Des matelas et des couvertures accrochés sur des cordes s’exposent devant les baraques. Les pieds, quand ils évitent les nombreuses mares d’eau, s’enfoncent dans la boue. À l'est d’Alger, dans la commune de Baraki, les intempéries de la nuit de dimanche à lundi ont rajouté une couche de misère au bidonville Haouch Biga 2, provoquant l’ire de ses habitants. Ils sont sortis très tôt ce matin, vers 4 heures, pour couper la route menant vers Larbaâ et Bentalha, à l’aide de pneus brûlés, de troncs d’arbres, et surtout avec beaucoup de détermination.
« Nous avons passé une nuit à évacuer l’eau des maisons », affirme Aïssa Lakhal. La cinquantaine, ce chef de famille de huit personnes est le représentant du bidonville. Les agents de la protection civile ne sont venus que vers 8 heures du matin, selon lui. La police ? « J’ai été voir le commissaire qui nous a demandé de rouvrir la route pour nous emmener voir le chef de daïra et le maire, mais il n’a pas tenu sa promesse », poursuit-il. Les jeunes ont alors bloqué, une nouvelle fois, la route après l’avoir rouverte à la circulation.
Dans l’après-midi de ce lundi, les femmes sont à l’extérieur. Chacune veut raconter son drame et cracher sa douleur. Faire visiter sa maison inondée par les eaux de pluies et où l’humidité a fini par noircir les murs peints en rose et rendre l’air irrespirable. Toutes s’estiment prioritaires pour avoir un logement. « Touchez nos matelas, nos oreillers, nos couvertures. Ils sont toujours mouillés ! », tonne Nassima. Sa voisine se joint à elle et lâche : « Vous trouvez normal qu’un adolescent de 18 ans dorme à côté de sa mère ! Si les autorités ne veulent pas nous donner nos droits qu’elles nous donnent le visa et elles ne nous verront plus jamais ici ». « Dans tous les pays du monde, la jeunesse est vue comme un espoir, ici, on la pousse vers la mer ! », ajoute-t-elle.
À Haouche Biga 2, ce sont des baraques de deux pièces construites approximativement avec des briques. Elles abritent des familles nombreuses, souvent de 8 à 12 membres. Ces dernières se disent, aujourd’hui, déterminées à aller jusqu’au bout pour bénéficier d’un logement. « Nous sortirons avec nos enfants et nos maris s’il le faut pour bloquer la route. Adviendra que pourra ! », jure une autre femme.
À quelques centaines de mètres de Biga 2, ce sont les habitants de Diar El Baraka, une cité datant de la fin des années 50, qui bloquent la route menant au centre-ville de la commune. Visiblement moins touchés par les intempéries, les jeunes semblent toutefois déterminés. Et ils le font savoir violemment à coup de jet de pierres et de cocktails Molotov. Ils sont encouragés, de temps à autre, par les youyous de leurs mères, sœurs et femmes.
Si quelques véhicules seulement de la police étaient visibles à proximité de Haouch Biga 2, c’est une armada d’agents antiémeute qui a été dépêchée pour contenir la colère des jeunes de Diar El Baraka avec un camion chasse-neige et plus d’une dizaine de fourgons. Pendant des heures, les policiers ont fait face aux émeutiers, en l’absence des autorités locales. « Ils ont commencé par jeter des pierres sur le commissariat. Nous n’avons pas de logements à distribuer. On ne fait qu’appliquer la loi ! », lance un policier.
En fin d’après-midi, les routes ont été rouvertes à la circulation. Des interpellations pourraient intervenir dès demain, selon une source policière. Mais aucune opération de relogement n’a encore été annoncée…
Hadjer Guenanfa
lundi, 23 décembre 2013
***********
« Nous avons passé une nuit à évacuer l’eau des maisons », affirme Aïssa Lakhal. La cinquantaine, ce chef de famille de huit personnes est le représentant du bidonville. Les agents de la protection civile ne sont venus que vers 8 heures du matin, selon lui. La police ? « J’ai été voir le commissaire qui nous a demandé de rouvrir la route pour nous emmener voir le chef de daïra et le maire, mais il n’a pas tenu sa promesse », poursuit-il. Les jeunes ont alors bloqué, une nouvelle fois, la route après l’avoir rouverte à la circulation.
Dans l’après-midi de ce lundi, les femmes sont à l’extérieur. Chacune veut raconter son drame et cracher sa douleur. Faire visiter sa maison inondée par les eaux de pluies et où l’humidité a fini par noircir les murs peints en rose et rendre l’air irrespirable. Toutes s’estiment prioritaires pour avoir un logement. « Touchez nos matelas, nos oreillers, nos couvertures. Ils sont toujours mouillés ! », tonne Nassima. Sa voisine se joint à elle et lâche : « Vous trouvez normal qu’un adolescent de 18 ans dorme à côté de sa mère ! Si les autorités ne veulent pas nous donner nos droits qu’elles nous donnent le visa et elles ne nous verront plus jamais ici ». « Dans tous les pays du monde, la jeunesse est vue comme un espoir, ici, on la pousse vers la mer ! », ajoute-t-elle.
À Haouche Biga 2, ce sont des baraques de deux pièces construites approximativement avec des briques. Elles abritent des familles nombreuses, souvent de 8 à 12 membres. Ces dernières se disent, aujourd’hui, déterminées à aller jusqu’au bout pour bénéficier d’un logement. « Nous sortirons avec nos enfants et nos maris s’il le faut pour bloquer la route. Adviendra que pourra ! », jure une autre femme.
À quelques centaines de mètres de Biga 2, ce sont les habitants de Diar El Baraka, une cité datant de la fin des années 50, qui bloquent la route menant au centre-ville de la commune. Visiblement moins touchés par les intempéries, les jeunes semblent toutefois déterminés. Et ils le font savoir violemment à coup de jet de pierres et de cocktails Molotov. Ils sont encouragés, de temps à autre, par les youyous de leurs mères, sœurs et femmes.
Si quelques véhicules seulement de la police étaient visibles à proximité de Haouch Biga 2, c’est une armada d’agents antiémeute qui a été dépêchée pour contenir la colère des jeunes de Diar El Baraka avec un camion chasse-neige et plus d’une dizaine de fourgons. Pendant des heures, les policiers ont fait face aux émeutiers, en l’absence des autorités locales. « Ils ont commencé par jeter des pierres sur le commissariat. Nous n’avons pas de logements à distribuer. On ne fait qu’appliquer la loi ! », lance un policier.
En fin d’après-midi, les routes ont été rouvertes à la circulation. Des interpellations pourraient intervenir dès demain, selon une source policière. Mais aucune opération de relogement n’a encore été annoncée…
Hadjer Guenanfa
lundi, 23 décembre 2013
***********
Commentaire