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Ghannouchi : « Le modèle pour la Tunisie ? Les pays scandinaves »

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  • Ghannouchi : « Le modèle pour la Tunisie ? Les pays scandinaves »

    « Le meilleur exemple de sociétés alliant démocratie et justice sociale, ce sont les pays scandinaves, et nous comptons nous en inspirer. » Cette déclaration surprenante de Rached Ghannouchi n’a pas été recueillie par un journaliste, mais par un psychiatre et psychanalyste juif, d’origine tunisienne qui s’est entretenu en toute liberté de penser avec le président d’Ennhada, le parti islamiste au pouvoir en Tunisie. B.G.



    Rached Ghannouchi lors d’une conférence de presse le 14 décembre (Chedly Ben Ibrahim/Sipa)

    Gérard Haddad. Commençons par la question principale : où en est aujourd’hui la Tunisie ?

    Rached Ghannouchi. Le dialogue national est en train de réussir. L’horizon se dégage progressivement sur tous les points essentiels, ce qui permet d’envisager la finalisation de la constitution et la tenue prochaine d’élections. Il n’y a plus de points de friction idéologiques. Nous avons listé tous nos points de divergence avec l’opposition, et nous les avons réglé un par un.





    Psychiatre, psychanalyste, écrivain après avoir été agronome, Gérard Haddad est né en Tunisie où il retourne régulièrement faire un séminaire à la fac de psycho sur Lacan.

    Via un ami commun, il a pu s’entretenir il y a huit jours avec le président du parti d’Ennahda, Rached Ghannouchi. Il est l’auteur de « Lumière des astres éteints, la psychanalyse face au camp » (éd. Grasset). Blandine Grosjean



    On considère souvent que tout changement politique repose sur une mutation idéologique, voire théologique. Quelle serait, selon vous, cette mutation qui se serait produite en Tunisie ?

    C’est la prise de conscience qu’il n’y a rien d’antagonique entre l’islam et la démocratie, qu’islam et démocratie vont de pair.

    Nous voulons faire de la Tunisie un modèle de démocratie musulmane. Notre parti veut être comparé aux partis chrétiens-démocrates qui existent en Europe.

    Y a-t-il un modèle de pays démocratiques dont vous pensez que la Tunisie pourrait s’inspirer ?

    Pour moi, la meilleure référence, le meilleur exemple de sociétés alliant démocratie et justice sociale, ce sont les pays scandinaves, et nous comptons nous en inspirer.

    Je ne m’attendais pas à cette réponse. En effet, Ennahda est considéré comme une émanation des Frères musulmans. Or, dans l’idéologie de ce mouvement, l’accent est mis sur la notion d’Oumma, de communauté des musulmans.

    Considérez-vous que votre action est désormais tournée vers cette Oumma, ou bien vers le développement de la Tunisie ?

    Non, nous sommes tunisiens, et notre seule préoccupation est le développement de notre pays, la Tunisie.

    Vous avez lancé l’expression « al-tadafu al-ijtimaï », le conflit social. Reprenez-vous par là le concept marxiste de « lutte des classes » ?

    Nullement. Je voulais pointer par cette expression que la société tunisienne n’est pas homogène, lisse, qu’il y a en elle des forces antagoniques qu’on voudrait nier. Je voulais pointer ce fait occulté du discours politique et proposer que ces conflits trouvent leur solution dans le dialogue.

    Vous dites que vous êtes proche d’un accord global pour la nouvelle constitution. Pourtant, certains membres de votre parti continuent de réclamer l’application de la charia...

    Nous sommes un parti démocratique et comme tout parti démocratique, il comporte différents courants. Mais en dernier ressort, ce sont nos instances dirigeantes qui statuent à la majorité. Toute autre position que celle de nos instances doit être considérée comme opinion personnelle.

    Il est vrai que certains jeunes, emportés par leur ferveur religieuse, ont demandé l’instauration de la charia. Mais la majorité du parti ne les a pas suivis. Cependant, tout cela est désormais derrière nous.

    Vous arrive-t-il d’être mis en minorité au sein de votre parti ?

    Plus souvent qu’on ne le pense. Il y a le cas récent public où j’ai demandé la restauration du règlement intérieur, que l’on appelle « petite constitution », et je n’ai pas été suivi. Ce qui montre bien que nous sommes un parti démocratique.

