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Déclaré apostat par un dirigeant salafiste algérien, le poète syrien Adonis réplique avec dédain

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  • Déclaré apostat par un dirigeant salafiste algérien, le poète syrien Adonis réplique avec dédain

    PAR Abed Charef


    Le poète et homme de lettres syrien Adonis, pris à partie par un dirigeant salafiste algérien, répond avec dédain. Va apprendre les subtilités de la langue arabe, dit-il à Abdelfettah Ziraoui Hamadache, chef d’un parti salafiste non agréé.

    Excommunié par un dirigeant salafiste algérien, qui a appelé à brûler ses livres, le poète et homme de lettres syrien Adonis a répondu de manière virulente, appelant son principal détracteur, Abdelfettah Ziraoui Hamadache, à apprendre la langue arabe avant de prétendre parler au nom de l’Islam. Pour Adonis, cette tendance au « takfir », qui permet d’émettre une fetwa (avis religieux) selon la laquelle un adversaire est apostat, est un phénomène qui s’est souvent répété à travers l’histoire. Un héritage du Moyen-âge, repris dans le monde moderne par les fascistes et les nazis, ainsi que par des extrémistes religieux.

    La campagne contre Adonis a été lancée par Abdelfettah Ziraoui Hamadache, chef du parti non agréé Front de la Sahwa. Il s’agit d’un prédicateur salafiste qui a longtemps séjourné en Arabie Saoudite. Celui-ci a appelé les sunnites du monde entier à « brûler les livres, recueils et lettres de l’athée » Adonis. Il lui reproche d’avoir insulté des illustres dirigeants musulmans, comme Mouaouia, Khaled Ibn El-Walid, Salaheddine El-Ayoubi (Saladin), et d’avoir appelé à détruire des villes sunnites comme Damas, Homs et Deraa, connues pour avoir hébergé ces personnages historiques.

    La déclaration de Hamadache, « une agression contre l’Islam »
    Ziraoui Hamadache, qui a déposé un dossier au nom d’un parti salafiste en Algérie, sans obtenir l’agrément des autorités, affirme qu’il n’a pas innové en déclarant Adonis apostat. Selon lui, une fetwa similaire avait déjà été prononcée il y a trois ans par l’ancien président de l’Association des Oulama, Abderrahmane Chibane, décédé depuis. Ziraoui Hamadache a ajouté qu’il ne se contenterait pas d’appels à brûler l’œuvre d’Adonis, mais qu’il le ferait lui-même rapidement, et en diffuserait les images de l’autodafé.
    Adonis, 83 ans, un des plus brillants hommes de lettres de sa génération, considéré par l’écrivain marocain Tahar Ben Jelloun comme « l’oublié des Nobel », a invité le dirigeant salafiste algérien à apprendre la langue arabe avant de prétendre parler au nom de l’Islam. Il reproche au dirigeant islamiste algérien de ne pas comprendre la poésie, de ne pas connaître les subtilités de la langue arabe, « d’être inculte », selon un partisan d’Adonis. Le poète souligne qu’Il suffit de lire les textes qui lui sont imputés pour comprendre qu’il ne peut pas en être l’auteur. Il invite son détracteur à « s’instruire pour être à la hauteur » d’une mission telle que défendre la religion. Pour lui, la déclaration du salafiste algérien est « une agression contre l’Islam, contre la culture et l’histoire de l’Islam ».
    Une polémique sur fond de conflit entre chiites et sunnites en Syrie
    Adonis, qui a démenti avoir demandé la protection de la police française, rappelle qu’il est né au sein d’une communauté chiite, en Syrie, mais qu’il rejette tout projet communautariste. Il se déclare contre toute politisation de la religion.
    Cette nouvelle polémique intervient sur fond de guerre civile syrienne, dans laquelle se sont invités les salafistes algériens. Ceux-ci, calquant leur position sur celle de l’Arabie Saoudite, soutiennent les mouvements islamistes armés syriens appuyés par Ryadh. Les salafistes algériens situent également leur combat dans le cadre d’une guerre contre les chiites.
    Adonis, de son côté, qui aussi fait des études de philosophie, a joué un rôle essentiel dans la modernisation de la poésie arabe. Face à la crise syrienne, il a appelé le président Bachar Al-Assad à quitter le pouvoir, mais il a refusé de soutenir la guérilla armée. S’affirmant laïc, il a très tôt relevé le danger d’une radicalisation de l’opposition. «Je suis contre la destruction du pays que soutiennent certains pays arabes et européens, sans oublier Israël" , a-t-il notamment déclaré. Il aussi «appelé l’opposition à adopter un projet clair basé sur le principe de laïcité».
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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