C’est Le nouveau commerce des «braconniers» algériens "Des singes magots capturés puis vendus illicitement en Europe "
Des singes, et plus précisément des magots, sont capturés avant d’être clandestinement transférés en Europe pour être vendus à des prix faramineux. Non, ce n’est pas le générique style 3e version de la Planète des singes de Spielberg, ni un film de fiction, mais c’est là une véracité qui atteint son paroxysme de douleur lorsque ce commerce, en plein essor d’ailleurs, se conjugue à tous les temps et à toutes les saisons chez nous en Algérie.
Ramasser le magot par la vente de magots, telle est la triste rime de négoce des hommes sans scrupule, ces «cousins» des primates utilisés comme cochons d’Inde, d’où les retombées sont souvent cruelles pour ne pas dire funestes. Un singe capturé est vendu en Algérie pour la bagatelle de 3 000 dinars.
Quelques jours après, il est revendu en Europe entre 800 et 1 000 euros (80 000 et 100 000 DA). C’est un dossier brûlant que nous abordons à travers ce reportage. Un reportage émouvant ! Aujourd’hui, et c’est amer de le dire, il existe un commerce inimaginable qui rapporte beaucoup de pognon à des individus impitoyables.
Même la peau et le crâne des macaques sont vendus. Le singe, mort ou vif, est marchandé pour peu qu’il alimente les bourses. Même en atterrissant dans des laboratoires européens en provenance d’Algérie, ces singes connaissent des expériences médicales on ne peut plus déréglées et béotiennes.
Combien de fois les associations organisatrices s’occupant de la défense et de la protection de ces animaux ont rappelé que ces hominiens aux yeux attendrissants subissent les pires sévices. Remontons la pente et le prologue de ce voyage rocambolesque du paradis à l’enfer, qui prend naissance du côté de Kherrata.
Le début de la saison estivale reste la période préférée des vendeurs de singes, dont le commerce s’est manifestement étendu dans cette région. Des braconniers se permettent le luxe d’arborer sur les épaules ou à même le sol des magots bébés présentés à des prix ahurissants pouvant atteindre jusqu’à 3 000 DA.
Le lieu de marchandage le plus réputé dans cette zone reste inéluctablement le tronçon Kherrata-Darguina. Un coin qui a connu une réussite dans ce genre de commerce. Et personne n’ose bouger le petit doigt pour bannir à jamais ce nouveau genre de trabendo.
L’espèce la plus «vendue» (hélas) est le singe magot (Macaca sylvanus), une espèce dépourvue de queue, qui vit en Algérie et même au Maroc. Même dans ce pays, le commerce des singes bat son plein et sa traversée vers l’Europe n’est que de treize kilomètres.
Appelé également singe de Barbarie ou macaque de Gibraltar, il vit dans les forêts algériennes et on peut le retrouver aussi bien à Kherrata, du côté de La Chiffa, à Ziama Mansouriah (Jijel)que dans la vaste forêt de Yakouren en Kabylie.
Le magot vit en communautés, menées par un mâle prééminent qui en est le chef. Animal très rusé, il se réfugie dans des cavernes pour s’abriter la nuit. Animal diurne, il passe son temps à chercher de la nourriture. D’ailleurs, le pauvre singe fait cela durant toute la journée.
Le magot se familiarise impeccablement avec le climat algérien, car c’est l’une des rares espèces de singes qui résiste au froid grâce à son pelage touffu. Cela fait exactement 23 années que cet animal est officiellement protégé par la loi, mais aujourd’hui, les braconniers et les vendeurs outrepassent cette loi pour se remplir les poches, et de quelle manière, s’il vous plaît ! Du paradis forestier à l’enfer scientifique Dans le commerce des singes, il y a le vendeur, l’acheteur et celui qui achemine la marchandise vers l’Europe.
Parfois, c’est l’acheteur qui accomplit le troisième rôle. Le primate est cédé à 3 000, voire 4 000 dinars. Une somme suffisante pour le vendeur de la région qui sait bien effectuer son braconnage. Les bébés singes sont les plus demandés pour la simple raison qu’ils, d’une part, ne constituent pas un «fardeau» ou un poids lors du «voyage à la harraga», et, d’autre part, sont très légers à porter lors de leur capture.
Une fois vendue, la pauvre bête ne reste pas longtemps en Algérie, prête pour le voyage vers l’Europe. A vrai dire, le magot est difficile à garder dans une maison. Passant de la vie sauvage à la vie domestique, il devient nerveux, et, ne pouvant s’accommoder à sa nouvelle vie, il fait des dégâts chez le voleur.