    Quelqu’un, qui avait le même nom que moi, Tahar Haddad, déclarait justement que la Tunisie ne deviendrait prospère et moderne que si elle accordait l’égalité des droits aux femmes, ce que Bourguiba a concrétisé. On a parfois l’impression que vous voulez revenir sur ces droits...

    Absolument pas. Dès 1988, dans un interview au journal Al Sabah j’affirmais cette égalité des droits.

    Pourtant, vous avez proposé que dans la constitution on parle de la femme comme « complémentaire ».

    Nous avons été mal compris. Nous voulions souligner que femmes et hommes sont complémentaires l’un de l’autre. Devant cette incompréhension, nous avons retiré cette proposition. Tout cela est derrière nous. Aucune modification ne sera apportée au code du statut personnel de 1957.

    Mon maître Leibowitz, un juif très pieux, grand défenseur des droits du peuple palestinien, disait qu’au nom de sa foi, il était pour la laïcité, qui n’a rien à voir avec l’athéisme.

    La laïcité consiste à séparer le religieux et le politique. En effet, la foi est une valeur sublime tandis que la politique implique des marchandages et des compromis qui portent leur l’ombre à la relation du croyant à Dieu.

    Et si la Tunisie devenait le premier pays arabe laïc ?

    Nous avons accepté le premier article de l’ancienne constitution, affirmant que la Tunisie est un pays dont la religion est l’Islam, et la langue l’arabe. Nous ne pouvons pas aller au-delà.

    On a l’impression que le champ politique tunisien est partagé entre deux plaques tectoniques qui entrent en collision, le « bourguibisme » et l’islamisme...

    Non, la chose est plus compliquée. Vous oubliez qu’au temps de Bourguiba il y avait déjà les yousséfistes, la gauche du groupe Perspectives, les nationalistes nassériens, les syndicalistes de Habib Achour...

    On a quand même l’impression que vous cherchez à entamer, pas à pas, l’héritage de Bourguiba.

    Ce n’est pas vrai. Nous avons gardé le préambule de la Constitution qu’il avait fait rédiger. Nous reconnaissons intégralement son code du statut personnel …

    Mais vous avez proposé récemment qu’on revienne sur l’abolition des biens habous qui appartenaient aux institutions religieuses.

    Là aussi, on me fait un mauvais procès. J’ai proposé de reprendre ce qui se fait dans les pays anglo-saxons sous le titre de fondations : Ford, Rockfeller, Bill Gates... Ces fondations jouent un rôle considérable aussi bien dans le développement des sciences que dans la philanthropie.

    Pourquoi ne pas nous en inspirer ? Nous avons une tradition musulmane de ces fondations que l’on appelle habous. Par exemple l’hôpital Aziza Othmana de la Kasba était un bien habous. Si, moyennant déduction fiscale comme vous le faites en France pour l’ISF, quelqu’un crée une fondation à but philanthropique ou religieux, quel mal y aurait-il ?

    Je me suis contenté de reprendre le terme traditionnel de habous pour lancer l’idée de créer des fondations.

    Mais Bourguiba les avait supprimés, ces habous !

    Notre grande différence avec Bourguiba, c’est que lui était centralisateur, jacobin. Il voulait tout contrôler, l’association des femmes, les syndicats... Nous, nous sommes pour une société plus libérale, laissant une grande place aux initiatives de la société civile, sous forme d’associations, de fondations indépendantes du pouvoir central.

    Quelle est la place, en Tunisie, des juifs tunisiens ?

    Je vais d’abord vous raconter un souvenir d’enfance. Je suis né dans la petite ville d’El Hama, dans le sud du pays. Là se trouve la tombe d’un saint juif, R. Yossef El Maarabi, que nous même musulmans, appelons Saïd, le saint. Il y avait chaque année un pèlerinage sur sa tombe.

    Nous, enfants, nous attendions avec impatience ce pèlerinage parce que les femmes juives venaient avec des quantités de bonbons et des gâteaux qu’elles nous distribuaient.

    Pendant toute la période troublée qu’a traversé la Tunisie, aucun juif n’a été touché, ni dans ses biens ni dans son corps, alors qu’il y a eu des dizaines de musulmans tués. J’ai aussi récemment reçu le Grand Rabbin de Tunisie, le Rabbin Bittan, et nous nous sommes, je crois, appréciés.

    Mais l’essentiel du judaïsme tunisien a disparu. Croyez-vous possible de voir une communauté juive se reconstruire en Tunisie ?

