Bonjour, la misére et la corruption attire encore plus de misére...
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Un tout récent rapport de l'ONU relevait l'extraordinaire explosion des saisies de cocaïne en Afrique, dans sa partie ouest en particulier. Elles ont carrément triplé de 2003 à 2004 passant de 1,1 à 3,6 tonnes et proviennent de 34 pays africains, note le rapport.
Au moment où ce document était rendu public, la Côte d'Ivoire était toujours en proie à la tragédie du
déversement des déchets toxiques dans une quinzaine de décharges d'Abidjan.
Existe-t-il un rapport entre les deux événements ? Oui, et il est tragique.
Dans l'un et l'autre cas, deux multinationales utilisent le continent pour surmultiplier leurs profits au détriment des Africains si ce n'est au prix de leur vie. La première est celle des narcotrafiquants qui, pour tromper la vigilance des autorités européennes et américaines, utilisent les pays de la côte africaine comme zone de transit et de réexportation de sa «marchandise». La deuxième est une multinationale de courtage en pétrole et en métaux de base.
Trafigura -c'est d'elle qu'il s'agit- est une société de droit néerlandais fondée en 1993 où elle a son siège social avec… deux employés permanents, le reste étant disséminé entre la Suisse et 55 autres pays, dont 35 en Europe. Il n'empêche, son capital dépasse 600 millions de dollars, alors que son chiffre d'affaires pour 2005 était de 28,36 milliards de dollars. C'est par elle que la tragédie est arrivée à Abidjan en ce mois d'août 2006.
La multinationale est l'affréteur du Probo Koala, un bateau grec battant pavillon panaméen, avec à son bord 528 tonnes de déchets, un cocktail de pétrole, sulfure d'hydrogène et autres ingrédients à la toxicité mortelle. Il avait tenté en vain de les débarquer dans un port néerlandais avant de prendre la direction de la côte africaine en quête d'une «terre d'accueil». La corruption et l'anarchie régnant dans la capitale ivoirienne aidant, le navire accoste sans difficultés à Abidjan où, en possession de toutes les autorisations nécessaires, il se débarrasse de ses produits de la mort. Avec, au final, 8 morts par intoxication et des milliers de consultations, sans parler de la panique et du désarroi qu'il a semés dans cette ville de 4 millions d'habitants.
D'autres scandales
Aussitôt Greenpeace prend l'affaire en main, obligeant les autorités ivoiriennes à réagir. Dans un premier temps, la crise a coûté leur poste à deux ministres et quelques hauts responsables. Le scandale n'a pas encore révélé tous ses secrets, mais il a eu le mérite d'alerter l'opinion internationale sur les pratiques mafieuses de cette multinationale, parmi tant d'autres, et qui, non contentes de piller ses richesses, l'utilisent comme déversoir des résidus encombrants et mortels de l'opulence des pays développés. Ce n'est là qu'une des facettes sombres et tragiques parmi tant d'autres, de cette mondialisation portée par les multinationales de l'espèce de Trafigura.
Le parcours de l'entreprise, il importe de le souligner, est traversé par d'autres scandales retentissants : au Congo et en Afrique du Sud où elle a racheté des réserves pétrolières à prix bradés, par le truchement de sociétés écrans, en Irak où elle a été impliquée dans le scandale dit «pétrole contre nourriture».On s'en étonne maintenant, parce que ses frasques ont provoqué une tragédie et ne peuvent être cachées. Mais tout au long des années 80, des entreprises européennes se débarrassaient déjà à moindres frais de déchets contenant de l'uranium, du plomb, du mercure…
Non, l'Afrique ne mérite pas ça. Comme s'il ne lui suffisait pas d'être le continent le plus pauvre de la planète et d'envoyer ses enfants se noyer au large des îles Canaries ou de Lampedusa
Par A. Samil
2 Octobre 2006 La Tribune
Au moment où ce document était rendu public, la Côte d'Ivoire était toujours en proie à la tragédie du
déversement des déchets toxiques dans une quinzaine de décharges d'Abidjan.
Existe-t-il un rapport entre les deux événements ? Oui, et il est tragique.
Dans l'un et l'autre cas, deux multinationales utilisent le continent pour surmultiplier leurs profits au détriment des Africains si ce n'est au prix de leur vie. La première est celle des narcotrafiquants qui, pour tromper la vigilance des autorités européennes et américaines, utilisent les pays de la côte africaine comme zone de transit et de réexportation de sa «marchandise». La deuxième est une multinationale de courtage en pétrole et en métaux de base.
Trafigura -c'est d'elle qu'il s'agit- est une société de droit néerlandais fondée en 1993 où elle a son siège social avec… deux employés permanents, le reste étant disséminé entre la Suisse et 55 autres pays, dont 35 en Europe. Il n'empêche, son capital dépasse 600 millions de dollars, alors que son chiffre d'affaires pour 2005 était de 28,36 milliards de dollars. C'est par elle que la tragédie est arrivée à Abidjan en ce mois d'août 2006.
La multinationale est l'affréteur du Probo Koala, un bateau grec battant pavillon panaméen, avec à son bord 528 tonnes de déchets, un cocktail de pétrole, sulfure d'hydrogène et autres ingrédients à la toxicité mortelle. Il avait tenté en vain de les débarquer dans un port néerlandais avant de prendre la direction de la côte africaine en quête d'une «terre d'accueil». La corruption et l'anarchie régnant dans la capitale ivoirienne aidant, le navire accoste sans difficultés à Abidjan où, en possession de toutes les autorisations nécessaires, il se débarrasse de ses produits de la mort. Avec, au final, 8 morts par intoxication et des milliers de consultations, sans parler de la panique et du désarroi qu'il a semés dans cette ville de 4 millions d'habitants.
D'autres scandales
Aussitôt Greenpeace prend l'affaire en main, obligeant les autorités ivoiriennes à réagir. Dans un premier temps, la crise a coûté leur poste à deux ministres et quelques hauts responsables. Le scandale n'a pas encore révélé tous ses secrets, mais il a eu le mérite d'alerter l'opinion internationale sur les pratiques mafieuses de cette multinationale, parmi tant d'autres, et qui, non contentes de piller ses richesses, l'utilisent comme déversoir des résidus encombrants et mortels de l'opulence des pays développés. Ce n'est là qu'une des facettes sombres et tragiques parmi tant d'autres, de cette mondialisation portée par les multinationales de l'espèce de Trafigura.
Le parcours de l'entreprise, il importe de le souligner, est traversé par d'autres scandales retentissants : au Congo et en Afrique du Sud où elle a racheté des réserves pétrolières à prix bradés, par le truchement de sociétés écrans, en Irak où elle a été impliquée dans le scandale dit «pétrole contre nourriture».On s'en étonne maintenant, parce que ses frasques ont provoqué une tragédie et ne peuvent être cachées. Mais tout au long des années 80, des entreprises européennes se débarrassaient déjà à moindres frais de déchets contenant de l'uranium, du plomb, du mercure…
Non, l'Afrique ne mérite pas ça. Comme s'il ne lui suffisait pas d'être le continent le plus pauvre de la planète et d'envoyer ses enfants se noyer au large des îles Canaries ou de Lampedusa
Par A. Samil
2 Octobre 2006 La Tribune
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