Pour son voyage vers l’enfer, l’animal est enseveli dans un bagage après qu’on lui eut mis des couches pour bébé afin que les matières fécales soient retenues par la bande hydrophile. Tout est sciemment préparé pour que l’opération se déroule dans de très bonnes conditions.
Pour que cet animal très agité reste calme pendant le voyage, on lui fait subir le premier traitement. Il lui est administré des comprimés (psychotropes, stupéfiants) pour l’endormir. Parfois, c’est un traitement par injections qui reste la voie la plus active d’où l’effet thérapeutique du produit et son mode d’action dans l’organisme.
C’est une étape très importante car le singe ne doit pas bouger tout le long du voyage. Mais le gaver de comprimés ou le piquer sans réfléchir aux conséquences, c’est déjà un premier acte de barbarie. Une fois en Europe, le magot est vendu à un prix qui varie entre 800 et 1 000 euros, soit entre 8 et 10 millions de centimes algériens.
Une opération qui ramène bougrement de l’argent. Nous ne sommes pas allés au fond du dessein de ce trafic, mais nous avons quand même pu rapporter quelques témoignages qui attestent la gravité des choses. Il est vrai que les gens interrogés préfèrent garder le silence et ne pas se prononcer sur ce sujet.
Ils prennent inexplicablement acte de ces méfaits inqualifiables, mais tout le monde vivant dans cette région est au courant de ce trafic illégal et illicite. Bon gré, mal gré, nous avons pu récolter des bribes faisant état principalement que le plus gros bonnet de ces agissements est originaire de Bouira.
Un connaisseur en la matière qui s’occupe de ce trafic depuis des années sans qu’il soit nullement inquiété. Ce trafiquant achemine dans un premier temps sa «marchandise» à Annaba pour la transporter par bateau vers Marseille. Une fois dans la cité phocéenne, le trabendiste rallie l’Italie par route, et ainsi, la commande arrive à bon port.
Nous avons tenté de le contacter, en vain. «Il a pris un voyage de singes», nous a-t-on rétorqué ironiquement. Certains nous ont fait savoir que les bébés singes sont les plus adulés et donc, font couramment l’objet de vol et de chasse.
Ces bébés ne pèsent pas lourd lors du transfert vers l’Europe et ne mesurent que 40 centimètres, donc très faciles à capturer. Comment capture-t-on ces primates ? La plupart des singes se font empoigner après avoir été mis en confiance.
Habitué à être nourri par l’homme, le singe s’accommode, au fil des jours, à la présence de l’homme et, donc, ne s’en méfie plus. Sachant que ces singes vivent en groupe, souvent sous la surveillance d’un mâle, les braconniers attendent parfois des heures et des heures avant de passer à l’action.
Les gâteaux et les confiseries de tous genres sont le meilleur moyen d’appâter ces primates. Les voleurs (puisqu’il faut les appeler ainsi) profitent d’un moment d’inattention du groupe de singes, notamment du chef de groupe, pour capturer le bébé et prendre la poudre d’escampette soit en voiture, soit en scooter.
Les voleurs ne s’amusent jamais à rester sur place, cela engendrerait une guerre sans merci de la part du reste du groupe de singes. Le bébé volé n’est jamais vendu à la même place où a eu lieu le vol, mais dans les alentours pour ne pas attirer «ses parents».
Pour la petite histoire, un groupe de campeurs du côté de Ziama Mansouriah (Jijel) a capturé aux environs de 16 heures un petit singe et l’a ramené à la tente. Des personne sages, d’un certain âge, ont recommandé à ces derniers de redonner au singe sa liberté sinon le reste de la «famille» des plantigrades allait leur réserver une guerre sans merci.
Les jeunes campeurs n’ont pas voulu obéir et ont tout de suite attaché le bel animal à un piquet, juste à côté de leur tente. Ce qui arriva le soir aux environs de minuit est digne d’un film catastrophe, où plus d’une vingtaine de singes descendus de la forêt qui surplombe la plage ont saccagé entièrement la tente des campeurs après avoir récupéré leur bébé.
Les campeurs ont dû rester longtemps au bord de la plage, craignant une autre «descente» des singes. Certes inoffensifs, ils deviennent subitement furieux si jamais l’on tente d’attenter à l’honneur de la famille ou encore de porter atteinte à leur dignité.