    Quand la Tunisie aura retrouvé sa stabilité et sa croissance économique, elle attirera les investisseurs et parmi eux, il y aura des juifs.

    Parlons de la tragédie du peuple palestinien. Je fais partie de ces juifs qui condamnent la politique israélienne. Néanmoins, la proposition de mettre dans la constitution tunisienne un article interdisant tout contact avec l’Etat d’Israël m’a surpris.

    Imaginons que demain Israéliens et Palestiniens arrivent à un accord de paix, pourquoi la Tunisie n’établirait pas des contacts avec ce pays ?

    Cette proposition d’article, comme beaucoup d’autres, a été retirée du projet de constitution. C’est du passé. Il est clair que nous ne serons pas plus royalistes que le roi et qu’en cas d’accord de paix entre Palestiniens et Israéliens, nous agirons comme les autres pays arabes.

    Ceci dit, je ne crois pas beaucoup à la solution à deux Etats. Les territoires occupés en 1967, par suite de la colonisation intensive et incessante, ne permettent pas la création d’un Etat viable. Je suis pour un seul Etat dont tous les citoyens auront les mêmes droits et les mêmes devoirs. Cela peut prendre la forme d’une fédération ou d’une confédération.

    Certains sites Internet prétendent que les Etats-Unis construiraient une grande base dans le sud de la Tunisie...

    C’est du pur mensonge. Croyez-vous qu’aujourd’hui il soit possible de construire une base secrète qui échapperait aux satellites et à tous les moyens d’information ?

    Que pensez-vous de la publication du « Livre noir des journalistes » ?

    Il s’agit d’une initiative de la présidence de la République que nous n’approuvons pas. Nous sommes pour la création d’une grande commission Vérité et réconciliation à la manière de ce qui s’est fait en Afrique du Sud. On ouvrirait les archives et on apurerait le passé afin de tourner cette page. Ceci selon les normes juridiques admises.

    nouvel obs
    Dernière modification par sako, 26 décembre 2013, 15h58.

  • #2
    après le modèle turc, le modèle scandinave maintenant?

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    • #3
      les islamistes peuvent-ils réellement s'inspirer des matérialistes?

      Mission impossible.

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      • #4
        après le modèle turc, le modèle scandinave maintenant?
        Toujours le modèle des autres.

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        • #5
          Bachi

          C'est les takfiristes de tout, les ignorants qui manquent d'éducation islamique vrai qui ne peuvent accepter même le passeport de leur pays.

          Ghannouchi ne l'est pas.

          Cependant pour te dire la consommation d'alcool est beaucoup plus stricte en suède que dans un pays maghrebin, si cette restriction vient d'un régime à obedience plus musulmane, on criera haut et fort contre l'obscurantisme.
          La haine aveugle

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          • #6
            Ghannouchi doit savoir que pour réussir il faut apprendre la solidarité à la population. Les nordiques sont solidaires, le fait que tu travailles pas ne me gènerait pas que tu vives avec les impôts que je paye. Contrairement au modèle russe, arabe,..etc. Celui qui travaille ca va, il se soigne, celui qui ne travaille pas n'a qu'à supllier sa famille pour le faire vivre. Il faut apprendre à la population que le fait que ton voisin puisse regarder dans le fichier et voir combien tu touches et paye d'impôts n'est pas la fin du monde. Pour leur modèle il faut avoir leur mentalité aussi. On peut pas s'habituer au modèle de la mafia russe et matérialiste et d'un coup on va devenir des Scandinaves. On peut pas suivre les Scandinaves si on est pas prêts à investir beaucoup d'argent dans l'éducation. On ne peut pas si l'institution militaire n'est pas comme l'institution du sport ou n'importe quelle autre institution. On ne peut pas si la grande majorité ne refuse pas le vol, l'arnaque, la violence, la prostitution, le mensenge, la jalousie, le vandalisme...etc.
            Pas à la tique ..

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            • #7
              Contrairement au modèle russe, arabe,..etc. Celui qui travaille ca va, il se soigne, celui qui ne travaille pas n'a qu'à supllier sa famille pour le faire vivre.
              Rajoute le modèle américain.

