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Le corail algérien part illégalement en Italie

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  • Le corail algérien part illégalement en Italie

    D’énormes quantités de corail algérien ont été acheminées illégalement vers l’Italie à travers la Tunisie. Une activité doublement illégale, la pêche au corail étant interdite depuis onze ans. Ce phénomène a particulièrement progressé au cours de ces dernières années à El Kala et Oum Etboul, dans la wilaya d’El Tarf, à l’extrême est du pays. La suspension de la pêche au corail a, semble-t-il, donné des idées à certains pêcheurs, mais surtout à des revendeurs qui n’hésitent pas à introduire le corail pêché illégalement en territoire tunisien, où des commerçants italiens les attendent pour conclure leur marché.

    « Très peu de quantités sont vendues en Algérie étant donné que la pêche au corail y est toujours interdite », explique un armateur d’El Kala. « Tout un réseau s’est mis en place autour du corail algérien qui est introduit en Tunisie pour être embarqué vers l’Italie », ajoute-t-il. L’armateur nous fera une déclaration pour le moins étonnante : « Ici, tout le monde sait que le corail passe la frontière pour aller en Italie. Même à Annaba, les gens le savent ».

    Près de 1 000 pêcheurs s’adonnent à la pêche illégale

    Afin d’en savoir plus, nous avons contacté le président de l’APC d’El Kala, Ahmed Bentouili. Sans préambule, ni hésitation, le maire confirme l’existence de réseaux spécialisés dans le transfert du corail algérien vers l’Italie à travers la Tunisie. « Des commerçants achètent le corail pêché illégalement sur les côtes d’El Kala pour l’introduire en Tunisie où il sera vendu particulièrement à des commerçants italiens, mais pas seulement à eux. Le corail algérien accède illégalement à d’autres marchés, à travers ce procédé », explique-t-il. Le maire ira plus loin en assurant qu’à l’heure actuelle, « dans la commune d’EL Kala, il existe à peu près 1 000 pêcheurs qui s’adonnent à la pêche illégale de corail, mais ce ne sont pas eux qui introduisent le corail en Tunisie, ce sont des revendeurs spécialisés ». Comprendre : des réseaux de contrebandiers.

    Selon M. Bentouili, le prix du kilo de corail est actuellement de «70 000 à 80 000, dinars ». De quoi susciter des vocations. « Nous avons l’impression ici qu’il y a moins de corail qu’avant », ajoute-t-il. Une phrase qui en dit long, les pêcheurs clandestins ayant manifestement dilapidé le gros du corail de la région. « Malheureusement, certaines personnes ne font pas que pêcher le corail illégalement, elles le détruisent en l’arrachant », déplore le maire.

    Des techniques d’arrachage brutales

    Le corail a subi de sérieux dommages au cours de ces dernières années en raison des techniques d’arrachage brutales auxquelles se livrent de nombreux pêcheurs. Des pêcheurs bien souvent non formés et, évidemment, très peu regardants sur tout ce qui a trait à l’environnement.
    Cette pêche avait été interdite pour permettre au corail de se régénérer.

    Selon les informations officielles, la levée de l’interdiction devrait intervenir au cours de l’année 2014, mais aucune date précise n’a encore été fixée. Durant cette période de moratoire relatif à cette activité, une bonne partie du corail algérien aura été pêchée et exportée illégalement.

    Et d’ailleurs, du corail, on en trouve à El Kala, du moins jusqu’en novembre dernier, dans des magasins spécialisés dans la vente de bijoux. « Il s’agit de corail issu de la saisie et vendu aux enchères », explique le patron d’un atelier qui précise que « la vente aux enchères du corail a été interrompue et les autorités disent qu’un organisme chargé de gérer ces opérations sera mis en place prochainement ».

    Baisse des quantités saisies par les douanes

    La vente aux enchères du corail saisi était effectuée essentiellement par les services des douanes algériennes. Et c’est en nous rendant à la direction des douanes que nous comprendrons pourquoi la vente aux enchères a été interrompue, en attendant la création d’un organisme spécialement dédié à cet effet.

    Une source proche de la direction des douanes algériennes, qui a préféré garder l’anonymat, nous confirmera, tout d’abord, l’existence d’un réseau dont les ramifications s’étendent jusqu’en Italie. « Selon les aveux des contrebandiers arrêtés à la frontière algéro-tunisienne, le corail, pêché illégalement puis introduit frauduleusement en Tunisie, est vendu à des commerçants italiens », confirme notre source. Toutefois, « les quantités de corail saisies sont en baisse depuis quelque temps », ajoute la même source. À l’heure actuelle, « les quantités saisies par les douanes et autres services compétents comme la Gendarmerie nationale se situent entre trois à quatre quintaux et il s’agit de quantités saisies sur plusieurs années et actuellement stockées dans nos magasins dans la wilaya d’El Tarf ». Notre interlocuteur nous informe, au passage, que c’est dans cette région que les plus grosses quantités de corail introduites illégalement en Tunisie ont été enregistrées. El Kala est la localité algérienne la plus connue pour son corail.

    Concernant la vente aux enchères des quantités saisies, notre source précise que la décision a été prise pour éviter que certains utilisent le document accordé par les douanes comme une autorisation pour transporter du corail pêché illégalement. La création d’un organisme spécialisé dans ce domaine est ainsi confirmée.

    Des dégâts considérables

    Notre source douanière et le maire d’El Kala semblent d’accord sur le fait que les quantités de corail algérien sont en chute libre. Si la pêche au corail est de nouveau autorisée en 2014, le tout est, donc, de savoir si les dégâts causés par les contrebandiers sont pris en compte par les autorités, à savoir le ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques.

    Mme Khazem, chargée de la communication au ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques nous dira que le ministère est au courant de l’existence de la pêche illégale. « Sur le plan officiel, on attend la signature du décret autorisant la pêche au corail mais aussi l’installation de l’Agence nationale de la pêche et de l’aquaculture », explique-t-elle. Cette agence, nous explique la représentante du ministère, devra se pencher sur la question de la pêche au corail.

    En voie de disparition, à la fois en raison de son arrachage sauvage et de la contrebande, le corail retrouvera peut-être le chemin du pays sous forme de bijoux importés d’Italie ou d’ailleurs.

    TSA
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