dirigé le pays. L’Algérie a plus que jamais besoin de se libérer des opportunistes et des usurpateurs qui ont exploité ma confiance et profité de la bonté de ce peuple et qui ont fait des ravages en pillant et en se livrant à toutes sortes d'abus et de passe-droits."
Le président pourrait dire à son peuple : «Je sais qu'il existe une grande partie de personnes sincères et fidèles qui veulent que je me présente à nouveau. Je sais qu'il y a une catégorie d’hypocrites qui veut me voir rester pour qu’elle reste aussi. Je suis aussi conscient qu’une certaine classe s’oppose à ma candidature afin d’avoir le champ libre. Mais je ne me présenterai pas comme candidat à la prochaine élection présidentielle, car je me sens incapable de continuer après avoir accompli mon devoir. J’ai tantôt failli et tantôt réussi comme tout le monde. Il est temps pour moi de me reposer et de reposer le peuple de tous les opportunistes et les hypocrites."
Certains diront que je rêve, et d’autres prétendront que je m’oppose à une nouvelle candidature du président, ou que je suis, au contraire, partisan du quatrième mandat, mais ma position n’a pas de valeur devant celle du président lui-même et celle du peuple.
Ma position n’a point de valeur devant l’histoire qui retiendra notre immobilisme alors que l’Algérie vit l’une des étapes les plus difficiles depuis son indépendante.
Une étape qui nous a ouvert les yeux sur les personnes honnêtes, les opportunistes et les attentistes. Nous avons pris conscience que notre malheur vient de notre élite miséreuse qui brille quand il s’agit de servir le roi et faillit face au peuple et qui continue à nous mentir en usant de tous les moyens dont elle dispose.
TSA
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