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Il y a 108 ans disparaissait Si Mohand ou M’Hand

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  • Il y a 108 ans disparaissait Si Mohand ou M’Hand

    C’est le 28 décembre 1905, à 6h du matin, à l’hôpital Sainte Eugénie de Aïn El Hammam que le poète Si Mohand ou M’Hand disparaissait, emporté par une tuberculose pulmonaire.


    Il y avait été hospitalisé une semaine auparavant. Il s’était rendu à l’hôpital, tout seul, traînant une jambe gangrenée et un poumon esquinté par un temps, comme il n’en fait plus, de neige, de froid et de vent. Son vécu était parsemé de douleurs, de colères et de moult épreuves.

    Déjà, à ses douze ans, vers 1857, il assiste à la mise à sac, par les troupes de l’armée française sous le commandement du général Randon, de son village, Ichariouène. C’était les débuts de l’occupation de la Kabylie.

    Sa famille est déportée vers Fort National, aujourd’hui Larbaâ Nath Irathen. Il y poursuivit des études coraniques et de jurisprudence (Sidi Khelil) dans plusieurs zaouïas. Il acheva sa scolarité et s’installa avec sa famille. Pas pour longtemps. Il va assister à l’exécution de son père. Lui-même ne doit la vie sauve qu’à l’intervention prompte du capitaine Raves, qui le retira au peloton d’exécution. Etait-il, en ce moment, poète ? Nul ne le sait. Si Amer Ousaid Boulifa, qui l’avait connu et décrit comme personne, n’en souffle mot à propos de ses débuts. Il n’en demeure pas moins qu’il a été un poète rebelle et sa rébellion il l’a exprimée dans toutes les tonalités de sa langue et toutes sa verve d’insoumis.
    Je jure de Tizi-Ouzou
    Jusqu’à l’Akfadou
    Que nul d’entre eux ne me commandera
    Il fut fidèle à son sacerdoce. Il a vogué, selon son instinct, buvant, fumant, aimant, parfois, et surtout versifiant. Sa poésie était parfaite, du premier jet. Mouloud Mammeri disait d’elle qu’elle ressemblait « à une charge numide, montée à cru sur des chevaux barbes ». Il était le précurseur du neuvain. Il ajustait son poème à la mesure du courage, de la témérité, de l’audace et, quelquefois, de la lâcheté des siens. Il n’hésitait pas à dénoncer, lorsqu’il le fallait, les collaborateurs, de tous poils, du colonisateur. Son errance n’était pas forcée, il l’avait choisi par conviction et, aussi, par nécessité :
    Je préfère être brisé que de me plier
    Mieux vaut la malédiction
    Que d’être confondu avec les entremetteurs.
    L’exil m’est prédestiné
    Je jure que je partirai
    Plutôt que de finir parmi les pourceaux.

    Il disait ce qu’il avait dire, sans crainte de personne, ni des gens, ni des institutions d’alors, sans jamais se répéter. Il a été, de son village, à Bougie, à Tunis, en passant par Annaba. Partout où il passait, il laissait sa trace avec un poème fulgurant. Il a été aussi le précurseur des « dazibaos », les journaux muraux chinois. Un jour, alors qu’il était à Tunis, son frère le renvoya. Si Mohand composa, aussitôt, un poème qu’il avait transcrit et cloué au mur du café que fréquentaient bon nombre de kabyles. Le poète ou le griot, sentant sa fin approcher, revint faire ses adieux au pays. On peut aisément, à la lecture de ses poèmes, suivre l’itinéraire de son retour, village après village, jusqu’au lieu ultime où il rendit l’âme il y a de cela 108 ans…

    Sadek A. H- La Dépêche de kabylie
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