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Les irréductibles de La Casbah, Rachid Belhocine

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  • Les irréductibles de La Casbah, Rachid Belhocine

    Avec son ouvrage, Les irréductibles de La Casbah, paru aux éditions Rafar, Rachid Belhocine nous plonge dans La Casbah de la guerre avec ses drames et ses malheurs, mais aussi avec ses espérances et sa foi.


    Cet auteur-acteur n’est pas comme les autres. Il est mature avant d’être adulte et sa prise de conscience se fait alors qu’il entre à peine dans l’adolescence, âge de l’insouciance où l’on croque la vie à belles dents pour reprendre la chanson. Lui, à 14 ans, s’engouffre dans le péril, à son corps défendant, en rejoignant des hommes aguerris à la lutte pour partager avec eux le même idéal : celui de reconquérir notre liberté et notre dignité. Peu d’écrits ont immortalisé la place des adolescents dans la lutte. Avec le livre de Rachid Belhocine, c’est un pan de notre histoire qui vient d’être réhabilité. Rachid, né en 1943 à La Casbah, et y a vécu, nous retrace dans cet ouvrage de 150 pages son itinéraire, son adolescence confisquée.

    Le péril à chaque instant, la peur, le danger constant seront vite domestiqués grâce à une détermination farouche et une foi inébranlable. Plongé au cœur même d’une cellule de fidayine, Rachid va découvrir la réalité de la résistance, la rigueur de la clandestinité, l’apprentissage de la maîtrise de la peur. Rachid parle de son parcours magnifié par l’héroïsme de ses camarades de combat, plus âgés et dont il dresse des portraits pleins de reconnaissance et de tendresse.

    Il évoque l’évasion spectaculaire de Bouziri Sid Ali et Tiah Hocine, pourtant placés sous haute sécurité du palais de justice et au lieu de se faire oublier, vont reprendre le combat de plus belle et tomber en martyrs, les armes à la main. D’autres hommes non moins valeureux marqueront la vie de Rachid en raison de leur engagement et des actes héroïques accomplis. Rachid, acteur, témoin et observateur dénoncera les crimes abjects commis par l’ennemi et ses supplétifs, ces collabos zélés, dont on ne soulignera jamais assez les nuisances.

    Le livre-témoignage s’appuie sur des documents inédits, des lettres intimes, des unes de journaux de l’époque, ce qui donne davantage de dimension à cet ouvrage agrémenté aussi d’un poème de Hamrène Boualem publié dans Révolution, organe de la Wilaya IV, en 1957, dans lequel sont glorifiés les dignes enfants de la Révolution. Ceux qui ont su mourir un hymne sur les lèvres, ceux qui ont su partir en chantant leur fièvre. Ils étaient les meilleurs. Ceux qui ont su mourir ne doivent pas partir, ceux qui ont su partir ne doivent pas mourir. Ils étaient les meilleurs ! Alors, pêle-mêle, Rachid parle de Chebli Mokrane dit Gambi, de Bouziri, de Tiah, de Boualem la France, de Amari, de Larbi et des autres…
    En fait, les pensées de Rachid sont destinées à la mémoire de tous les martyrs qui se sont sacrifiés dans la fleur de l’âge pour libérer l’Algérie du joug colonial abject.

    Ses pensées vont aussi à La Casbah, «cette citadelle qui a résisté à toutes les invasions depuis des millénaires qui est toujours debout, avec ses cicatrices, ses vestiges vieillissants pour raviver notre conscience et rappeler que l’avenir de notre jeune nation est intimement lié à son passé.
    Sa sauvegarde et sa préservation sont vitales pour les générations futures». Puis, Rachid de se remémorer cette «chahada» : «Avant de tomber au champ d’honneur au milieu de La Casbah, Mokrane Chebli me disait : ‘‘Tu vois, le combat que nous menons contre le colonialisme français n’est qu’un petit combat (djihad el asghar), le plus important combat que nous devrons affronter c’est après l’indépendance si Dieu le veut. Le grand combat (djihad el akbar) est celui de l’édification et du savoir’’».

    K. S- El Watan

  • #2
    CC’est un engagement vis-à-vis des familles des martyrs et envers des compagnons d’armes.

    Comment l’idée a-t-elle germé pour votre ouvrage Les Irréductibles de la Casbah ?

    Rachid Belhocine. Auteur :Cela a germé et est issu de la génération des affres de la colonisation française. De la génération des affres de la Révolution. De la génération du traumatisme du cessez-le-feu. Et puis, celles du traumatisme fratricide. Je n’ai pas voulu tout évoquer. J’ai fait une parenthèse. C’était un privilège d’avoir côtoyé des hommes d’une telle stature. Les fidayine (les combattants urbains de La Casbah). Je ne croyais pas vivre ce que j’ai vécu. Surtout cette terrible violence lors du cessez-le-feu. Où l’OAS avait exécuté sa stratégie de terre brûlée. Et le plus traumatisant, c’était le référendum de l’indépendance. Ils (l’OAS) ont tout fait pour détruire La Casbah. Et puis, les tensions et autres conflits fratricides. On ne savait pas ce qui se passait.

    - Un témoignage…


    J’ai eu la chance de ne pas être arrêté. J’étais adolescent. J’ai suivi la révolution de 1954 et puis l’indépendance. C’est un témoignage vivant. Après l’indépendance, j’étais déphasé. J’appartenais à des groupes armés qui étaient structurés jusqu’à la grève des huit jours.
    Après, ils étaient disloqués. La cellule dont je faisais partie, ses membres, étaient livrés à eux-mêmes. Ils ont fait appel à moi pour les assister quant à la recherche de planques. Ils voulaient monter au maquis. C’était ma toute première mission lors de la révolution.

    - Il y avait-il un chef ?

    Il n’y avait pas de chef ou de super chef. C’était une cellule qui activait et avait un ennemi : les forces coloniales. C’étaient des gens qui attaquaient l’ennemi même à mains nues. Les fidayine, c’étaient des gens comme vous et moi. Simplement, ils avaient quelque chose de plus. La ferveur ! Des personnes, des humains qui ont aussi leurs angoisses et peurs. Le martyr Larbi Ben M’hidi avait dit : «Jetez la révolution dans la rue, et le peuple s’en emparera». C’était une révolution populaire. Il n’y avait pas de super héros !


    Vous rendez hommage notamment à un révolutionnaire qui vous a marqué…

    C’est Lamari Larbi qui a créé les cellules de La Casbah. La première fois quand je l’ai rencontré clandestinement, c’était spectaculaire ! C’était un gaillard d’1m90, qui, quand il a ouvert sa veste croisée, portait une mitraillette pliée sous son aisselle avec des élastiques, trois pistolets, des grenades offensives et deux chargeurs derrière le dos. Cet armement était destiné aux jeunes recrues qui étaient avec moi et que je ne connaissais guère. J’avais 14 ans. J’étais fasciné. Mais je commençais à développer la peur.

    - Ce sont les «irreductibles de La Casbah»…

    C’est le moudjahid Abderrazak Haffaf qui est la source d’inspiration du choix de mon livre.


    - C’est un devoir de mémoire…

    C’est un engagement vis-à-vis des familles des martyrs et envers des compagnons d’armes. J’ai été incité à évoquer leur mémoire.
    Ce n’est ni un calcul, ni commercial, ni politique, encore moins quelque gloire ou «gloriole». Ce sont des faits. C’est un devoir de mémoire !

    K. Smail- el watan

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