Des singes, et plus précisément des magots, sont capturés avant d’être clandestinement transférés en Europe pour être vendus à des prix faramineux. Non, ce n’est pas le générique style 3e version de la Planète des singes de Spielberg, ni un film de fiction, mais c’est là une véracité qui atteint son paroxysme de douleur lorsque ce commerce, en plein essor d’ailleurs, se conjugue à tous les temps et à toutes les saisons chez nous en Algérie.
Ramasser le magot par la vente de magots, telle est la triste rime de négoce des hommes sans scrupule, ces «cousins» des primates utilisés comme cochons d’Inde, d’où les retombées sont souvent cruelles pour ne pas dire funestes. Un singe capturé est vendu en Algérie pour la bagatelle de 3 000 dinars.
Quelques jours après, il est revendu en Europe entre 800 et 1 000 euros (80 000 et 100 000 DA). C’est un dossier brûlant que nous abordons à travers ce reportage. Un reportage émouvant ! Aujourd’hui, et c’est amer de le dire, il existe un commerce inimaginable qui rapporte beaucoup de pognon à des individus impitoyables.
Même la peau et le crâne des macaques sont vendus. Le singe, mort ou vif, est marchandé pour peu qu’il alimente les bourses. Même en atterrissant dans des laboratoires européens en provenance d’Algérie, ces singes connaissent des expériences médicales on ne peut plus déréglées et béotiennes.
Combien de fois les associations organisatrices s’occupant de la défense et de la protection de ces animaux ont rappelé que ces hominiens aux yeux attendrissants subissent les pires sévices. Remontons la pente et le prologue de ce voyage rocambolesque du paradis à l’enfer, qui prend naissance du côté de Kherrata.
Le début de la saison estivale reste la période préférée des vendeurs de singes, dont le commerce s’est manifestement étendu dans cette région. Des braconniers se permettent le luxe d’arborer sur les épaules ou à même le sol des magots bébés présentés à des prix ahurissants pouvant atteindre jusqu’à 3 000 DA.
Le lieu de marchandage le plus réputé dans cette zone reste inéluctablement le tronçon Kherrata-Darguina. Un coin qui a connu une réussite dans ce genre de commerce. Et personne n’ose bouger le petit doigt pour bannir à jamais ce nouveau genre de trabendo.
L’espèce la plus «vendue» (hélas) est le singe magot (Macaca sylvanus), une espèce dépourvue de queue, qui vit en Algérie et même au Maroc. Même dans ce pays, le commerce des singes bat son plein et sa traversée vers l’Europe n’est que de treize kilomètres.
Appelé également singe de Barbarie ou macaque de Gibraltar, il vit dans les forêts algériennes et on peut le retrouver aussi bien à Kherrata, du côté de La Chiffa, à Ziama Mansouriah (Jijel)que dans la vaste forêt de Yakouren en Kabylie.
Le magot vit en communautés, menées par un mâle prééminent qui en est le chef. Animal très rusé, il se réfugie dans des cavernes pour s’abriter la nuit. Animal diurne, il passe son temps à chercher de la nourriture. D’ailleurs, le pauvre singe fait cela durant toute la journée.
Le magot se familiarise impeccablement avec le climat algérien, car c’est l’une des rares espèces de singes qui résiste au froid grâce à son pelage touffu. Cela fait exactement 23 années que cet animal est officiellement protégé par la loi, mais aujourd’hui, les braconniers et les vendeurs outrepassent cette loi pour se remplir les poches, et de quelle manière, s’il vous plaît ! Du paradis forestier à l’enfer scientifique Dans le commerce des singes, il y a le vendeur, l’acheteur et celui qui achemine la marchandise vers l’Europe.
Parfois, c’est l’acheteur qui accomplit le troisième rôle. Le primate est cédé à 3 000, voire 4 000 dinars. Une somme suffisante pour le vendeur de la région qui sait bien effectuer son braconnage. Les bébés singes sont les plus demandés pour la simple raison qu’ils, d’une part, ne constituent pas un «fardeau» ou un poids lors du «voyage à la harraga», et, d’autre part, sont très légers à porter lors de leur capture.
Une fois vendue, la pauvre bête ne reste pas longtemps en Algérie, prête pour le voyage vers l’Europe. A vrai dire, le magot est difficile à garder dans une maison. Passant de la vie sauvage à la vie domestique, il devient nerveux, et, ne pouvant s’accommoder à sa nouvelle vie, il fait des dégâts chez le voleur.
