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Russie : la Volga, nouvelle cible de l'islamisme radical

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  • Russie : la Volga, nouvelle cible de l'islamisme radical

    En Russie, les caméras sont omniprésentes – au café, dans la rue, dans les gares et les administrations, sur les tableaux de bord des véhicules. Voilà pourquoi les attentats perpétrés dimanche 29 et lundi 30 décembre 2013 à Volgograd, l'ancienne Stalingrad symbole de la résistance soviétique à l'envahisseur nazi, ont été filmés. Diffusées en boucle sur le petit écran et sur les réseaux sociaux, les images de ces attaques d'une violence inouïe – 34 morts dont deux enfants, près d'une centaine de blessés dont 20 grièvement et un nourrisson entre la vie et la mort – ramènent la Russie aux heures tragiques de 1999, quand une vague d'attentats ayant causé la mort de plus de 300 personnes servit de détonateur au lancement de la seconde guerre de Tchétchénie.
    « Les terroristes seront combattus jusqu'à leur destruction totale », a promis le président Vladimir Poutine dans son discours du Nouvel an, avant de se rendre à Volgograd au chevet des blessés. Le patriarcat de Moscou a dépêché deux prêtres munis de l'icône miraculeuse de la Vierge aux sept flèches, appelée « apaisement des coeurs en colère », tournoyer en hélicoptère au-dessus de la ville martyre durant des heures.

    Marina Kriguer, la porte-parole de la municipalité, a rappelé à la presse le 1er janvier que la méthode était celle de Staline. Au moment du siège de Stalingrad, à l'automne 1942, le Petit Père des peuples n'avait-il pas secrètement donné l'ordre à un aviateur de tourner en boucle au-dessus de la ville assiégée avec l'icône miraculeuse de la Vierge de Kazan ? Les circonvolutions aériennes de l'icône auraient, dit-on aujourd'hui, largement contribué à la victoire de l'URSS sur l'Allemagne nazie, laquelle eut pour prélude la reddition du maréchal allemand Friedrich Paulus, sorti d'un sous-sol de Stalingrad en ruines le 31 janvier 1943.

    L'heure est grave. Avec trois attentats-suicides en trois mois, la ville des bords de la Volga, majoritairement peuplée de Russes, est devenue une cible de la guérilla islamiste qui sévit au nord du Caucase, à plusieurs centaines de kilomètres de là. Le 21 octobre 2013, une jeune Daghestanaise, Naïda Assialova, 31 ans, déclenchait sa ceinture d'explosifs dans un bus bondé qui faisait une halte à Volgograd avant de filer vers Moscou, causant la mort de 6 personnes.

    Le 29 décembre, un kamikaze faisait exploser sa bombe à la gare de Volgograd, un des endroits les plus surveillés en ville. Moins de vingt-quatre heures plus tard, une autre bombe explosait en pleine heure d'affluence au travail dans un trolleybus qui traversait le quartier Dzerjinski, à 2 km de la gare. Non revendiqués, ces attentats portent, selon les enquêteurs et les experts, la signature de l'Emirat du Caucase, un groupuscule islamiste extrémiste créé en 2007. Son chef, Dokou Oumarov, semble hors d'atteinte des services russes.

    DES LARMES ET DU SANG

    En juillet 2013, ce barbu à l'élocution pâteuse, friand de fatwas lancées sur YouTube depuis une cachette dans la forêt caucasienne, avait promis des larmes et du sang en riposte à la tenue des Jeux olympiques à Sotchi – du 7 au 23 février –, le projet phare de Vladimir Poutine pour marquer le retour de la puissance russe.

    Selon les enquêteurs, le porteur de la bombe qui a fait 17 morts à la gare le 29 décembre est un certain Pavel Petchionkine, un Tatar qui travailla quelque temps comme infirmier avant de rejoindre en 2013 la rébellion islamiste au Daghestan. Ses parents avaient lancé à plusieurs reprises des appels publics, le suppliant de rentrer à la maison. Une réponse en vidéo postée le 24 mars 2013 sur YouTube montre Pavel, un petit chapeau musulman kaki sur la tête, expliquer qu'il fera tout pour « contenter Allah » et « mériter le paradis » mais qu'il ne reviendra pas chez lui.

    Les parents de Dmitri Sokolov, un Russe de 21 ans converti à l'islam et recruté par la rébellion dans la foulée, avaient eux aussi lancé des SOS pour récupérer leur fils, en vain. Devenu spécialiste en explosifs, Dmitri aurait, selon les services russes, formé la porteuse de bombe de l'autobus de Volgograd, Naïda Assialova, une ancienne camarade de faculté qu'il avait épousée. Il a été tué dans une opération spéciale des services au Daghestan, en novembre 2013. Ces détails biographiques confirment le fait que l'Emirat du Caucase a essaimé loin de sa région d'origine. Des cellules ont vu le jour au Tatarstan, région turcophone et musulmane à 797 km à l'est de Moscou, et tout le long de la Volga, dans l'Oural et en Sibérie occidentale.

    « Le nord du Caucase est représenté le plus souvent comme le foyer du radicalisme islamiste en Russie. Tant que la situation religieuse et politique était relativement stable dans les autres régions de la fédération, l'impact de l'islam passait inaperçu », souligne le chercheur Alexeï Malachenko, du centre Carnegie à Moscou, dans une étude publiée en février 2013 (The Dynamics of Russian Islam, Carnegie Moscow Center). Selon lui, la région de la Volga, avec ses populations musulmanes, était jusqu'ici comme « un îlot d'islam dans la vaste mer orthodoxe ». Ces dernières années, la situation a changé, « les bouleversements démographiques ainsi que le flux migratoire des musulmans d'Asie centrale vers l'Oural, la région de la Volga et la Sibérie occidentale ont relié cet îlot au continent centre-asiatique majoritairement musulman »

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