Annonce

Réduire
Aucune annonce.

MAROC: Nouvelle alerte sur la croissance Au mieux 2,7% en 2014

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • MAROC: Nouvelle alerte sur la croissance Au mieux 2,7% en 2014

    LA révision des prévisions du Centre marocain de conjoncture (CMC) est un nouveau warning sur la croissance économique. Pour le centre, celle-ci ne devrait pas dépasser 2,7% en termes réels en 2014, soit deux points en dessous du niveau de 2013 (4,8%). La projection du CMC rejoint celle du Haut Commissariat au plan qui avait lancé une première alerte l'été dernier avec une prévision de croissance de 2,5%. Le gouvernement, lui, est beaucoup plus optimiste en ayant élaboré la loi de Finances sur la base d'une croissance de 4,2%.

    Les conjoncturistes du CMC justifient ce coup de froid par la menace que fait peser le déficit pluviométrique sur la campagne agricole: «L'impact de l'aléa climatique qui reste encore déterminant pour une bonne part des activités de production et de demande ne pourra être que très faiblement atténué par le redressement attendu de certains segments de l'activité économique».

    Les estimations les plus optimistes concluent à une contraction de 20% de la production des principales céréales par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Pour les ménages et les entreprises, c'est une mauvaise nouvelle. Une campagne céréalière modeste signifie moins de revenus et donc moins de consommation qui, avec l'investissement public, restent les deux moteurs essentiels du PIB, rappelle le Pr Habib El Malki, président du Centre marocain de conjoncture.

    La consommation des ménages devrait s'accroître de 3,7% en termes réels, en retrait de 0,2 point comparée à 2013. Même tendance pour l'investissement dont le volume global marquerait une évolution (toute modeste) de 2,6% en valeur réelle.

    Il ne faudrait pas non plus trop compter sur une forte remontée de la demande adressée au Maroc, la plupart des économies des partenaires européens étant encore dans une configuration de croissance trop molle.

    Ces pays en sont encore à digérer les mesures d'assainissement de leurs comptes publics dans un contexte de remontée de chômage. La hausse des exportations (en valeur réelle) s'établirait à 2,1%, projette le Centre marocain de conjoncture.

    Au regard de tous ces éléments, observe le président du CMC, «les hypothèses sur lesquelles le gouvernement a bâti le budget paraissent irréalistes et pourraient voler rapidement en éclats». Car une croissance molle, cela veut dire moins de rentrées d'impôt pour le Trésor et, in fine, un déficit plus élevé que prévu et probablement, un endettement public en hausse. L'objectif d'arriver à 5,5% du PIB serait alors difficilement atteignable.

    Au plan sectoriel, il faut s'attendre à ce que toutes les activités qui sont dans l'écosystème de l'agriculture subissent le contre-coup d'une moyenne, voire modeste campagne céréalière. Le CMC estime que la valeur ajoutée des activités primaires devrait subir une régression de 4,5% en termes réels, soit un décrochage d'un peu plus de 20 points par rapport à 2013!

    L'industrie s'en sortirait un tout petit peu mieux en s'appuyant sur une reprise de la demande. Le secteur industriel devrait enregistrer une croissance de 2,1% cette année, soit 0,6 point de plus par rapport à 2013.

    La «météo» devrait s'améliorer aussi pour le BTP qui reste sur un exercice particulièrement difficile marqué par une cascade de faillites, un recul spectaculaire des ventes de ciment et des mises en chantier dans l'immobilier. Les principales branches du secteur amorceraient une reprise en 2014 même si le début de l'année resterait timide, prédit le Centre marocain de conjoncture.

    Le scénario prévisionnel anticipe un rythme de croissance moyen de 3,5% du secteur. C'est plus de deux fois et demie celui de 2013 (1,3%), même s'il faut tempérer car il s'agit plus d'un effet de rattrapage. Les activités commerciales et les services resteraient dynamiques avec une progression moyenne attendue de 4,3%.

    El Malki: Attention aux politiques conventionnelles!
    COMMENT expliquer que la croissance du PIB soit encore si dépendante de la pluviométrie malgré la mise en oeuvre des plans sectoriels (Emergence, Maroc Vert, Halieutis)? Parce qu'il n'y a pas de stratégie d'ensemble, tranche Habib El Malki, président du Centre marocain de conjoncture.

    Ces politiques sont encore trop segmentées sans coordination les unes par rapport aux autres, constate-t-il. Pour y arriver, il faut asseoir une base industrielle locale, c'est le seul levier structurel pour recomposer le PIB. Sur ce point, c'est aussi la personnalité USFP qui s'exprime. Le même grief revenait aussi lorsque ce parti était au gouvernement avec l'Istiqlal sous Abbas El Fassi.

    Pour le Pr El Malki, les causes de la contraction de la croissance cette année, il faut les chercher dans la tentation de dupliquer les politiques conventionnelles (l'austérité) appliquées dans les pays développés qui n'ont pas les mêmes préoccupations que les nôtres». Couper dans les dépenses d'investissement public est une erreur, cela ne peut qu'affaiblir l'économie.

    Regardez, dit-il, presque admiratif, ce que font les Etats-Unis. Le gouvernement fédéral avec la Fed n'ont pas hésité à soutenir l'économie en pariant sur la croissance. Résultat, l'économie américaine est dans une bien meilleure situation que la zone euro.


    L'Economiste-Maroc 10 - 01 - 2014.


    .
Chargement...
X