Pour son voyage vers l’enfer, l’animal est enseveli dans un bagage après qu’on lui eut mis des couches pour bébé afin que les matières fécales soient retenues par la bande hydrophile. Tout est sciemment préparé pour que l’opération se déroule dans de très bonnes conditions.
Pour que cet animal très agité reste calme pendant le voyage, on lui fait subir le premier traitement. Il lui est administré des comprimés (psychotropes, stupéfiants) pour l’endormir. Parfois, c’est un traitement par injections qui reste la voie la plus active d’où l’effet thérapeutique du produit et son mode d’action dans l’organisme.
C’est une étape très importante car le singe ne doit pas bouger tout le long du voyage. Mais le gaver de comprimés ou le piquer sans réfléchir aux conséquences, c’est déjà un premier acte de barbarie. Une fois en Europe, le magot est vendu à un prix qui varie entre 800 et 1 000 euros, soit entre 8 et 10 millions de centimes algériens.
Une opération qui ramène bougrement de l’argent. Nous ne sommes pas allés au fond du dessein de ce trafic, mais nous avons quand même pu rapporter quelques témoignages qui attestent la gravité des choses. Il est vrai que les gens interrogés préfèrent garder le silence et ne pas se prononcer sur ce sujet.
Ils prennent inexplicablement acte de ces méfaits inqualifiables, mais tout le monde vivant dans cette région est au courant de ce trafic illégal et illicite. Bon gré, mal gré, nous avons pu récolter des bribes faisant état principalement que le plus gros bonnet de ces agissements est originaire de Bouira.
Un connaisseur en la matière qui s’occupe de ce trafic depuis des années sans qu’il soit nullement inquiété. Ce trafiquant achemine dans un premier temps sa «marchandise» à Annaba pour la transporter par bateau vers Marseille. Une fois dans la cité phocéenne, le trabendiste rallie l’Italie par route, et ainsi, la commande arrive à bon port.
Nous avons tenté de le contacter, en vain. «Il a pris un voyage de singes», nous a-t-on rétorqué ironiquement. Certains nous ont fait savoir que les bébés singes sont les plus adulés et donc, font couramment l’objet de vol et de chasse.
Ces bébés ne pèsent pas lourd lors du transfert vers l’Europe et ne mesurent que 40 centimètres, donc très faciles à capturer. Comment capture-t-on ces primates ? La plupart des singes se font empoigner après avoir été mis en confiance.
Habitué à être nourri par l’homme, le singe s’accommode, au fil des jours, à la présence de l’homme et, donc, ne s’en méfie plus. Sachant que ces singes vivent en groupe, souvent sous la surveillance d’un mâle, les braconniers attendent parfois des heures et des heures avant de passer à l’action.
Les gâteaux et les confiseries de tous genres sont le meilleur moyen d’appâter ces primates. Les voleurs (puisqu’il faut les appeler ainsi) profitent d’un moment d’inattention du groupe de singes, notamment du chef de groupe, pour capturer le bébé et prendre la poudre d’escampette soit en voiture, soit en scooter.
Les voleurs ne s’amusent jamais à rester sur place, cela engendrerait une guerre sans merci de la part du reste du groupe de singes. Le bébé volé n’est jamais vendu à la même place où a eu lieu le vol, mais dans les alentours pour ne pas attirer «ses parents».
Pour la petite histoire, un groupe de campeurs du côté de Ziama Mansouriah (Jijel) a capturé aux environs de 16 heures un petit singe et l’a ramené à la tente. Des personne sages, d’un certain âge, ont recommandé à ces derniers de redonner au singe sa liberté sinon le reste de la «famille» des plantigrades allait leur réserver une guerre sans merci.
Les jeunes campeurs n’ont pas voulu obéir et ont tout de suite attaché le bel animal à un piquet, juste à côté de leur tente. Ce qui arriva le soir aux environs de minuit est digne d’un film catastrophe, où plus d’une vingtaine de singes descendus de la forêt qui surplombe la plage ont saccagé entièrement la tente des campeurs après avoir récupéré leur bébé.
Les campeurs ont dû rester longtemps au bord de la plage, craignant une autre «descente» des singes. Certes inoffensifs, ils deviennent subitement furieux si jamais l’on tente d’attenter à l’honneur de la famille ou encore de porter atteinte à leur dignité.
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