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Ire et délire en poésie, Amokrane Rachid

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  • Ire et délire en poésie, Amokrane Rachid

    C’est d’abord une histoire de retrouvailles avec soi-même que cette rencontre avec la poésie. «La vie en vérité commence le jour où je t’ai rencontrée», disait Aragon, le fou d’Elsa.

    Amokrane Rachid est un altruiste, il a consacré toute sa vie à l’enseignement et à l’éducation de générations entières d’élèves. Tel un chêne, il a veillé sur sa tribu. La passion pour la poésie, l’écriture, est venue un peu sur le tard. Ou le verbe dans l’espoir de trouver un coin de paix, de repos et de quiétude de l’âme.

    «Factice plaisir ou loisir sublime/Remède à l’ennui, le stress, la déprime/ Qu’un novice, matheux de formation/ S’offre en poète, est-ce par prétention ?/ De surcroît, nanti de neurones usés / Tels ceux d’un homme d’un âge avancé», risque-t-il d’un pas timide, pour oser parler, enfin, des «petites choses qui font sa vie».

    La poésie pour briser le cercle sans issue dans lequel est enfermée la souffrance, dans l’espoir de trouver le salut : «Ecrire est un acte de liberté / Qui sème des idées à méditer». Ce sera, à n’en pas douter, des mots pour décrire les maux du poète, ses blessures, ses rêves, ses joies et ses peines, ses passions, ses déceptions, ses révoltes...

    Ire et délire en poésie est le premier recueil d’Amokrane Rachid, édité à compte d’auteur.


    Les amateurs de poésie métrique, strophique et à rimes y trouveront leur bonheur. En plus d’un travail éditorial soigné, le livre se distingue par sa belle une de couverture, et il contient près de quatre-vingts poèmes diversement composés. En pratiquant cet art qui plane sur nos vies, Amokrane Rachid témoigne avec émotion : «De la poésie, écrire/ N’est pas qu’une vocation/ Courtiser la vie, le dire / En mots d’amour et passion». Car le poète est avant tout un créateur, quelqu’un de très exigeant envers soi-même d’abord. «Déclamer un beau poème / Se fait avec du talent / Les mots se délient en thème / Rythme et musique envoûtants», rappelle-t-il dans «le poète».

    Ici, le recours à la forme versifiée non seulement confère de la densité à la langue et renforce l’expressivité, mais perpétue aussi une longue tradition orale privilégiant les images et les figures d’analogie. Héritier de cet art du langage riche de multiples influences, le poète se met à chanter avec les mots, danser avec les sons. Pour Amokrane Rachid, chaque jour devient alors poésie. «Entendre, de l’eau, les clapotis / Comme écouter jacasser les pies / Ou les croassements des corbeaux / Et les coassements des crapauds, / La nature, en vie, vous interpelle. / Préservez-la, soyez proches d’elle, / Respectueux, en plein harmonie, / Tant il y va de votre survie», chante-t-il, par exemple, lorsqu’il fait régulièrement une halte pour clamer son amour de la nature.

    Dans ce recueil, il y a évidemment l’histoire d’une vie. Depuis les souvenirs de la petite enfance en Kabylie, le village natal pour qui le «cœur s’attendrit», jusqu’aux temps actuels. Une véritable mosaïque de sentiments, de sensations, d’images, d’instants exquis, de moments de colère et de révolte, de désenchantement, d’espoir... Mais toujours de jolis mots pour exprimer le sourire d’une fleur, la douceur d’une brise, un «cruel destin», «un horizon sans passion», ou encore «la solitude» de «l’ombrageux». Bilan d’un vie. Voyage mnémoniques pour dire le vrai, le beau, la tendresse, la jeunesse et les rêves d’îles lointaines à découvrir, de contrées à conquérir. Une traversée qui va s’avérer tumultueuse, parfois périlleuse. SOS du poète qui crie sa colère... «Naufragés sans bouées, perdus dans l’océan / Tumultueux, noir de toutes nos frustrations. / Un silence immense, accrochés aux illusions / Epaves retardant la fatale immersion... / Qui peut prévoir quand cessera le tourbillon / Qui altère l’équilibre de la nation !»


    La poésie d’Amokrane Rachid suit le mouvement des vagues. Ire et délire les jours de tempête alternent avec les souvenirs heureux de l’époque bénie de l’innocence. Poésie politique pour dénoncer une «école sans boussole», une «justice laxiste», «démocratie par l’ingérence»... Mais poésie qui permet surtout de survivre. De parvenir, enfin apaisé, sur une crique hospitalière. Le marin était parti à la recherche de la sagesse. Arrivé à bon port, il peut alors s’écrier : «Et pour l’éternité / J’aimerais reposer / Au pied d’un olivier / Par son ombre abrité» (in Post Vie, titre du dernier poème du recueil). Toujours l’homme revient à son identité après avoir laissé sa folie s’échapper à travers ses poèmes...

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    Amokrane Rachid, Ire et délire en poésie, édité à compte d’auteur, Alger 2013, 194 pages.

    Hocine Tamou Le Soir
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