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La main tendue d'Erdogan à l'armée turque

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  • La main tendue d'Erdogan à l'armée turque

    Le Premier ministre est favorable à l'ouverture d'un nouveau procès pour les militaires condamnés pour tentative de coup d’État. Selon le politologue Ali Kazancigil, derrière cette décision se cache la volonté de déstabiliser la confrérie Gülen.

    Recep Tayyip Erdogan aurait-il perdu la tête ? À en croire Ali Kazancigil, politologue et directeur de la revue géopolitique "Anatolie", la récente prise de position du Premier ministre turc en faveur d’un nouveau procès pour les militaires condamnés pour tentative de coup d’État ressemble à un très mauvais calcul politique. L’homme fort du Parti de la justice et du développement [AKP, parti islamo-conservateur au pouvoir] s’est en effet dit enclin à la réouverture des retentissants procès Ergenekon et Balyoz, au cours desquels 326 officiers avaient été condamnés. Ces peines constituent les deux plus grandes réussites du leader de l'AKP dans sa bataille acharnée contre l'armée.

    En tendant la main aux militaires, Recep Tayyip Erdogan, dont le gouvernement est affaibli par un scandale politico-financier, entreprend un virage à 180 degrés. "Erdogan est en train de détricoter tout ce qu’il a fait entre 2008 et 2011", commente Ali Kazancigil, en référence à l’âpre bataille qu’il a menée contre l’institution militaire. Toutefois, loin d’être hasardeux, ce revirement de situation s’inscrit, selon le politologue, dans une perspective de déstabilisation de la puissante confrérie Gülen, ancienne alliée de l'AKP désormais soupçonnée d’être à l’origine de l’éclatement du scandale en Turquie.

    "Erdogan irrationnel"

    Si peu de choses rassemblent l’AKP (islamiste) et l’armée (pro-laïque), ces deux institutions possèdent désormais un ennemi commun : les "gülénistes". Le leader de ces derniers, Fethullah Gülen, a notamment été contraint à l’exil en 1999 par les militaires. Quelques années plus tard, inversement des rôles : les officiers de l'armée se retrouvent jugés par des gülénistes, des membres de la confrérie étant présents dans la magistrature turque. "Erdogan veut porter un coup au mouvement Gülen et il estime que ceux qui ont jugé cette affaire étaient des proches de Gülen et ont été injustes envers l’armée", explique l'expert.

    En contentant les militaires, le Premier ministre espère ainsi pouvoir, par la suite, compter sur leur soutien pour éliminer la confrérie. "Erdogan a un comportement erratique et irrationnel en impliquant l’armée dans cette bagarre, lance Ali Kazancigil, éberlué par cette nouvelle donne. En faisant cela, il lui donne l’occasion de redorer son image et de revenir dans le jeu politique."

    "L’armée est mille fois plus dangereuse que Gülen"

    Un temps l’institution la plus aimée des Turcs, l’armée est aujourd'hui considérée comme peu menaçante par le pouvoir. "À partir de 2010, Erdogan a commencé à croire qu’il l’avait éliminée de la politique, c’est à ce moment-là que l’on constate une dérive autoritaire de son pouvoir", note Ali Kazancigil.

    S’estimant ainsi débarrassé de son ennemi historique, Recep Tayyip Erdogan n’a aujourd’hui d’yeux que pour Gülen. Un tort d’après le spécialiste : "Même si la confrérie Gülen est une menace sociétale, dans la mesure où elle a dévoilé plusieurs scandales, elle n’est pas réellement une menace politique. L’armée est mille fois plus dangereuse. Au bout du compte, le vrai perdant sera l’AKP".

    france 24
    There's nothing wrong with being shallow as long as you're insightful about it.
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