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              • #8
                ajoute tout ce que tu veux... j'en suis sûr que si tu iras aux USA tu t'en sortiras mieux que si tu allais en Russie ou à Dubai... et tu es libre de prétendre le contraire. Généralement ceux qui défendent les dictatures ici ou ailleurs sont ceux qui n'hésiteriaent pas un seul instant pour choisir entre les USA et la Russie. Mais bref, eux mêmes ils ne savent pas pourquoi ils défendent les dictatures..
                Pas à la tique ..

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                • #9
                  Et oui, tu vas aux USA si tu veux réussir mais ce n'est pas pour autant qu'il faut convertir son propre pays en les USA pour que les autres viennent faire du fric chez toi.
                  Qui te dit que les Russes veulent que tu viennes chez eux ?

                  T'as cru qu'il n'y avait pas de frontières ou quoi ?

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                  • #10
                    Je croyais que tu arrivais à me suivre. En parlant de ce modèle j'ai évoqué ces pays et ces populations où ce modèle peut réussir. Il ne suffit pas de prendre un modèle et l'appliquer. J'ai cité des exemples comme la Russie, comme pays, la mentalité des gens aussi...etc. Si je te dis que tu réussiras mieux aux USA et pas en Russie c'est à cause des sytèmes différents. Je n'étais pas en train de raconter qui veut et qui ne veut pas des étrangers. Aucun pays ne veut des harragas, mais c'est sûr qu'il y'a des pays prêts à les régulariser et d'autres à les humilier. Des pays prêts à leur donner une couverture sociale et d'autres à les laisser creuver. À toi de juger honnêtement dans quel système cela peut arriver.
                    Perso, aprés un passage en France, au Canada.. j'ai pas trouvé mieux que les pays scandinaves.. quand on nous empêche de vivre le bien être chez nous, on le cherche ailleurs et nous savons où le trouver... Ghannouchi aussi le sait
                    Pas à la tique ..

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                    • #11
                      Si tu veux que les pays scandinaves restent ce qu'ils sont, ils devraient éviter de ramener trop d'étrangers car les étrangers n'ont pas la mentalité et l’imprégnation dans l'histoire scandinave pour maintenir ce système.

                      Après, si tu veux réussir aux USA, il faut avoir du talent dans un domaine, un savoir-faire apprécié. Si tu es un simple citoyen, tu risques de beaucoup galérer tout au long de ta vie.

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                      • #12
                        Si tu es un simple citoyen, tu risques de beaucoup galérer tout au long de ta vie.
                        Je vois que tu parles de certaines choses comme si tu as vécu chez tout le monde, mais j'ai peur que t'es jamais sorti du bled.. sérieux..
                        Pas à la tique ..

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                        • #13
                          Pff. Tu vas me faire croire que c'est la belle vie aux USA ?
                          Si tu ne travailles pas aux USA, tu vis dehors comme un chien. Pourtant, c'est la première puissance du monde.

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                          • #14
                            @ Ghennouchi

                            de la part d'un citoyen Algérien qui aime la tunisie et les tunisiens :

                            Commentaire


                            • #15
                              Les islamistes du monde entier nous ont habitués de discours comme ils changent de Kamiss, si au moins ils le faisaient par conviction je dirais que seuls les imbécile ne changent pas d'avis.

                              Ghanouchi est un hypocrite qui croit que " el harb khida3", moi perso je ne suis pas prét á le croire ni á croire son parti opportuniste , récupérateur de mouvement social qui a fait tomber Zine el abidine. ce parti a profité d'election libre pour arriver au pouvoir, s'ils avaient un savoir faire et un projet d'émancipation et de progrés la tunisie n'aurait pas á vivre toutes ces crises politiques et économique , mais bon!

                              Je ne dis pas que je ne crois pas á l'évolution de l'idéologie islamiste vers quelque Chose de construit et de positif mais pour dire que du jour au lendemain un formaté islamiste peut subitement prendre pour éxemple les pays scandinaves , je dirais que cet homme est un charlatant et le peuple tunisien devrait le renvoyer á son éxil de toujours, cet homme n'apportera rien de bon á la tunisie.

                              Le seul pays qui peut prétendre ressembler aux pays scandinaves car épris de justice sociale est l'Algérie car d'abord elle a les moyen de le faire et que ses islamistes évoluent et sortent progréssivement de leur enfermement doctrinal car ayant vécu toutes les éxpériences nécessaire á une évolution positive. Les autres pays qui ont découvert la contestation que récxement doivent attendre et apprendre la réalité des choses. En ce Moment ils ne font que réver.

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