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En visite au Mali, Le Drian célèbre les succès de la force « Serval »

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  • En visite au Mali, Le Drian célèbre les succès de la force « Serval »

    Alors qu'elle se trouve prisonnière d'une opération beaucoup plus difficile que prévu en République centrafricaine, l'armée française peut, au Mali, afficher la satisfaction du travail accompli. Le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, venu fêter le réveillon avec les soldats de la force « Serval » le 31 décembre, a pu ainsi mettre entre parenthèses l'incendie de Bangui.
    Le répit est de courte durée, car M. Le Drian doit dès le 1er janvier, et pour deux jours, entreprendre une tournée marathon pour tenter de trouver avec les chefs d'Etat de la région les moyens d'apaiser au plus vite la situation en RCA : il passera par le Niger, le Tchad, le Congo-Brazzaville et le Gabon.

    Au Mali, un an après le déclenchement d'une guerre éclair qui a mobilisé plus de soldats que l'Afghanistan, et au sortir d'élections législatives réussies, on peut passer à autre chose et célébrer à bon droit les succès de « Serval ». Même si l'armée française est appelée à rester dans le pays pour y mener des opérations de contre-terrorisme face à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et ses affidés locaux. Paris et Bamako mettent ainsi la dernière main à un nouvel accord de coopération de défense, qui sera signé le 20 janvier dans la capitale malienne.

    « La relation de défense de la France et du Mali est appelée à se pérenniser. L'objectif commun de la lutte contre le terrorisme sera inscrit dans cet accord », a précisé le ministre français. « Souvenons-nous où nous étions il y a un an », a lancé M. Le Drian devant la troupe, à Gao. « Les djihadistes dominaient. On coupait des mains ! » Aujourd'hui, « ce pays a des institutions démocratiques. Il a recommencé à espérer et à vivre ».

    EFFECTIF EN BAISSE

    L'effectif actuel de la force française – deux mille cinq cents soldats contre près de cinq mille au plus fort de l'opération, au début de l'année 2013 – doit descendre à mille hommes d'ici à février. C'est à ce niveau que la France maintiendra sa présence dans le pays. Le nombre de ses points d'appui militaire – huit aujourd'hui – sera lui aussi réduit. La flotte d'hélicoptères, une vingtaine d'appareils il y a un an, tombera à huit.

    L'armée se concentrera sur Tessalit, dans la Nord, point stratégique à proximité de l'Algérie, ainsi que sur Gao, où stationnent quatorze cents soldats, et, dans une moindre mesure, Bamako. Dans une quinzaine de jours, « Serval » rétrocédera aux autorités nationales la partie civile de l'aéroport de Gao. Une deuxième piste, à vocation militaire, est en travaux.

    A Kidal, « la force a fait l'effort de maintenir une présence pendant les élections, mais sa vocation n'est pas de s'interposer dans les affaires maliennes », précise le général Yves Guionie, adjoint aux opérations. Les soixante-dix soldats encore présents devraient donc aussi partir sous peu. La situation y est aujourd'hui « beaucoup plus calme », assurent les militaires français et maliens. Le 18 décembre, après le dernier attentat qui avait visé la banque de Kidal, les trois chefs d'état-major de l'armée malienne, de la force française et de la mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) se sont rendus dans la ville touareg du Nord. « Cette initiative a été un déclic », assure le général Didier Dacko, chef d'état-major adjoint de l'armée malienne. Une force de douze cents Tchadiens stationne à Kidal. Bamako promet des policiers et des gendarmes, ses soldats devant se redéployer ailleurs dans le pays.

    « Serval » continuera donc, pour de nombreuses années, de mener des opérations régulières, dissuasives ou plus offensives, contre les « groupes terroristes », aujourd'hui largement dispersés sur les pourtours du Mali. Le nord du pays est mité de caches, ravitaillement ou armes, qu'il faudra inlassablement vider pour éviter la circulation des groupes à travers le pays. Près de sept tonnes de produits explosifs ont été découvertes il y a deux jours dans le Timetrine (Nord-Est). L'opération menée au tout début de décembre par les forces spéciales à Tombouctou – dix-neuf djihadistes tués – a été fructueuse : du matériel informatique important y a été découvert, il est actuellement exploité par le renseignement militaire.

    Le général Dacko cite trois régions sensibles comme autant de « priorités » : le massif de Tigharghar, à la frontière algérienne, « où se sont retranchés des groupes chassés de Gao et de Tombouctou », selon lui. La région allant de Gao à Menaka, dans le sud-est du pays, où se développent depuis peu des heurts entre communautés peul et imrad, les premiers ayant la réputation d'avoir passé une alliance tacite avec le Mujao (Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest). Enfin, la région de Tombouctou, où subsistent de nombreux mouvements djihadistes.

    FORMATION ET COOPÉRATION

    Le nouvel accord franco-malien ira au-delà de la simple coopération de défense classique. Le cadre juridique des opérations antiterroristes françaises est clair, assure-t-on à la défense. Paris agira selon ses besoins. S'il s'agit officiellement de mieux échanger le renseignement, cela n'ira pas jusqu'à informer au préalable les autorités maliennes des actions entreprises. L'accord comportera un fort volet formation (projet d'école de maintien la paix), et une coopération en matière d'équipement. Il devra aussi clarifier la façon dont « Serval » agira comme « force de réaction rapide » pour l'armée malienne.

    Quatre détachements d'assistance opérationnelle, qui suivent les forces nationales sur le terrain, seront pérennisés. « Nous avons encore des difficultés, car nous manquons de troupes sur le terrain, mais en mars nous aurons un quatrième bataillon formé par la mission européenne EUTM [European Union Training Mission], et huit d'ici 2015 », explique le général Dacko. « La baisse des effectifs de “Serval” n'est pas mal vue compte tenu du fait que les groupes terroristes sont sérieusement entamés. De plus, les effectifs diminuent, mais pas la capacité opérationnelle. »

    Au-delà de cet accord bilatéral, Paris veut consolider un partenariat régional au Sahel, et affiche pour ce faire l'objectif d'une force de trois mille hommes, spécialisée dans la lutte antiterroriste et la coopération avec les armées locales. Une quinzaine de points d'appui seront maintenus, ou créés, dans la bande sahélienne et en Afrique de l'Ouest. On ne parle plus de base ni même de forces prépositionnées, mais d'un dispositif souple et beaucoup plus économe, pouvant être armé et commandé du territoire français, à l'instar des « nénuphars » américains disposés dans une dizaine de pays du continent à des fins antiterroristes.

    L'Elysée doit rendre ses arbitrages en début d'année. En 2008, Paris voulait réduire sa présence militaire en Afrique à deux bases. AQMI aura contraint la France et ses partenaires à réviser leurs plans. Les succès engrangés par « Serval » pendant ses six mois d'offensive n'auront finalement été que les prémices d'un réengagement, dans la durée cette fois

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