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Addictions : 
le cerveau riposte

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  • Addictions : 
le cerveau riposte

    Pourquoi un drogué éprouve-t-il le besoin irrépressible de se droguer ? De quelle nature est le plaisir qu’il ressent ? Que lui dit son cerveau ? Dans quel langage ? Ces questions sont posées depuis longtemps. Les réponses commencent à affluer. Des pas de géant ont été franchis récemment par les chercheurs qui travaillent sur l’addiction.

    Prenons les « accros » au cannabis. Ils sont 20 millions dans le monde, 500 000 en France. En libérant la dopamine (la fameuse « hormone du plaisir »), le principe actif du cannabis (THC) manipule les récepteurs cannabinoïdes situés sur les neurones et détourne ces derniers de leurs fonctions essentielles que sont le plaisir naturel, le métabolisme ou la régulation de la prise alimentaire. Il installe la dépendance chez le fumeur et peut provoquer aussi des déficits cognitifs, des troubles de la mémoire, voire une démotivation chronique.
    Jeudi, une équipe de l’Inserm révélait dans Science que la prégnénolone (l’« hormone de la mémoire », un précurseur de toutes les hormones stéroïdiennes) est capable de protéger le cerveau contre l’addiction.

    En administrant de fortes doses de cannabis à des rats et à des souris, les chercheurs de l’Inserm ont réussi à augmenter la concentration cérébrale de la prégnénolone et à bloquer les effets les plus nocifs du THC. C’est une bonne nouvelle : la solution est déjà sur place, dans le cerveau ! Restait à enrayer la métamorphose de la prégnénolone en hormone stéroïdienne. L’équipe de Pier Vincenzo Piazza a mis au point des dérivés de la prégnénolone capables d’être absorbés par l’organisme comme un médicament. Premiers essais cliniques sur l’homme avant 2016.

    Mieux observer le cerveau. Presque au même moment, aux Etats-Unis, le National Institute on Alcohol Abuse and Alcoholism explore des voies nouvelles. Au lieu d’analyser le plaisir causé par la drogue, le NIAA part à l’inverse de la tension et de l’anxiété que le toxicomane et l’alcoolique estiment ne pouvoir alléger qu’en consommant toujours plus
    .
    Ces troubles résultent d’une modification de l’architecture chimique de leur cerveau et la substance chimique incriminée serait le facteur de libération de la corticotropine (CRF en anglais), un neurotransmetteur impliqué dans la réaction au stress. Un médicament (nom de code provisoire : « neurokinin 1 ») empêche le CRF d’activer le générateur de stress du cerveau. Si la recherche accélère, c’est que les progrès foudroyants de l’imagerie médicale permettent désormais de « voir » l’addiction dans le cerveau. Grâce à une technologie nouvelle, l’optogénétique, on peut illuminer une catégorie précise de cellules ou de neurones, en les choisissant une à une. Au Wake Forest Baptist Medical Centre (Caroline du Nord), les médecins « allument » certaines cellules de dopamine et acquièrent une connaissance d’une finesse inédite sur les perturbations apportées par les drogues.

    Le rôle particulier que chaque neurone joue dans le comportement sera un jour décrypté. La science manquait d’un lien de cause à effet probant entre modifications neurochimiques et comportements addictifs. L’optogénétique est en train de combler cette lacune

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